Après quelques hésitations du matin sur l’opportunité d’aller
voler compte tenu des prévis peu encourageantes, mais qui concernaient quand
même une journée de vol libre qui pourrait être la dernière de la saison,
motivé au téléphone par Michel, mon fidèle et dévoué pilote remorqueur, j’ai
décidé d’aller tenter ma chance à Egry.
Bien
m’en a pris, car, comme on peut s’y attendre après le passage d’une
perturbation, le ciel était bien garni en cumulus, notamment le ciel en
Gâtinais, même s’ils n’étaient pas encore très hauts. On a décollé peu avant 14
heures, après le traditionnel vol préalable en ulm de Michel qui en a profité
pour aller sonder la base de nuages. Comme celle-ci était en dessous de 1000 m,
il m’a proposé de me remorquer au-dessus de la couche nuageuse... ouah ! Pour
un vol que j’envisageais en local, c’était génial d’aller flirter au-dessus de
cette mer de coton paisible et silencieuse. Largage avant le sommet du nuage
visé, car, à mes yeux, nous étions sur le point de pénétrer dans la partie
« dégueulante », mais déjà voler le long des flans orientés au soleil
était fabuleux.
Finalement,
je suis parti en vol sur la campagne. Les conditions étaient relativement
bonnes, malgré un plafond pas très haut (1050 m QNH, s’élevant jusqu’à 1400 m
QNH comme prévu sur topmétéo). Il y a eu quelques points bas, sans grande
inquiétude pour trouver un thermique, car la masse d’air était bien convective.
Il fallait quand même cerner les zones au sol de meilleur contraste thermique,
et curieusement, même en début d’après-midi, elles étaient souvent au-dessus
des bosquets. Le vent en altitude du NNO n’était pas très fort, et il a faibli
au cours de la journée. Souhaitant éviter les zones militaires au nord d’Avord,
j’ai suivi une route vers le SE, voire ESE.
Le
ciel était clair et sa luminosité était très belle. J’ai survolé des paysages
vraiment magnifiques de bosquets, de collines, de cours d’eau sinueux, de
pâturages et de petits champs bordés de haies, voire parfois avec un étang.
Rien que pour voir tout ça, c’était splendide de voler libre sur la campagne,
avec les aléas inhérents de la récupe... J’ai vu aussi fréquemment des oiseaux
de proie (je les appelle par défaut des « buses ») qui volaient seuls
ou en groupe et qui me balisaient les pompes (c’est-à-dire qui me permettaient
de mieux les centrer), et qui fuyaient (sauf un) lorsque nous nous rapprochions
trop près à leurs yeux.
Je
me suis posé à Courson-les-Carrières (au SSE d’Auxerre), après 3h30 environ de
vol. Le soleil était au ras de l’horizon lorsque j’avais terminé de remplier
mon aile dans une petite clairière à la lisière d’une forêt à côté du champ (de
terre plutôt collante, à cause des pluies de la veille...) où je me suis posé.
Donc je devais envisager de faire du stop la nuit... Au bout de trois
tentatives infructueuses, j’ai carrément intercepté un véhicule sur la route en
faisant des grands gestes. Le conducteur, qui s’est arrêté parce qu’il croyait
à un accident, ramenait son fiston en garde alternée chez sa mère. Après avoir
entendu mes explications sur la manière dont je suis arrivé dans le secteur,
comme il habite à Auxerre, il m’a tout bonnement emmené jusqu’à la gare (un
morceau de chance), où j’ai pu attraper le dernier TER vers Paris avec un
changement à Laroche-Migenne. Mais ce n’est pas fini. Le train, qui a rencontré
des difficultés de circulation, a eu une heure de retard en arrivant à Paris
vers 23h20, ce qui interdisait mon retour à domicile par le RER C dont la ligne
est en travaux nocturnes jusqu’à la fin de l’année (dernier train vers 23h)...
Bus de substitution direct vers Brétigny, mais bouchons monstres à minuit sur
la A6 en direction de la province, car elle est fermée le soir à la hauteur de
Massy / Wissous probablement pour travaux... Bref, arrivé enfin au logis à 1
heure du matin... Trop tard pour dormir décemment avant de me lever tôt pour
attraper le bus de 7h40 à Etampes vers Pithiviers, j’ai décidé de prendre le
suivant à 11h, ce qui m’a laissé le loisir de donner quelques nouvelles à
Michel par email avant d’aller au dodo. Pour plaisanter, sachant qu’il n’avait
pas prévu de retourner au terrain le lendemain, j’ai terminé mon message avec
la phrase : « Si d’aventure, tu retournes à Egry aujourd’hui, téléphone moi
(avant 10h15 et après 9h30) pour m’emmener avec ! Merci pour le
remorqué. » Appel de Michel à 9h40 : « Salut Fred, je t’emmène
! ». « Ah bon, super ! ». Mon message nocturne l’avait
suffisamment enthousiasmé pour lui donner envie de voler à nouveau, et comme la
journée du mercredi 4 octobre s’annonçait belle et douce (mais sans
cumulus), il a décidé de retourner à Egry. C’est génial, il ne faut jamais
douter de rien, il faut toujours s’attendre au meilleur ! Trajet paisible
et ensoleillé à travers les jolies campagnes du Gâtinais et de l’Yonne pour
récupérer mon aile et rentrer au logis.
Au cours de mon vol, j’ai parcouru
environ 110 km : Egry aéro - Boësses - Beaune-la-Rolande -
Courson-les-Carrières. Un gros bug s’est produit dans mon GPS, rendant la trace
du vol illisible sur le GPS et non déchargeable sur mon ordi. Un peu d’humidité
s’était insérée dans le boîtier, avant et pendant mon vol, ce qui a dû semer la
pagaille dans ce système à haute impédance. Le GPS fonctionne à nouveau
normalement après l’avoir chauffé un peu sur le radiateur et après avoir fermé correctement
l’accès à la prise externe avec le capuchon en caoutchouc. Des actions ont été entreprises pour tenter de récupérer les éventuelles données non corrompues de la trace de ce vol. Enfin, du côté des
parapentistes, les cadors de la plaine s’étaient donnés RdV sur un petit site
au sud-ouest de Béthune, et ils ont parcouru entre 100 et 140 km vers le
sud-est en quatre heures, en évoluant sous les zones aériennes.
F L