mercredi 31 juillet 2019

Nouveau gag en vol libre


Dans la série des déconvenues et des gags en vol libre, la semaine de fin juillet début août 2019 a été plutôt riche.

Mercredi 31 juillet. Une belle journée avec du vent, des cumulus et des hauts plafonds se profile sur les sites des prévis. Super ! Certainement une nouvelle occasion pour tenter un vol de distance sur la campagne. Le vent prévu étant autour de 18 - 20 km/h de secteur ouest ou OSO, je sollicite William, qui est disponible, pour décoller au terrain de Saint Benoît, car la piste étant orientée NE-SO et étant aussi plus large que celle d’Egry, on pourra décoller quasiment face au vent.

Sur place, je retrouve Jean-Pierre, venu effectuer son vol du mois avant la fin du mois. Sauf que vers midi, le ciel est bien bouché, à se demander si on ne s’est pas trompé de journée. Finalement, on décide de déplier nos ailes, en espérant que le ciel se dégage dans l’après-midi. Le vent devant également se renforcer, il vaut mieux ne pas décoller trop tard, pour éviter des mauvaises surprises.

Vers 13h30, le ciel se dégage enfin, tandis que les cumulus se mettent en place. Le vent souffle gentiment, parfois quelques rafales dues aux thermiques, mais rien d’alarmant. Je décolle le premier vers 14 heures (sur le chariot, pour me préserver d’une éventuelle rupture intempestive du fusible de la ligne, même si le vent est suffisant pour décoller à pied). Nous sommes à peine en l’air, vers 80 m sol, qu’on se prend une bourrasque à rompre le fusible... Aussitôt, je tente d’enrouler le thermique, qui est tout de même étroit, mon vario oscillant entre + 3 m/s et - 3 m/s. Globalement, mon aile descend, et à 70 m sol, je décide qu’il est préférable d’aller atterrir, tant qu’il est encore temps de le faire dans une relative sécurité.

William continue son chemin pour prendre plus de hauteur et faire son tour de piste normalement. Mais au‑dessus de la Loire, il a apparemment croisé un violent cisaillement qui a basculé son ulm quasiment sur la tranche. William n’a pas apprécié. On le voit faire sa finale à toute vitesse (110 km/h, pour garder le contrôle de son appareil même dans les fortes turbulences), il largue la ligne sur le terrain et rentre directement son ulm au hangar. C’est terminé pour la journée ! On attend encre une demi-heure, mais le vent se renforçant légèrement, c’est peine perdue.

Pendant ce temps, les cumulus haut perchés s’alignent dans le ciel... Des parapentistes ont décollés ce jour là d’un site à mi-chemin entre Sens et Auxerre. L’un d’entre eux, un excellent pilote, a parcouru 333 km avant d’atterrir au nord de Strasbourg !! Ah oui, la journée a été excellente, la performance de ce pilote ayant permis d’en révéler tout le potentiel.



L’occasion de se rattraper se présente deux jours plus tard, le vendredi 2 août, en Normandie. Les prévis indiquent que les conditions seront les meilleures dans une région couvrant le Calvados jusqu’au sud de la Loire. Cependant le vent sera faible, du secteur nord à nord-ouest. Le jeudi 1er, j’appelle Patrice pour lui demander s’il serait disponible pour me remorquer le lendemain en milieu de journée à la base ulm de Clécy. Il accepte, c’est super ! Au cours de mon trajet le vendredi matin, il me propose de se retrouver au Mont du Père, juste à côté de Saint Omer, car le vent souffle quasiment dans l’axe de la piste, et je décollerai alors à pied.

Objection de ma part, car le vent étant faible, je préfère décoller sur le chariot à Clécy, même s’il est un peu de travers. Je lui rappelle que cela me préservera des éventuelles ruptures de fusible (ou de la ligne) au décollage si je le fais à pied. Car mon aile est lourde (48 kg au décollage), et qu’avant de voler, il faut déjà accélérer l’ensemble aile + pilote. Par ailleurs, avec un genou fragile, je ne peux pas beaucoup courir avec l’aile sur les épaules, et je dois être en l’air impérativement au bout de trois ou quatre pas. La tension sur le fusible est alors très forte à ce moment, même s’il est bref, et peut provoquer sa rupture, ce qu’il vaut mieux éviter.

Objection bien reçue par Patrice, il est d’accord. On se retrouve vers midi au terrain ulm de Clécy. En fait, ce terrain est un ancien terrain d’aviation qui a été racheté par une entreprise de golf, qui en a fait un parcours de golf, à l’exception du sommet de la colline qui a été laissé en friche, et qui est prêté ou loué à un agriculteur et à un pilote d’ulm, Patrice. L’aire de décollage est donc une grande bande d’herbe orientée est-ouest, 600 à 700 m de long, 100 m de large, entourée d’arbres au sommet d’une colline, qui est donc soumise à des rouleaux de turbulence lorsque que le vent souffle, notamment lorsqu’il est de travers. Mais aujourd’hui, le vent est faible, donc on n’aura pas ce problème. Au milieu de cette étendue, un chemin parfaitement damé constitue la piste en elle-même. Françoise, la femme de Patrice, nous rejoint pour dire bonjour et voir à quoi ressemble un Atos VR.




Le terrain ulm de Clécy avant le démarrage des opérations. Outre les objets volants et roulants déjà connus, cela donne une idée de la nature du terrain et de la couverture nuageuse du jour.


Une fois mon aile prête à voler, l’ulm préparé, et le chariot monté, je me rends compte que mon aile ne rentre pas sur le chariot... En posant la barre de contrôle sur les encoches des supports en bois les plus éloignées de l’axe de roues du chariot, le support de la quille, qui est trop près, appuie sur les câbles inférieurs... J’avance donc un peu mon aile, en posant la barre sur les encoches plus proches des roues, et ça passe. Poser la barre de contrôle de l’aile trop près des roues est à éviter, car au roulage, on peut alors passer plus facilement « par-dessus » le chariot alors que l’aile ne vole pas encore... Mais la piste est propre, exempte de bosses, et les roues du chariot ont un grand diamètre, donc le risque est minime. Sauf que ce chariot n’a été conçu que pour recevoir des ailes dont la barre de contrôle est ronde, et les encoches sont trop étroites pour recevoir la barre de contrôle de mon aile... On part à la recherche d’une scie pour élargir les encoches... A l’aide d’une scie à métaux qu’on a pu heureusement trouver dans le hangar, Patrice élargit les encoches de son chariot, juste assez pour que la barre de contrôle de mon aile soit calée un minimum.

Finalement, on est prêt à décoller vers 14 heures. Le ciel, qui s’est bien chargé vers midi, laisse apercevoir des bases des nuages suffisamment sombres pour laisser supposer que l’activité thermique est bonne. Première tentative de décollage après avoir tout bien vérifié. Au bout de quelques mètres de roulage, la ligne casse au niveau de l’ulm... Je ne me suis pas privé de dire à Françoise, qui maintenait, à la demande de son mari, le bout de mon aile pour qu’elle reste horizontale, puis à Patrice, que heureusement j’étais sur le chariot ! Car si j’avais décollé à pied, même si nous étions au Mont du Père, avec ce vent faible, mon aile se serait effondrée sous son poids augmenté du mien, ce qui aurait très certainement provoqué le pliage des fusibles des montants, et cela aurait été terminé pour la journée ! Il s’avère que la cause de la rupture de la ligne est simplement une mauvaise fixation du bout de la ligne dans le système d’accrochage sur l’ulm, que je connais bien puisque c’est le même que celui sur l’ulm d’Egry... ce qui ne manque pas de me laisser un brin d’étonnement.

Seconde tentative de décollage. Tout est bien accroché, vérifié, on y va ! Quelques secondes après le décollage, je me rends compte que j’ai du mal à piloter mon aile et à basculer en position couchée dans mon harnais. Un coup d’oeil vers le bas me révèle l’invraisemblable. Horreur !!! Le chariot est accroché sous mon harnais, je vole avec le chariot qui est resté accroché à mon harnais !!! Gloups !!! Comment faire pour enlever la boucle qui s’est prise dans un écrou papillon ?? Tant que je suis remorqué, ça chahute, mais je peux peut-être d’une main arriver à saisir et à soulever la barre métallique pour libérer la boucle, tout en pilotant mon aile tant bien que mal avec l’autre main. Mais les écarts de trajectoire, avec la masse accrue et la traînée accrue, ont vite raison du malheureux fusible, qui casse. Patrice était par ailleurs lui aussi sur le point de larguer, car voyant les arbres en bout de piste se rapprocher sans vraiment prendre de l’altitude, il arrivait à un point où il devait penser à se préserver. Heureusement que le fusible a cassé avant qu’il ne largue la ligne, car je me serais en plus retrouvé avec une ligne qui pend par devant la barre de contrôle... le cocktail délétère que j’ai déjà expérimenté il y a neuf ans.

En cet instant, je suis à 20 ou 30 m du sol, je peux oublier ma première action envisagée, car je vais devoir très bientôt atterrir avec un chariot collé aux fesses... Pendant une ou deux secondes, j’accepte cet état de fait, avec un grand sentiment d’impuissance. Et puis, dans un dernier geste, comme si c’était un geste ultime de désespoir, j’envoie un grand coup de pied vers le bas sur la barre de ce p... de chariot. En une fraction de seconde, cela a pour effet d’arracher la patte sur mon harnais qui retenait la ficelle, dont l’extrémité, qui est munie d’une petite boule de saisie, a eu le bon goût de ne pas se coincer dans l’écrou papillon du chariot. Le chariot tombe et se fracasse au sol. Maintenant je peux atterrir dans des conditions plus orthodoxes et aussi plus saines. Mais dans l’urgence de devoir reprendre le pilotage de l’aile près du sol, je n’ai pas pensé ou pas eu le temps de régler correctement les volets, ce qui entraîne une vitesse d’approche trop élevée, d’autant plus que le vent est faible. J’ai terminé mon atterro sur le ventre, au milieu de ronces qui poussaient dans l’herbe... Mon aile est intacte, et à part quelques traces laissées par l’accueil des ronces, je n’ai aucune blessure. Ouf !!! L’accident n’est vraiment pas passé loin, et je remercie vivement la Providence de m’en être sorti indemne.

Mais alors, que s’est-il passé ??!

Sur tous les harnais de delta, il y a, d’un côté, une ficelle qui sert à remonter la fermeture éclair du harnais en partant des pieds, cette ficelle étant munie d’un élastique qui la tire dans le harnais pour éviter de la laisser pendre en vol, et de l’autre côté, une autre ficelle qui permet d’ouvrir le harnais pour sortir les jambes avant d’atterrir. Quand le harnais est fermé, la seconde ficelle est tirée naturellement dans le harnais puisque le zip de la fermeture est situé au niveau du ventre. Quand le harnais est ouvert, le zip de fermeture est près des pieds, et la seconde ficelle sort du harnais, sur une longueur environ égale à celle des jambes. Pour éviter qu’elle n’entrave quoi que ce soit au sol, des pattes ou des bandes velcros sont cousues sur le harnais pour la retenir. Les moyens diffèrent suivant les modèles de harnais mais le principe reste le même. Sur mon harnais, qui est ancien (je l’ai acheté d’occasion en 1996, et c’est le seul modèle qui me convient), une patte est simplement cousue au-dessus de la sortie du guide de la seconde ficelle. Pour éviter qu’elle traîne par terre ou gène un décollage à pied ou simplement l’action de marcher avec le harnais, j’ai l’habitude de laisser son extrémité juste au-dessus de la patte, tout en tirant le reste en dehors du guide. Entre le guide à l’intérieur du harnais, et la patte cousue au-dessus de la sortie du guide, la seconde ficelle forme donc une boucle, qui pend à l’extérieur du harnais mais qui ne me gène pas en marchant. Par ailleurs, depuis 16 ans que je pratique le décollage en remorqué sur un chariot, cette boucle ne m’a jamais posé aucun problème, car tous les chariots que j’ai utilisés sont construits avec des tubes parfaitement lisses à l’avant, sur lesquels les supports en bois peuvent coulisser librement, et qui ne présentent aucun point d’accrochage. Jusqu’à aujourd’hui.

Le chariot de Patrice est un chariot qu’il a conçu et fabriqué lui-même, en privilégiant la possibilité de le démonter et de le remonter rapidement au cours des nombreux déplacements de vol libre qu’il a réalisés dans le passé. A cet effet, les deux parties latérales sont courbées à l’avant et viennent s’emmancher dans un tube central, des vis avec des écrous papillons placées de chaque côté dans des trous perpendiculaires aux tubes assurant la fixation correcte des deux jonctions. Les écrous papillons sont placés naturellement en dessous des tubes, pour éviter de créer un point d’achoppement par le dessus du chariot. Ce montage ne m’a pas du tout inquiété, bien que je fusse néanmoins étonné, sans le dire à Patrice, de la grosseur des papillons. Donc on a déjà chacun une faille dans notre équipement, qui, tant qu’elle restait éloignée de l’autre, n’a jamais occasionné aucun risque d’accident.

Ensuite, lors du roulage avant de décoller, le chariot s’est curieusement déporté vers la droite, m’obligeant à « appuyer » à droite avant de « déjauger » l’aile. Quand la barre de contrôle a quitté le support en bois du chariot, mon aile s’est à nouveau déportée vers la droite du chariot, et l’évènement improbable que la boucle sous mon harnais vienne fouetter la barre avant du chariot juste à l’endroit où est situé l’écrou papillon en dessous s’est réalisé...

Après avoir récupéré mes esprits, repassé le film immédiatement et bien compris ce qui s’est passé, l’émotion est bien retombée et l’apaisement est revenu naturellement. Avant de replier mon aile, j’ai pris la peine d’aller voir Patrice dans le hangar qui tentait avec Françoise de redresser le chariot, pour lui donner un coup de main et aussi pour me faire une idée son état émotionnel. Il est clair que cet épisode ne lui a pas plu du tout, lui qui était déjà réticent à l’idée décoller avec le chariot. Il s’en voulait d’avoir cédé à mon objection. Dans le passé, il a vu apparemment tellement de « gags » dans des compétitions lorsque les pilotes décollaient en chariot, que cela l’a rendu très méfiant quant à l’utilisation de ce moyen, préférant de loin le décollage à pied. Mais d’un autre côté, si nous étions au Mont du Père avec le bout de la ligne qui sort de son logement dans la fixation sur l’ulm juste après le décollage, l’incident ne m’aurait laissé aucune chance.

Je lui ai dit que pour moi, l’émotion est passée, le problème est derrière, et que si nous arrivons à redresser le chariot, et si lui veut bien me remorquer à nouveau, pour ma part, je suis prêt à redécoller. Mais en examinant le chariot de plus près, je me suis rendu compte qu’il est sacrément endommagé, et qu’il ne faut surtout pas le réutiliser en l’état. Par ailleurs, Patrice semble avoir encore besoin d’un peu de temps pour retrouver son calme. Donc c’est cuit pour aujourd’hui, je n’ai plus qu’à retourner à mon aile pour la replier. Revenu me voir avec Françoise en attendant de quitter ensemble le terrain (qui est privé et fermé par une grille), Patrice en a profité pour voir mon harnais, et il a bien compris que la présence de la boucle de la seconde ficelle n’est pas anormale, bien que j’eusse pu aussi me débrouiller pour fixer son extrémité ailleurs, par exemple à l’épaule, pour tendre la ficelle et éviter qu’elle ne forme une boucle sous le harnais. Il me propose de se retrouver en fin d’après midi sur le site de Saint Marc d’Ouilly, non loin de la base ulm, car la brise de mer doit rentrer à l’intérieur des terres, offrant des conditions favorables pour voler en delta. Comme il ne reste plus que cette solution pour aller voler, j’accepte volontiers.

Le site est orienté NNE, le vent moyen souffle du nord avec des rafales au NNO. Sur place, des parapentes sont en l’air, mais ils ne sont pas très hauts, ce qui n’est pas très encourageant. Pendant l’après-midi, le ciel s’est largement éclairci, et la brise de mer semble annihiler la convection, car au nord, on ne voit plus aucun cumulus au-delà d’une ligne très nette qui progresse vers le sud. Pour Patrice, c’est tout bon, et le voyant déplier son aile sans perdre de temps, je lui emboîte le pas allègrement. Après m’avoir expliqué les coins où ça pompe et où se poser au sommet (je n’ai pas volé sur ce site depuis mai 2004, où j’avais fait un plouf lamentable de l’autre côté de l’Orne), Patrice s’élance, et comme prévu, ça tient !

Finalement, j’ai volé 1h42 entre 18h24 et 20h06, m’élevant régulièrement bien au-dessus des parapentes (max 565 m au-dessus du déco, soit 754 m QNH). C’était génial ! Patrice, qui a atterri et replié son aile bien avant moi, a pris la peine d’attendre que je sois posé (au sommet) pour venir me saluer et continuer à discuter sur le vol libre. Avant de le remercier vivement de m’avoir motivé pour voler sur ce site, j’ai quand même insisté à nouveau sur tous les avantages du décollage en remorqué sur un chariot, pour autant que celui-ci soit correct et épuré de toute imperfection. La soirée s’est terminée en beauté chez des amis de longue date qui vivent près de Caen.

Deux parapentes ont volé sur la campagne aujourd’hui au départ de Saint Marc d’Ouilly. La distance maximale a été de 90 km, mais ils n’ont décollé qu’à 15h30. Si décoller tôt en rigide avait été possible, sans aucun incident, atteindre la Loire aurait été jouable, voire peut-être aller jusqu’à Poitiers (250 km), mais ce sera pour une autre aventure !

Frédéric

lundi 22 juillet 2019

Le pouf, la cornemuse et les épines

Ce lundi 22 juillet quoi de mieux pour fuir la canicule que le bord de mer du Bessin :  au lieu des 32 degrés au cœur du Pays d'Auge, il y règne une agréable fraîcheur de 22°C. Le vent est prévu de monter graduellement de 10 km/h à 15-18 km/h à Tracy sur mer, le seul problème est de savoir quand va secproduire cette agréable transition : 15h, 18h, ou 21h?

Pourquoi le pouf, à ne pas confondre avec un plouf ? Parce que le premier atterrissage au sommet perturbé par un rouleau, sera efficacement amorti par l'air bag. Pourquoi les épines ? Parce qu'après un second atterrissage au sommet, incitant à redécoller - mais il aurai mieux en valu en rester là - le troisième atterrissage réussi jusqu'au posé des pieds des pilotes  donnera lieu à une magnifique descente de la voile sur un vilain bosquet de ronces. Fort heureusement pour le pilote, qui est également le monteur du film, ces deux contrariétés ne se retrouvent pas dans la vidéo.

Le vent de secteur légèrement plus est que l'orientation de face à Tracy, a permis la ballade jusqu'à Port en Bessin. La transition vers les reliefs de l'autre côté de Port en Bessin, ouvrant la voie vers la pointe du Hoc, semblerait plus facile que la traversée d'Arromanche, mais rien n'a été tenté car la mer était encore haute. La ballade au retour s'est payée d'un point très bas juste après le passage devant le site de Commes.



Quant à la cornemuse ? : rien de mieux pour profiter d'un concert de cornemuse que la vue aérienne confortablement installé dans une sellette de parapente, en revanche pour profiter de la musique c'est une autre histoire (au moins j'espère ne pas être inquiété pour publication d'un musique non libre de droits d'auteurs)



BdlB

dimanche 21 juillet 2019

Bricolage et vol agité aux Noyers


bonjour à tous

Une journée de bricolage et de mise au point ce dimanche aux Noyers..

Un vol matinal de Louis, et un tour de piste pour moi à midi, je pensais que cela serait plus calme.. Enfin aucune bête n'a été blessée, et les machines sont presque prêtes à voler prochainement.

Cela ressemble au vaisseau lunaire de la mission Apollo. En fait il s'agit de la magnifique remorque de L'Alizé de Louis


Sarho s'est réservé la place à l'ombre

Jean explique :  "Il s'agit de l'aile sous laquelle sera attaché mon Mosquito. le Pulma est prêt pour son accouplement avec le Mosquito à condition que je trouve de quoi m'accrocher avec 15 cm de moins. Mes moyeux d'hélice bois ont été repris à 25 mm afin que je me contente de casser l'hélice à 95€ pièce au  lieu de celle en carbone repliable introuvable à 400 €.
Nous avons aussi vu que mon largueur était prêt à fonctionner sur mon nouveau harnais...reste a valider la hauteur d'accrochage de mon nouveau harnais sur l'Atos en vue du remorquage....on avance."



          

Qui a choisi imprudemment de voler à midi ? La réponse est dans la vidéo :


Gérard Jean Louis et Sarho

mercredi 17 juillet 2019

Au plafond dans le Gâtinais

A peine remis de ma virée dans la Creuse, une nouvelle journée fumante, annoncée avec des plafonds très élevés dans le Gâtinais, avait attiré mon attention. J’avais alors sollicité Michel pour me remorquer, juste en lui laissant un message sur son portable. Le mardi 16 en fin d’après-midi, les prévis ont évolué en annonçant la présence d’un voile épais de cirrus pour le lendemain. Cela m’a un peu refroidi car je connais bien, pour l’avoir expérimenté plusieurs fois, l’effet délétère des cirrus sur la convection. Donc ma motivation n’était plus du tout optimale. Entre temps, Michel, qui était parti voler en ULM ce même jour et qui avait bien reçu mon premier message, a pris l’initiative de louer une chambre d’hôtel à Baune-la-Rolande pour pouvoir me remorquer le lendemain en s’épargnant un second aller-retour depuis son domicile. C’était très sympa de sa part. Quand le soir on a pu se parler de vive voix, il m’attendait déjà pour le lendemain, alors je n’ai pas pu faire autrement que d’y aller, bien que ce ne fût certes pas à contre cœur !

Finalement, le déplacement en valait bien la peine, car je suis monté à 2583 m max QNH. Hallucinant ! Mais le voile de cirrus s’est épaissi au cours de l’après-midi, à tel point que je ne voyais plus les cumulus quand j’étais dessous, car leur couleur était noyée dans celle des cirrus. Je m’en suis méfié et je suis resté dans le secteur. Trois heures de vol, un triangle de 82 km entre Méréville, Malesherbes, et Auxy. Pour une fois, je suis parti face au vent (environ 18 à 20 km/h ONO en altitude), histoire de voir les effets sur le comportement de mon aile, sachant que je disposais d’une altitude élevée pour avancer entre deux thermiques : j’ai mis une heure pour atteindre Pithiviers, puis une demi-heure de plus jusqu’à Méréville ! Retour plus rapide poussé par le vent, mais limité par la raréfaction et la faible puissance des thermiques (voile épais de cirrus oblige).

Juste au sud-est d’Auxy, à côté de la route vers Montargis, il y a eu un énorme « feu de chaume », comme j’en voyais dans le Berry lorsque je pratiquais le vol à voile à Bourges (dans les années 80). Sauf qu’il s’agissait d’un champ en cours de moissonnage. Une fois l’incendie éteint, en passant au-dessus du champ peu avant d’atterrir, on voyait que celui-ci était grand, il y avait une douzaine de véhicules de pompiers, et les trois quarts de la récolte sont partis en fumée... coup dur pour l’exploitant.

Michel (le propriétaire de la base ULM d’Egry), que j’ai croisé le soir devant le hangar, m’a expliqué les diverses causes d’incendie champêtre, et certains automobilistes inconscients n’y sont apparemment pas étrangers : les cannettes vides jetées dans le champ, qui passent dans la broyeuse de la moissonneuse, qui créent des étincelles, et enflamment la paille éjectée par la machine, à moins que ce soit une pierre mais c’est plus rare, ou encore des roulements fatigués et chauffants, entourés de poussière inflammable...

Les dimanche 21 et 28 juillet, deux nouvelles journées fumantes se sont présentées au nord de la Loire et dans la région Centre. Mais étant parti en vacances autres que pour le vol libre, j’ai laissé ces journées à ceux et celles qui ont pu en profiter.

A bientôt pour de prochains vols !

Frédéric

samedi 13 juillet 2019

La Creuse en 5h34

Une superbe météo pour le vol à voile et le vol libre s’est installée en IdF et dans le centre de la France, dévoilant un joli potentiel pour réaliser une distance sur la campagne. Mon seul pilote remorqueur disponible était Michel M, et cela tombait bien, car le vent étant de secteur nord, le mieux était encore de décoller le plus au nord dans le Loiret, au sud des TMA parisiennes, en l’occurrence à Egry. Le hic est que la veille, on est déjà parti à Octeville pour tenter de voler le long des falaises, et que la soirée au restaurant entre Michel et les autres deltistes s’est naturellement prolongée tardivement, occasionnant pour Michel un retour chez lui vers 3 heures du matin… Pour ma part, j’ai décliné l’invitation de me joindre à eux, privilégiant la nécessité d’être en forme pour profiter au mieux de la belle journée du lendemain.

Le ciel était pavé de cumulus dès 11 heures. J’avais demandé à Michel, qui était donc d’accord et enthousiaste pour me remorquer, qu’on décolle à midi. Il m’a dit le matin au téléphone qu’il ne serait pas au terrain avant midi. Il est arrivé vers 13 heures, et on a décollé vers 13h40... J’ai pris mon mal en patience…
   
Le ciel à Egry vers midi.


Des cumulus partout, vent au sol NNE faible, en altitude NNE 15 km/h au début du vol, et 20 km/h vers la fin de la journée. Compte tenu de la direction du vent, le plus naturel était de traverser la Sologne avant de profiter d’un ciel ouvert et des conditions certainement fumantes au-dessus du Berry et plus au sud encore. Pour autant que les zones militaires au-dessus de la Sologne fussent inactives. Un appel sans réponse au contrôle de la base aérienne d’Avord avant de décoller m’a suggéré que la voie était libre. Mais les zones étant activables à tout moment, et sans radio aviation pour communiquer avec le contrôleur aérien, un risque subsistait de me retrouver en infraction (même si personne ne s’en rendrait compte sauf le logiciel de la CFD qui analyse les traces des vols). Le plan B aurait été de contourner la Loire par le sud-est avant de poursuivre vers le Puy de Dôme. Ma petite voix m’a dit de ne pas m’inquiéter et de réaliser mon vol comme prévu initialement. Alors allons y gaiement !

La base des nuage à Egry était vers 1500 m (par rapport au déco), évoluant à 1800 m aux abords de la Loire, 1900 m au-dessus de la Sologne vers Salbris, puis 2000 m en arrivant au-dessus du Berry, 2100 m au sud de la grande forêt au sud d’Issoudun, 2265 m max au sud du département de l’Indre (2373 m QNH)... C’était formidable et exceptionnel !!

De nombreux planeurs circuitaient également dans la région, notamment au-dessus de la Sologne lorsque je les ai vus se suivre à la queue leu leu vers le nord-est en faisant la course (l’aérodrome d’Issoudun est apparu couvert de remorques blanches, certainement en raison d’un championnat), ce qui m’a conforté dans l’idée que les zones militaires autour d’Avord étaient bien inactives, et tant mieux !

Vierzon est à exactement 100 km d’Egry par la voie aérienne, que j’ai atteint au bout de 2h30 de vol, ce qui fait une moyenne honorable de 40 km/h. C’est quand même quelque chose de traverser la Sologne en delta, même par des conditions fumantes, en dépit de quelques étalements masquant l’ensoleillement au sol, car il vaut mieux ne pas devoir y atterrir, notamment dans la région quasiment entièrement boisée de Salbris. Sur mes cinq tentatives déjà réalisées auparavant, deux seulement l’ont été avec succès (dont une en août 2013 suivie d’un atterrissage dans le champ en face de la maison de campagne de la famille de ma compagne de l’époque, au sud-est d’Issoudun, et ils avaient été agréablement surpris de me voir !), et trois se sont soldées par un atterrissage de fortune dans une clairière coincée entre les arbres... sans dommage fort heureusement.

Une fois au-dessus du Berry, j’ai pu parcourir les 100 km suivants en un peu plus de deux heures, c’était l’euphorie ! Mais en arrivant aux portes de la Creuse, région au demeurant très jolie vue d’en haut (bocages, collines, bosquets, petits cours d’eau, fermes dispersées, hameaux), au-delà du lieu où j’ai pu gagner mon altitude maximale pour la journée, en précaution de ce que je voyais vers le sud, plus de cumulus, ils avaient tous disparu, c’était terminé. Ne pouvant atteindre une région plus vers le sud-est qui était encore couverte par quelques nuages, j’ai dû me contenter de ce que je trouvais sur place. Les thermiques purs que je réussissais à enrouler de ci de là au-dessus des bosquets ou des fermes étaient mous. Ma progression était revenue en mode « spirale poussée par le vent », comme au début d’un vol en fin de matinée.

Et puis le dernier thermique s’est envolé tandis que mon altitude diminuait de plus en plus, dans une région où le terrain s’élève de plus en plus, garnie de champs de petite taille et entourés de haies. Un morceau de chance, un immense champ d’herbe coupée qui me tendait les bras s’est présenté, à côté d’un petit château flanqué d’un petit étang avec des vaches autour. L’atterrissage idéal. Ce fut une fin de vol royale !
 
Quelque part dans la Creuse.

Une fois mon aile repliée et placée dans un fourré pour la laisser discrète, je suis parti à la découverte des lieux. L’accès au champ étant grand ouvert sur une route, aucun risque que des vaches ne viennent y paître pendant mon absence. Les entrées du château étaient bien fermées, difficile de m’y introduire pour aller prendre le thé avec les propriétaires. Seule une habitante d’une maison voisine a pu m’accueillir. Nous étions dans le hameau des « Ternes », à l’est de la commune de Pionnat. Un fermier voisin m’a confirmé que le champ d’herbe sur lequel j’ai atterri fait partie du château, qu’il est entretenu par ses soins, et que mon aile ne risque rien. A ma demande, il a accepté de me déposer au centre du village.

La suite de la récupe a été quelque peu éprouvante (la Creuse, c’est bien connu, c’est le désert !), mais de belles rencontres m’ont néanmoins permis d’avancer. Cela a commencé par quelques kilomètres de marche dans la direction supposée de Guéret. Parmi les rares véhicules qui passaient, personne ne s’est arrêté (entre de jeunes conductrices craintives et des voitures déjà pleines, on peut comprendre). J’ai donc eu l’occasion de traverser à pied la petite vallée de la rivière « la Creuse », qui est assez jolie. La nuit était quasiment tombée lorsqu’un ultime véhicule est arrivé. En désespoir de cause, j’ai fait de grands gestes pour que le conducteur daigne s’arrêter et que je puisse lui parler, et ça a marché. Seul, l’homme, qui allait justement à Guéret, a accepté de m’emmener et même de me déposer dans le secteur des hôtels. Je l’ai remercié vivement pour son aide, d’autant plus qu’on a parcouru une bonne douzaine de kilomètres…

Tous les hôtels étaient pleins, sauf le plus cher. J’avais le choix entre une chambre à cent euros ou passer la nuit dehors. A 23 heures, un tantinet fatigué, j’ai préféré ne pas ergoter et j’ai choisi la première option, qui était la bonne sans aucun regret. J’en ai profité pour mettre à contribution la personne de l’accueil, dont l’enthousiasme grandissait en écoutant mes histoires de vol libre, pour connaître, via le service internet de l’hôtel, les horaires des trains du lendemain en direction de Paris ou d’Orléans. C’est là qu’on voit que la Creuse, si prisée pour son calme, ses espaces naturels, et par les gens qui souhaitent se mettre « au vert », est un endroit passablement désert, car même dans la préfecture, qui regroupe environ quinze mille habitants, aucun transport en commun ne circulait le dimanche 14 juillet ! Il fallait se rendre à La Souterraine, à une trentaine de kilomètres à l’ouest, où le premier train vers Paris passait… à 14h30 !

La personne de l’accueil m’a également appris que la ville de Guéret dispose d’un aérodrome, au nord du village de Saint Laurent à l’est de Guéret, à quelques kilomètres à l’ouest de mon lieu d’atterrissage, et sur lequel j’aurais donc pu aller atterrir. Mais avec le soleil déclinant, s’il était facile en l’air de distinguer les agglomérations vers l’est et le sud-est, en revanche, au sud-ouest de ma route, je ne voyais que des grandes collines et c’est tout. Quant à apercevoir l’aérodrome sur la carte interactive SDVFR du smartphone que Jean m’a prêté, d’une part, l’appareil s’est naturellement éteint au bout de 5h20 de vol, et d’autre part, l’enregistrement et la visualisation de ma position sur la carte OACI se sont brutalement interrompus au bout d’une heure de vol, probablement en raison d’une erreur de manipulation en touchant l’écran pour le faire défiler. Alors l’appareil m’a servi simplement pour lire globalement la carte aéronautique en vol, notamment pour éviter les TMA d’Avord et de Bricy, guère plus.

Après une courte nuit en dentelles dans ma chambre confortable et luxueuse, j’étais en piste dès 7 heures sur les voies d’accès de la RN145 pour me rendre à La Souterraine en stop. Deux voitures m’ont rapidement conduit jusqu’à mi-chemin. Et puis plus rien. Entre les voitures qui roulaient à 110 km/h sur la voie rapide et qui ne s’arrêtaient pas, et celles qui empruntaient la voie d’accès sans s’arrêter non plus (plusieurs « dames » endimanchées qui se moquaient bien d’un autostoppeur de passage), il ne me restait plus que la marche pour parcourir les 17 km (indiqués sur un panneau) jusqu’à destination. Il était 8h30. Pour monter dans le train de 14h30, c’était jouable, j’avais de la marge, mais il ne fallait pas traîner.

Après seulement quelques centaines de mètres, un hangar jouxtant quelques maisons était ouvert avec une grosse voiture devant. En faisant le tour, j’ai trouvé le propriétaire du hangar et du véhicule. Après un échange cordial, je lui ai demandé gentiment s’il voulait bien m’avancer jusqu’au rond point suivant. L’homme était un artisan, on était dimanche, il avait envie de se reposer… Il m’a regardé et il a dit ok ! Naturellement, je me suis mis à causer durant le trajet, sur la vie dans le département, à propos de vol libre, et comme l’homme était curieux et intéressé, il m’a carrément conduit jusqu’à la gare de La Souterraine. C’était génial ! Bien entendu, je l’ai remercié vivement.

Le billet jusqu’à Orléans que je voulais acheter n’était en vente que sur internet. Et pour cause, c’était une promo à 15 euros, qu’on ne peut pas acheter au guichet de la gare. En revanche, il était possible d’imprimer le billet si je donnais à l’employée de la SNCF la référence de la transaction. N’ayant pas internet sous la main, je me suis débrouillé pour trouver internet… à distance ! En l’occurrence, un appel à mon paternel, qui était heureusement chez lui ce matin là, m’a permis de régler l’affaire. En comparant le prix de 60 euros pour l’hôtel au Mans le 21 juin dernier, augmenté du même tarif pour le TGV vers Paris le lendemain matin, on voit que le coût total de la formule hôtel + train ne varie finalement pas beaucoup, seule la répartition des dépenses a été modifiée !

A partir du terminus du tram à l’est d’Orléans, en quatre voitures, dont trois étaient conduites par des femmes à qui j’ai pu parler à un stop ou à un feu rouge, je fus rendu via Pithiviers directement à mon véhicule à 19 heures devant le hangar ULM à Egry. Compte tenu des pauses dodo indispensables sur la route (325 km pour redescendre chercher mon aile, récupérée à minuit, et 389 km pour remonter dans l’Essonne), je suis rentré au logis le lundi matin bien après le lever du soleil… Une journée de congé n’a pas été de trop pour laisser reposer le corps et les souvenirs qui se bousculaient !

Mon vol a duré 5h34 et j’ai parcouru 229 km sur la campagne. La trace du vol est disponible à l’adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20271016.


Merci à Michel de m’avoir remorqué malgré son retour nocturne chez lui. Sans lui, cette belle aventure aérienne n’aurait pas été possible. Ce fut une journée extraordinaire !

Frédéric
       
Porte Saint Jean à La Souterraine.      

Un joli coin tranquille dans la Sologne pour une pause dodo.



vendredi 12 juillet 2019

Même pas peur

Les prévis s’annonçaient bonnes, quoi qu’un peu limite basse, pour aller voler en bord de mer à Octeville (vent ONO 20 km/h, devant se renforcer dans l’après-midi). Michel M, qui adore ce genre de vol (et aussi les moules frites au Havre le soir au coucher de soleil), était très enthousiaste et il a motivé les troupes pour qu’on soit plusieurs deltistes à voler ensemble sur ce site.

J’ai décidé de faire partie de l’équipe (plus on est de fous, plus on rit !), en demandant également à Michel s’il serait disponible pour me remorquer à Egry le lendemain, le samedi 13 juillet, car une journée « canon » se profilait. Michel, qui était arrivé à Octeville la veille sans pouvoir voler en raison d’un vent trop faible, et qui en avait profité pour savourer une baignade très agréable à Antifer dans une eau à environ 22°C, était donc présent le vendredi matin pour constater que le ciel était couvert, que quelques gouttes tombaient, et que le vent au déco était encore trop faible. Même avec l’arrivée du soleil, le vent avait à peine forci.

Finalement, ce n’était pas le bon jour pour aller voler à Octeville, mais ça, on ne l’a su qu’à la fin de la journée. Entre temps, Clément C et sa compagne, accompagnés d’une deltiste, Alexandra, sont arrivés sur le site qu’ils ne connaissaient pas. J’ai rejoint ce beau monde au début de l’après-midi. Nous étions donc quatre deltistes à attendre que Eole se réveille un peu et souffle un tantinet plus fort…

Extrait du compte rendu de Michel : « Ce n’est que vers 17 heures que le vent a forci très progressivement. Fred a décollé mais la faiblesse du vent ne lui a pas permis de monter suffisamment haut au-dessus de la crête et il s’est posé rapidement sur la crête, un peu dans les rouleaux (mais le vent étant faible, les rouleaux n’étaient pas trop turbulents). »

Effectivement, au mieux, je suis monté à 50 m par rapport au déco, puis le vent a faibli, ramenant ma hauteur au-dessus de la crête à 30 m maximum. Au bout de 5 km, j’ai fait demi-tour, en me traînant toujours à la même altitude passablement basse. J’ai pris la décision de me poser avant de ne plus pouvoir le faire en relative sécurité. Car passer sous la ligne de la crête aurait été catastrophique, sans assurance que le vent ne se renforce à nouveau, et sachant que la marée en bas était quasiment haute... Il y avait un champ de blé moissonné au bord de la crête qui pouvait faire l’affaire, mais il était encore assez loin du déco. Le grand champ juste à droite du déco en regardant la mer aurait été parfait, mais il y avait des vaches qui broutaient dedans... Le parking à gauche du déco ne convenait pas, bien qu’il n’y eût pas trop de voitures, car je me méfiais des rouleaux générés par les arbres environnants si je devais passer au-dessus en approche. Il ne restait plus que le champ de betteraves juste après, assez long et large, mais parallèle à la crête et jouxtant celle-ci. Au-delà, vers l’aéroport, un champ de blé était en cours de moissonnage.

A 25 m au-dessus du déco, je devais agir très rapidement. Mon atterrissage a été un atterrissage d’urgence.

Je me suis laissé déporter en arrière pour aligner le champ en biais et avoir une petite composante de vent de face, en évitant de me retrouver au bord de la crête sans avoir touché le sol... Dans les rouleaux, même s’ils étaient faibles, ça secouait, tandis que le champ s’effaçait peu à peu. Finalement, j’ai touché le sol dans la bande de 10 m de large de la partie moissonnée du champ de blé suivant, en contrant au maximum les effets du vent de travers turbulent. Aucun dommage, ni corporel, ni matériel, mais ma petite opération « rodéo » a refroidi tout le reste de la troupe. Ils sont venus m’aider à déplacer mon aile sur un espace d’herbe assez large pour pouvoir la replier tranquillement. Mon vol a duré 15 mn, entre 18h30 et 18h45.

Clément commençait à bouillir d’énervement, pris en étau entre son désir de voler accentué par les efforts de temps et de conduite qu’il a dû mettre en oeuvre pour être là ce jour, et sa méconnaissance du site, son inexpérience dans ces conditions, en attendant vainement que le vent se renforce... Je suis reparti vers l’IdF sans rester dîner avec eux, car il était déjà tard, une belle journée se profilait le lendemain à Egry, et je voulais être relativement en forme pour en profiter.

A posteriori, les réflexions suivantes me sont venues : quand on aime, on n’a pas peur, on y va. Quand on est détendu et quand on sent bien les choses, on n’a pas peur, on y va. La peur est une création du mental qui sonne comme une alarme et qui peut aussi nous faire perdre nos moyens si on se laisse envahir. En cas de doute, si on hésite, si on a peur, alors cela signifie que tous les paramètres ne sont pas au vert, et il est dans ce cas préférable de s’abstenir de voler, de renoncer, pour mieux analyser et comprendre ce qui ne va pas ou pour attendre des conditions météo plus favorables. Si un pilote est déjà sur les nerfs avant de décoller, alors mieux vaut pour lui qu’il cherche à se calmer avant d’envisager autre chose. Le vol libre n’est jamais qu’un loisir qui ne relève d’aucun enjeu. Le plus important est encore de rester en vie et en bonne santé, même si la journée doit nous passer sous le nez malgré les efforts déployés pour être prêt à décoller. Je dirais même que ce genre de contingence fait partie du jeu, et qu’il faut l’accepter pour le dépasser. Cela dit, la nature est bien faite, car elle nous offre toujours de nouvelles situations pour rebondir quand on a trébuché quelque part, pour autant qu’on veuille bien saisir à nouveau l’occasion qui se présente, mais c’est une autre histoire.

Fin du compte rendu de Michel : « Vers 20 heures, c’était presque parfait, mais étant un peu fatigués (physiquement et psychologiquement, surtout moi), nous n’avons pas volé. Nous nous sommes retrouvés à quatre, sans Fred, à la brasserie Georges pour une soirée infiniment agréable... Surtout ne pas se décourager et à refaire absolument ! Je suis arrivé chez moi à Gif à 2h45 ! Le lendemain, j’ai remorqué Fred à Egry dans un magnifique ciel de cumulus fortement agité, avec un bon vent du NNE. J’ai reçu le soir le sms contenant : « ... 220 km vers le sud en 5 h 30. Journée extraordinaire ! Récit à venir »
A la (très) prochaine fois. »

Michel et Frédéric

jeudi 11 juillet 2019

Retour de stage planeur à Tallard

Bonjour les oiseaux du DPCNP !

Je lis toujours avec grand intérêt vos exploits en libre et aussi en pétrolette !
Bravo Frédéric pour tes vols d'excellent niveau. Perso je n'ai jamais réalisé grand chose en delta; mais comme je le disais précédemment, le brevet delta , assez "sobre" aurait nécessité des stages d'apprentissage complémentaires pour savoir utiliser au mieux les thermiques...
Voyons, voyons c'est bien toi qui à pratiqué le planeur, Frédéric ? Tout s'explique !

Je m'en rend compte maintenant à la pratique du planeur bien plus exigeant en formation  que  le delta ! Mais; n'est-il pas, le planeur n'est pas du "vol libre" ?

Je rentre d'un petit stage de vol-montagne à Tallard, en biplace avec un instructeur, évidemment !
Je n'ai jamais été aussi secoué sur/sous  aucun appareil volant !! Hallucinant , proche du relief , mais formateur ! (Louis j'ai une petite pensée pour toi  ?)
En revanche des thermique pour atteindre assez régulièrement 3000/3500...Un panorama ....!

Je ne suis pas qualifié "montagne" et  j'en suis loin ! Dans les très grosses turbulences c'est l'instructeur qui pilotait et je suivais au manche et palonnier 'très légèrement" , fesses serrées trouvant la roche un peu trop proche, mais sans réelle peur !

Nous n'avons fait que du local, le premier jour 185 Km (pic de Bure, Colombis, Serre ponçon,  Dormillouse, Sisteron ....) Après uniquement technique sans s'occuper du reste . 
Nous avons croisé quelques aigles qui n'ont pas daigné nous décorer !

Bon! L'essentiel étant bien entendu....de se faire plaisir !
Je deviens Philosophe avec les ans !

A une prochaine 
Amicalement

Les photos du stage (









Michel

mercredi 10 juillet 2019

Vol détente à Saint Benoit

Hier, mercredi 10 juillet, je suis allé voler à Saint Benoît. Un ciel tout bleu prévu et réalisé, avec un voile de cirrus en fin d'après-midi, et des plafonds entre 1500 m et 1700 m. Vent faible du secteur nord.

Pas de quoi tenter un vol de distance (la forêt à traverser dans le bleu, c'est délicat), mais juste voler, se faire plaisir quoi ! En plus, dans un ciel tout bleu et dégagé, le paysage aérien est magnifique, et avec la température au sol qui s'envole elle aussi dans les thermiques, savourer un brin de fraîcheur en prenant un peu de hauteur est tout à fait pertinent.

Le problème des thermiques purs, c'est qu'on ne sait pas où ils sont vraiment. Et quand on croit avoir des bons indices visuels au sol, il suffit qu'on arrive à la fin d'un cycle pour continuer à descendre inexorablement. Quand on est dans une bonne dégueulante, c'est sûr, la pompe n'est pas loin, mais le problème, c'est qu'on ne sait pas dans quelle direction.

Bon, grâce à plusieurs morceaux de chance, mon vol a été finalement un régal, une contemplation. Trois heures de vol entre 14h et 17h. Je me suis baladé entre qq km au sud-est de Sully et le logis des planeurs d'Orléans, en l'occurrence l'arrêt-au-port de Saint Denis de l'Hôtel, avec un point bas à côté de leur piste qui s'est soldé par un bon moment à tourner et tourner en attendant un nouveau cycle avant de reprendre de la hauteur et de repartir vers des contrées plus hospitalières (car à SDH, il y a la forêt, la ville, l'espace aérien local qu'il vaut mieux éviter d'encombrer, surtout qu'ils décollent en treuil, et finalement, le seul endroit potable pour voler en delta sans gêner personne doit être le bon, sinon c'est le tas).

Cela dit, la vue depuis SDH vers le sud-est où s'étendent les méandres de la Loire est tout simplement magnifique. Plafonds vers 1500 m, pas atteints tout le temps, mais quand je voyais la couche d'inversion se préciser, c'était le signe que le thermique allait s'estomper bientôt.

Et puis la première pompe... un élément d'anthologie ! Déjà, dès le début du remorqué, on s'est fait plusieurs fois bien secouer. Et puis entre 450 m et 500 m sol, dans les environs de Bonnée, j'ai vu l'ulm qui prenait subitement et rapidement de la hauteur... William a tiré normalement sur sa barre de contrôle pour corriger la pente de montée, accroissant de ce fait la vitesse, qui était déjà relativement élevée et qui s'est mise à flirter autour de 80 km/h...(heureusement que je volais en rigide).

Quand je suis arrivé quelques secondes plus tard dans le thermique, j'ai eu l'impression d'être sur une catapulte... !! L'action de larguer obligeant à enlever une main de la barre de contrôle pour aller tirer sur la ficelle de mon système de largage, le bras restant pour tirer sur la barre ne suffisait plus pour tenir l'aile et le phénomène s'est amplifié...Tout cela s'est passé en deux secondes. Au final, le fusible a cassé, la sécurité a joué son rôle.

Immédiatement, j'ai enroulé le thermique, et déjà au bout d'un ou deux tours... 3,5 m/s intégrés !! Un thermique d'une telle violence et d'origine a priori purement naturelle, on voit ça en montagne, mais en plaine...

Il n'y a pas de photos ni de film aérien de ce vol. Juste une invitation, pour les deltistes, les deltistes auxiliairement motorisés, les ulmistes, les paramotoristes, et aussi les vélivoles (bon, depuis Chérence, c'est loin, mais il y a moyen de décoller justement à SDH), à venir voler dans cette région, car la Loire vue d'en haut et les alentours, c'est beau !!

Jean, Benoît, Gérard, ça ti donne pô envie de prendre ton aile (avec la caméra gopro) et de venir tâter l'air du pays ?!!  Au fait, bonne fête aux Benoît ! (Viva El Presidente du DPCNP !)

A bientôt

Frédéric


lundi 1 juillet 2019

Longues promenades à Octeville

Les bonnes occasions de vol ne tombent pas nécessairement un weekend. Le lundi convient bien aux retraités du club ainsi qu'à un actif qui a besoin d'une césure dans ses nombreuses activités.
Aprés un quiproquo sur le site nord ouest choisi, nous nous retrouvons Gérard Louis et moi vers midi sur le site d'Octeville.

Etant un peu en avance, je m'autorise un premier petit vol avant l'arrivée des copains. Le vent est soutenu mais permet de lever sa voile sur le plat et d'avancer patiemment à petits pas vers la pente du décollage. Les conditions de vols sont excellentes. Dès l'arrivée des franciliens et de leur petite berline, je me pose.



Louis est partisan de décoller vite avant que le vent ne forcisse. Il a droit aux mêmes conditions sympathiques qui permettent de mener tranquillement sa voile au bord du décollage. Il s'en tire très bien mais par impatience de voler ou de libérer l'aire de décollage, nous donne un petit festival de sauts de cabris, spécialité habituelle de Michel avec son ancienne Arcus 6.


Pour Gérard et moi dix minutes plus tard, le vent a forci et les choses seront plus compliquées : il s'agit de mettre sa voile en boule en bas de la pente et de devoir gérer le gonflage face voile. Dès que les caissons prennent le vent, la séquence ne prend que quelques fractions de seconde avant de se trouver soulevé en ayant eu soin d'anticiper au mieux le retournement. Ici Gérard à l'oeuvre



Nous faisons un regroupement une demi-heure plus tard à proximité d'Antifer,



Après un long vol, nous voilà tous trois posés pas toujours exactement au bon endroit pour certains, prêts pour un casse croûte et pour un vol d'après midi. le décollage présente une activité débordante



On optera ensuite soit pour une longue sieste soit pour un vol de 2 heures. une certaine voile bleu et jaune aurait été détectée par la tour de contrôle à une altitude excédent largement les 140 m  dans la zone de restriction proche de l’aérodrome. J'aime à penser qu'il ne s'agissait pas de moi, mais nous prenons tous les 3 la résolution de bien configurer notre radio pour les prochains vols. La photo suivante démontre que certaines phases du vol se sont bien déroulées à moins de 140 m. Sur le trajet vers Antifer, grâce à quelques bébés cumulus, on pourra monter à 250 m d'altitude mais ce sera  insuffisant pour tenter une transition vers Etretat.


voici les images animées :



Benoit, Gérard Louis