dimanche 22 juillet 2018

Moultes activités aux Noyers sous le soleil.

Et pendant que certains volent au treuil et en bord de Mer, une partie de club s'est attaquée à deux premières aux Noyers, le vol de Jean Noël sous son Ropulcim, et le montage de l'Atos de Jean ( vingt dieux quelle machine...)
Ambiance studieuse pendant que vous batifolez ( sauf Octave qui déménage, le pauvre :-))

Même sans vent, un Atos se sustente en courant, certes, mais les essais en vol se feront quand même plus tard, avec 10 / 15 km/h mini  :-) Je pense que fin Août, prise en main par Jean effectuée, nous allons voir un planeur à décollage à pied sillonner la région sous les rues de nuages... 15 de finesse, 1 m/s de taux de chute, pétant le 100 km/h si nécessaire, un autre monde...


Côté Ropulcim de Jean Noël, après avoir vérifié par moi même les bons réglages annoncés par Benoit il y a 15 jours, Jean Noël s'est élancé, motivé à fond ( il avait révisé toutes les séquences la nuit précédente :-)). Un vrai vol de prise en main, thermiques tranquilles compris. Un beau décollage, un bel atterrissage !

Très acclamé à l'atterrissage:


Un beau vol pour une machine qui aura mis du temps à se peaufiner, mais le sourire de Jean Noël prouve que le jeu en valait largement la chandelle !

A bientôt
Gérard

La vidéo, résultant des talents de deux caméramans, 3 acteurs et un monteur, se trouve ici



 

La mer roulait ses galets..

Dimanche chargé pour le club, entre les projets de faire revoler un nouveau Ropulcim, de courir avec un nouvel Atos ou bien de participer à une séance de treuil en Valois.

Etant en Normandie pour quelques semaines, je suis allé voir à Octeville si un petit vent météo bien modeste de 15 km/h, permettrait de faire du soaring ou non.

Deux bonnes nouvelles sur le site en arrivant : peu de monde ce dimanche, deux ailes en l'air seulement et qui volent tranquillement au niveau du plateau.

Je suis le troisième à partir, et sur les 2 heures de vol avec 2 aller et retour vers Antifer, je ne me retrouve à coller à la paroi ou au contraire à m'écarter pour laisser la priorité qu'une quinzaine de fois.

La Caméra sport du club a dysfonctionné, au moment où je souhaitait démarrer un film, elle m'a pris à chaque fois une rafale de photos avec bien sûr la plupart du temps avec mes doigts près du déclencheur et de l'objectif.

L'atterrissage sur la plage (pas excessivement bien réussi, mais ce n'est pas moi qui ai cassé le bateau en 2), a permis après le vol de d'aller tester la fraîcheur de l'eau.


BdlB


dimanche 15 juillet 2018

Ouverture de la saison de treuil

 Ouverture de la saison de treuil


La moisson étant précoce cette année, nous disposons des terrains obligeamment mis à disposition par Charles-Edouard dès le week-end du 14 Juillet


les conditions ont, en effet, permis une séance de treuil très appréciable

La relation est là --->  https://tinyurl.com/ouverture_treuil

samedi 14 juillet 2018

Ne Chaumont pas le 14 juillet pour boucler un circuit

Suite à la belle journée du vendredi 6 juillet à Egry, puis une autre dès le lendemain à Saint Benoît, où j’ai pu rentrer au terrain in extremis au bout de trois heures de vol, avec des plafonds variant entre 1700 m et 2000 m, et agrémentées d’un point bas tendu à 360 m sol au sud-ouest de Châteauneuf-sur-Loire, la fatigue accumulée due à l’énergie dépensée au cours des vols, aux déplacements entre mon domicile et les terrains ulm, et aux nuits de sommeil altérées par la chaleur ambiante, commençaient sérieusement à se faire sentir, et il devenait impératif de faire une pause. Les prévisions météo du samedi pour la semaine suivante n’ayant pas révélées de journée extraordinaire, le dimanche a été consacré à un repos tranquille, sans prendre la peine de vérifier l’évolution des prévis. Le lundi midi, au cours d’une conversation téléphonique avec Martin Morlet, pour échanger des informations à propos du super vol qu’il a réalisé le samedi 7 juillet depuis un site près d’Arcy-sur-Cure jusqu’à Limoges, il m’a confirmé l’absence de cumulus au-dessus de la Sologne vue du sud-est (le ciel bleu au-dessus de cette zone peu hospitalière m’avait incité à la prudence en évitant de m’y aventurer), et il m’a surtout annoncé que ce lundi, les conditions étaient excellentes pour tenter des vols de distance au départ de Jeufosse, que lui-même ne pouvait pas s’y rendre pour des raisons professionnelles, et que, pour ma part, j’ai complètement zappé. Le lendemain, la CFD parapente révélait que les meilleurs pilotes ont parcouru plus de 300 km vers la Vendée en neuf heures de vol… Chapeau !!! Fort de ce coup d’aiguillon, qui m’a rappelé à quel point il faut en permanence rester vigilant pour espérer saisir les belles journées quand elles se présentent, je me suis remis l’affût avec ma panoplie de sites de prévisions.

Une très belle journée se profile à nouveau vers la fin de la seconde semaine de juillet, et la date du jour J est finalement prévue pour le samedi 14 juillet. Comme c’est une journée sans vent, il faut décoller en remorqué. Malheureusement, aucun des trois pilotes remorqueurs entre l’IdF et le Loiret n’est disponible ce jour là ! Pour réussir à voler, je dois donc m’expatrier. Une communication avec Bruno Capelle, qui vole en Haute Marne et qui peut remorquer, m’apprend qu’il est parti voler en Espagne, mais que je peux tenter ma chance auprès de l’un des autres pilotes d’ulm de son club, situé à Laville-aux-Bois, à 5 km au sud-est de Chaumont. Le trésorier, qui se prénomme François, est disponible le 14 juillet et accepte de venir me remorquer. C’est génial ! On se fixe un rendez-vous au terrain vers midi. Branle bas de combat, toutes mes affaires sont prêtes la veille au soir, afin d’assurer un départ du logis vers huit heures (rare !) et une arrivée vers onze heures et 260 km plus loin par l’autoroute. A ce stade, il faut signaler que l’arrangement paysager du terrain est bien agréable, car les nombreux arbres au bout du chemin d’accès permettent de garer la voiture à l’ombre, et le bosquet juste à l’est du hangar permet de monter l’aile également à l’ombre, du moins avant midi. Enfin, une grosse citerne remplie d’eau de pluie permet de se rafraîchir l’épiderme, même si l’eau n’est pas potable. Bien que je fus prêt pour décoller vers midi un quart, un excès de causerie avec mon pilote remorqueur, une touche d’entretien que je voulais finir sur mon aile, une mise en piste avec le chariot plus longue qu’imaginée, et une rupture de la ligne du côté ulm juste au début du roulage, que le pilote a bien dû prendre le temps de réparer, sont à l’origine d’un glissement de l’heure de décollage, qui a lieu finalement peu avant 13 heures. Les premiers cumulus étant apparus entre midi et midi et demi, je ne perds qu’une demi-heure, mais qui m’aurait peut-être permis de rentrer au terrain à la fin de la journée.

François m’emmène au-dessus de la Marne au nord-ouest du terrain, où en général les pompes sont puissantes. Effectivement, vers 300 m sol, je croise un premier pétard que j’aurais pu enrouler direct, mais par prudence, je préfère rester accroché derrière l’ulm. Comme nous avions convenu de monter en cercles au-dessus de la zone, je m’attendais à ce qu’il refasse un tour, ce qui m’aurait permis de me larguer dans le premier thermique à une hauteur plus confortable. Mais non, je vois l’ulm qui met le cap au sud-est vers un gros nuage, qui génère au sol une grande surface dans l’ombre, et qui est tout simplement en train de se désagréger (François, qui vole ulm depuis trois ans, n’a jamais pratiqué le vol libre ou le vol à voile, et ce détail lui a échappé). L’ulm vole vite, autour de 80 km/h, et je suis obligé de mettre les volets au neutre pour adoucir le pilotage et éviter de me faire trop secouer dans les turbulences. Ne pouvant communiquer avec François, je décide de le suivre jusqu’à une hauteur assez importante, du genre 1000 m, afin de me donner de la marge pour revenir vers le premier thermique. Malheureusement, celui-ci vit sa vie, et il ne m’a pas attendu. Une fois en mesure de l’enrouler, il est finalement tout mou. Le nuage au-dessus ayant bien gonflé, toute la zone au sol propice aux contrastes thermiques est dans l’ombre. Ce que je redoute finit par arriver avant longtemps : j’ai pu regagner à peine 300 m que le vario se met déjà à indiquer des valeurs légèrement négatives. J’ai beau tricoter dans tous les sens pour tenter de retrouver une pompouillette, rien, le cycle est vraiment terminé. Ce petit ballet va m’emmener directement au terrain si je reste là. Le moment est venu de jouer à nouveau à quitte ou double, et je ne pensais pas qu’il arriverait si tôt. Près de la Marne, j’aperçois un champ moissonné taillé dans une forêt au sommet d’une colline, elle-même coiffée par un petit nuage. Les quelques minutes pour l’atteindre sont un peu tendues car en prime, je traverse une « dégueulante » et malgré une prise de vitesse pour en sortir rapidement, mon vario indique -3 m/s sur tout le trajet. A 300 m au-dessus du champ, mon vario indique enfin des valeurs positives. Faible au début, la pompe salvatrice se transforme en un bon 2,5 m/s intégrés, pour atteindre même 4,5 m/s intégrés. Bingo ! Néanmoins, je dois bientôt la quitter pour rester en dessous de la TMA Saint Dizier 3, dont le plancher est à 5500 ft QNH (1676,4 m), avec une marge d’une centaine de mètres en hauteur sachant que pour de telles vitesses verticales, ça continue souvent à monter même après être revenu en vol horizontal.

Il est 13h45. L’épisode « galère » a duré une quarantaine de minutes, et en ajoutant la demi-heure initiale avant de décoller, mon retard dans l’évolution de la journée commence à prendre de l’importance. La possibilité de réaliser un grand triangle sur la campagne semble remise en question. Néanmoins, il fait beau, il y a des cumulus partout, alors profitons-en au maximum. Pour atteindre l’espace aérien non limité en altitude, il suffit de voler quelques kilomètres vers le sud, d’après mon nouveau système de navigation que Jean m’a gracieusement prêté. Au sud de Chaumont, un nouveau thermique me propulse à l’altitude très confortable de 1680 m par rapport au terrain (2050 m QNH), et la base des nuages est encore plus haute ! Bon, la journée est excellente, il y a moyen de réaliser un beau circuit. Initialement, j’avais dans l’idée de descendre jusqu’à l’aérodrome de Til-Châtel, que j’avais survolé le 1er août 2016 avant d’atterrir près du village de Fontaine-Française où mes rencontres après le vol avaient été extraordinaires. Ensuite, je m’étais dit que ce serait sympa de suivre, par la voie aérienne, la route touristique en direction de Troyes, afin d’admirer d’en haut les jolis paysages que je n’avais pu voir à l’époque puisque, une fois mon aile récupérée le lendemain soir, il faisait nuit noire. En fixant un second point de virage entre l’aérodrome et la ville de Bar-sur-Seine, avant le retour au terrain vers l’est, cela fait un triangle FAI de 200 km. Soyons fous ! L’objectif de la journée étant fixé, je mets le cap au sud pour essayer d’atteindre mon premier point de virage, distant d’une soixantaine de kilomètres, quitte à écourter ensuite le circuit prévu si les conditions deviennent délicates. Une pensée pour Gérard en survolant la jolie vallée de la Suize, dont c’est le pays natal. Soudain, mon beau système de navigation s’éteint, à cause de la batterie défaillante qui a déjà rendu l’âme en dépit de mes pronostics et que je dois remplacer. Au moins, il m’aura servi à éviter de tamponner dans la TMA de Saint Dizier. Pour la suite du vol, je ferai donc comme d’habitude, c’est-à-dire en fonction de mes connaissances plus ou moins précises de la géographie.

Deux ou trois thermiques plus loin, j’atteins enfin la base du nuage, à 2480 m QNH. C’est formidable ! J’enchaîne direct sur une longue transition d’une quinzaine de kilomètres, au bout de laquelle, 1100 m plus bas, une nouvelle pompe me propulse à 2540 m QNH, à la vitesse moyenne de plus de 2,5 m/s. Pour couronner l’affaire, il se trouve que le gros nuage au-dessus est le premier d’un petit alignement (le vent souffle très légèrement du nord). Pendant plusieurs minutes exaltantes, il m’est ainsi offert de caracoler sous les barbules en volant en ligne droite, avec des pointes à 90 km/h pour sortir de la base d’un nuage, et en ralentissant pour remonter allègrement dans un nouveau courant ascendant, c’est tout simplement magique ! Je quitte ce festival à 2580 m QNH, en laissant sur ma gauche la ville de Langres et son lac plus à l’est. Il y a toutefois un bémol à cette belle mélodie : des bancs de cirrus glissent dans le ciel, et ils sont suffisamment épais pour détruire complètement la convection dans la zone de leur ombre portée, même si c’est temporaire. Le secteur de Til-Châtel est justement recouvert par l’un de ces bancs. Pour atteindre l’aérodrome et surtout pour en repartir, je dois alors gagner le maximum d’altitude au plus près de la zone non convective, puis me lancer dans une longue transition en me rapprochant au mieux de mon point de virage tout en économisant mon altitude pour me permettre de raccrocher pas trop bas. A la fin de la première phase, je quitte la base du nuage à 2480 m QNH, tandis que l’aérodrome est bien en vue (entre 10 km et 15 km). Sept minutes plus tard et 700 m plus bas, un signal d’alarme m’envahit : je ne dois pas aller plus loin, je dois virer maintenant. Tant pis pour le survol de l’aérodrome. Je m’engage immédiatement vers le nord-ouest, notamment vers le cumulus le plus proche et qui n’est pas à côté. Une petite zone de turbulence vient pimenter le moment en forçant la vitesse de chute de mon aile, augmentant dans la foulée mon inquiétude d’un nouveau point bas. J’enroule finalement le thermique recherché à 1060 m QNH. Il n’est pas extraordinaire, mais il est régulier, ce qui me convient amplement. Au total, cette transition a duré plus d’un quart d’heure, consommant plus de 1400 m en altitude, et l’analyse de la trace GPS montrera qu’elle s’est étendue sur près de 18 km. Par rapport au terrain du décollage, qui est toujours la référence de mon altimètre, dont les indications me donnent alors une idée plus précise de ma hauteur au-dessus du sol, même si celle-ci peut varier sensiblement, je suis parti de 2110 m pour raccrocher à 690 m. J’ai donc consommé plus des deux tiers de ma hauteur de départ, pour arriver dans la tranche critique d’altitude où il faut saisir tout ce qu’on trouve pour remonter.

Il est bientôt 15h30, et je me rends compte qu’il s’est écoulé environ 1h45 depuis le moment où j’ai quitté la super pompe au nord-est de Chaumont. En ajoutant les quelques kilomètres après mon point de virage à la longueur de la première branche, j’estime avoir parcouru environ 70 km. Ma vitesse de croisière est donc très honorable (avec toutefois l’aide du vent du nord, même s’il est très faible), et me maintient en confiance pour la suite de la balade aérienne. Celle-ci est d’ailleurs très belle. Au-delà de l’aspect technique, il ne faut pas omettre de rappeler toute la poésie de la journée. Les paysages des collines, des vallées, des forêts, des champs, des villages, des châteaux, des petits cours d’eau serpentant au gré du relief, et parfois quelques buses que je croise en vol, tout cela est magnifique. Mon cheminement vers le nord-ouest va bon train. Au loin, les collines boisées s’interrompent pour laisser la place à une large vallée dorée par les champs, tandis qu’un nouveau banc de cirrus masque l’ensoleillement au sud-est de cette vallée. Impossible de  contourner la zone non convective, à moins de rentrer directement à Chaumont, je vais devoir la traverser. A nouveau, je prends le maximum de hauteur sous le dernier cumulus encore actif dans ma direction, en profitant d’ailleurs d’une petite aspiration dans le nuage en vol horizontal pour atteindre l’altitude maximale de mon circuit, en l’occurrence 2750 m QNH (en plaine, je n’ai jamais vu ça). L’euphorie est rapidement balayée, car la transition sous le banc de cirrus s’accompagne d’un taux de chute important, et malgré une vitesse adaptée pour optimiser la distance que mon aile peut parcourir, je me rends compte que si je vais pouvoir atteindre la partie ensoleillée de l’autre côté, il y a de fortes chances pour que je sois également au sol… Il faut impérativement trouver de quoi me maintenir en l’air. L’idée me vient de m’engager au-dessus de la grande forêt qui s’étend sous mes yeux jusqu’à la plaine dans ma direction. Puisqu’elle est recouverte par les cirrus et puisque la convection par échauffement direct du soleil ne fonctionne plus, il y a des chances pour qu’elle se mette à restituer sa chaleur. Il est bientôt 16h30, c’est trop tôt pour que la restitution s’installe à cette heure sous un ciel normalement dégagé. Toutefois, n’étant plus qu’à 1350 m QNH et en l’absence d’une meilleure option, il faut essayer. Restitution ou non, ça marche. En quelques bulles croisées sur mon chemin, je parviens à remonter à 2300 m QNH tout en sortant de l’ombre des cirrus sur la pointe des plumes. Mais l’affaire n’est pas gagnée car le ciel au dessus de la plaine et au-delà vers le nord-ouest reste bleu, la convection tarde à redémarrer, et les cumulus sont vraiment loin. Une grande agglomération se dessine sous mes yeux, avec un aérodrome au sud. Par méconnaissance de la région, je crois être déjà arrivé à Bar-sur-Seine, bien qu’un doute subsiste. En fait, je survole Châtillon-sur-Seine, la commune imaginée se trouvant encore à 30 km vers le  nord-ouest. Quoiqu’il en soit, je décide qu’il vaut mieux bifurquer à cet endroit en prenant la route du retour vers Chaumont. Si jamais je dois atterrir bientôt, au moins je ne serai pas très loin de la route principale.

En m’éloignant de l’agglomération, je commets l’erreur de quitter un thermique bleu, qui m’a bien remonté de 200 m, pour tenter de rejoindre vers les collines au nord-est un secteur où le contraste des couleurs entre les champs et les forêts me semble favorable à la formation d’une bonne pompe. Il y a d’ailleurs un beau nuage au-dessus qui semble confirmer mon hypothèse. Manque de pot, j’ai dû arriver à la fin du cycle car le thermique est tout mou et je dois tricoter un moment avant de retrouver un thermique honorable. Pendant ce temps, le thermique bleu a gagné en puissance car l’endroit est maintenant chapeauté par un joli cumulus. Mais je m’estime trop bas pour y retourner, et surtout, si je rate la pompe, je n’aurai plus rien pour me rattraper. Tant pis, je préfère continuer à grenouiller là où je suis, car au moins ça monte, même si c’est lent (800 m en 25 mn), et surtout parce que je guette le moment de rejoindre un bon thermique au nord-est de l’autre côté de la vallée, sur le versant bien exposé au soleil. Une fois propulsé par l’ascenseur à plus de 2250 m  QNH, la belle vie reprend son cours, et je décide d’élargir la route du retour en migrant un peu vers le nord, pour profiter encore d’un vol collé sous les gros nuages qui s’enchaînent dans cette direction et qui me tendent leurs bras. Pour le premier, l’euphorie se teinte d’un brin d’inquiétude, car ne souhaitant pas voler trop vite dans les barbules pour éviter de me faire trop secouer dans les turbulences qui se font bien sentir, je me fais aspirer dans le nuage, à tel point de ne plus voir plus le sol. Dans ce cas, il n’y a plus qu’une chose à faire, continuer à voler en ligne droite, en me disant que je vais bien finir par m’extraire rapidement de cette situation délicate. Pour les nuages suivants, un peu plus de marge avant d’atteindre le plafond me donne autant de plaisir tout en évitant les désagréments. Peu à peu, je rejoins la zone familière de Bar-sur-Aube, avec le lac de la forêt d’Orient qui se détache au nord-ouest dans le soleil descendant. Il est environ 18h45. C’est beau de contempler cette région à 2400 m QNH. Personne en vol au-dessus de la crête Sainte Germaine. Il est vrai qu’avec un vent de secteur nord, même très faible, ce n’est pas la peine. Le thermique du nuage que je visais à la hauteur de Lignol-le-Château est introuvable, je suis probablement déjà trop bas. Finalement, un thermique du soir m’enveloppe à 1180 m QNH un peu plus loin au-dessus de la petite crête boisée juste au nord du village de Rouvre-les-Vignes, et me permet de regagner tout doucement 800 m avant de s’évanouir.

Il est vraiment temps de rentrer. En plus, le vent s’est levé, et Dieu merci, il me pousse dans la bonne direction. Au nord-ouest de Chaumont, trône un gros cumulus qui ressemble à un congestus, et je me dis que si je pouvais enrouler la pompe qui l’alimente, ce serait impeccable pour rentrer au terrain (car ce n’est pas tout de viser Chaumont, il faut aussi traverser la vallée de la Marne et voler encore 5 km vers le sud-est). Tandis que je me bagarre dans un thermique trop faible au-dessus d’une forêt en ayant l’illusion de pouvoir remonter sereinement, j’aperçois un gros rideau sous le cumulus en question. Le nuage vient de lâcher toute son eau !! Heureusement que je n’étais pas en dessous. Un bel arc-en-ciel aérien est alors offert aux yeux de passage. Un ultime thermique me remonte à 800 m par rapport au terrain, qui est encore à 14 km d’après mon GPS. C’est trop juste pour espérer rentrer en sécurité. Même pour traverser la vallée de la Marne, je préfère m’abstenir, au cas où je me retrouverais trop bas de l’autre côté à devoir gérer un atterrissage dans un champ inhospitalier ou dangereux. Donc je me laisse glisser vers le dernier champ juste avant le début de l’agglomération, qui est moissonné et qui constitue une aire idéale pour l’atterrissage. Il est environ 19h45. Cette journée exceptionnelle, ce vol magnifique, ne sont que du bonheur !

Le temps de transporter mon aile vers un terrain d’herbe et ombragé de surcroît, de la replier tranquillement, de téléphoner à François qui s’inquiétait de voir mon auto toujours stationnée au terrain à 20h30, et même de téléphoner à Bruno, qui, depuis l’Espagne, voulait savoir ce que ça a donné, il fait presque nuit lorsque je me mets en route pour faire du stop. C’est au premier carrefour de la N19 dans Chaumont juste après la descente qu’un véhicule s’arrête enfin pour me prendre : un gros tracteur, qui transporte vingt tonnes de ballots de paille dans sa remorque, qui roule à 40 km/h compte tenu de son chargement, et qui rentre chez lui 80 km plus loin par la N19. Un détail amusant : comme il ne peut pas emprunter la rocade à cause d’un pont trop bas sous lequel son chargement ne peut pas passer, il est obligé de traverser le centre ville ! On se promène ainsi tranquillement, ce qui nous laisse tout le loisir de causer un peu, jusqu’à ce qu’il me laisse aux abords de Laville-aux-Bois. Encore un peu de marche, et comme mon genou commence à chauffer, un dernier véhicule sollicité dans le village me transporte jusqu’au terrain ulm. Le temps de me débarrasser et de faire un brin de toilette à l’eau de la citerne, je suis fin prêt pour admirer le feu d’artifice qui illumine toute la région. La bière de la journée sera ensuite dégustée dans un bar du centre ville qui, heureusement, ferme tard.

La suite des évènements est moins drôle, je m’y attendais un peu. Avec la courte nuit de la veille, le trajet du matin et l’énergie dépensée en vol puis à nouveau au sol, la fatigue se fait cruellement sentir. Ne souhaitant pas rester à Chaumont, j’ai décidé de rentrer au logis. Une fois mon aile récupérée, le trajet nocturne est alors ponctué de plusieurs pauses dodo interminables. Je suis finalement rendu à mon domicile le lendemain vers neuf heures… La journée du dimanche a été quelque peu léthargique. Bilan aéronautique de la journée : j’ai parcouru un quadrilatère de 192 km en 6h54 (la distance minimale entre deux points au début et à la fin du vol étant inférieure à 3 km, on considère que le circuit est fermé). Mais la CFD comptera un triangle FAI de 176 km inscrit dans le quadrilatère, car cela rapporte plus de points (40 % de la distance retenue en plus) : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20245645 . Curieusement, elle a compté que le triangle a été réalisé en seulement un peu plus de six heures, en enlevant les cinquante premières minutes, probablement pour conserver uniquement les points qui ont contribué réellement au circuit.


La région de la Haute-Marne est une région magnifique et constitue un terrain de jeu immense pour aller voler. Dixit Gérard : « il doit y avoir plus de sangliers que d’être humains... une région sauvage oubliée à redécouvrir, et si c’est en vol, bingo ! »

Frédéric

lundi 9 juillet 2018

Essaimage de Ropulcim

Ce Dimanche, le club a prévu une sortie motorisé, avec comme objectif de faire les ultimes vérifications et le premier vol sur un Ropulcim. Les météos sont toutes contradictoires et personne n'est certain que nous disposerons des conditions calmes propices à un vol d'essai.

Comme d'habitude, Louis est prêt le premier et se propose de tester la masse d'air de cette belle journée ensoleillée et nous assurer de la possibilité du vol d'essai.

Sarho a été appelé pour faciliter le décollage en courant et en aboyant si nécessaire après la machine

De retour de son vol matinal, et après nous avoir donné le ok pour le vol d'essai, Louis trouve le meilleur spot pour la sieste.

C'est enfin le vol d'essai, un petit tour de piste et un atterrissage moteur coupé, pour ramener la machine qui vole fort bien à son propriétaire. Pour le pilote d'essai, on a finalement choisi le plus gradé et le plus ancien dans l'art du pilotage d'un Ropulcim, fort de ses 10 hélices cassées, 2 chevaux de bois et 6 vaches. J'ai été très flatté d'avoir eu ce privilège et je n'ai pas trop prolongé le vol pour éviter de montrer de quoi j'étais capable.

Et voici Jean Noël radieux aux commandes de sa nouvelle machine, un Medium et sa motorisation auxiliaire Ropulcim, parti pour une séance prudente de roulage. Les conditions turbulentes de milieu de journée ne l'incitent pas à tenter le grand vol, en revanche un des roulages se terminera par un mini vol de quelques fractions de seconde et une retombée un peu lourde sur la roulette arrière qu'il faudra penser à changer.

Le fonctionnement effectif de ce Ropulcim est un jalon important. Jean Noël avait visité la base de Lierville de Pierre Jean il y a une dizaine d'année et nous avait rencontré Louis et moi alors équipés de nos Pom'pulsim et Toplesspulcim. (en fait nos dernières évolutions à Lierville datent de septembre 2004, en attestent mon carnet de vol et les photos du CD rom du club. Signe particulier des 2 machines : un grand désordre autour lors du montage)


Le club a été en relation avec Jean Noël depuis fin 2013, suite à son acquisition de la machine. Nous avons échangé sur nos expériences  des Ropulcims au rythme effréné d'un e-mail tous les 6 mois. Dernièrement les échanges se sont intensifiés avec la mise au point du carburateur et les premiers essais moteurs. Nous avions choisi ce dimanche 8 juillet depuis longtemps et voyons avec plaisir que la machine est parfaitement opérationnelle. Reste à Jean Noël le soin de transformer l'essai et de voler lui même lorsque les conditions le permettront.

La vidéo des activités de la journée est là


BdlB

samedi 7 juillet 2018

Escapade au Puy de Dôme et à Millau

Voici un bref compte-rendu de notre escapade improvisée. Nous sommes partis vendredi soir avec Yann en direction de l'hôtel Ibis budget de Riom. Michel nous a rejoint vers 1h du mat. Pas de panique, nous l'attendions au bar de l'hôtel avec une bière bien fraiche.

Samedi matin, départ vers le Puy. Au sommet, le vent n'a rien à voir avec les prévisions. Les biplaces en mini-voile se font déjà brasser. Les gars du coin nous disent que c'est mort pour tout le WE. Nous décidons de descendre à Millau, après conseils pris auprès de Roland Thurel. 

A Brunas, vent N-NE soutenu mais OK; En l'air, Michel et moi tirons notre épingle du jeu; 2 vols, beaux plafonds à 1700m, petites ballades locales (survol du viaduc, notamment). Le soir, c'est douche, piscine, pizza chez Roland et... AU LIT!!!

Dimanche matin, on optimise. Yann enchaîne 3 vols au déco NE de Brunas (près du point de vue viaduc). Au 3ème vol, je décole avec lui et on gratte un peu le rocher de gauche. Une saleté de voile rouge nous grille la priorité à plusieurs reprises et Yann tente sa chance sur la plaine. En vain.
Pause le midi au bord de la Dourbie pour Yann et moi et au bord de la piscine pour Michel.
L'après-midi, on remet ça avec Michel. Toujours au plafond mais moins longtemps; çà tombe bien, on doit déjà rentrer avec Yann .

Ci-jointe quelques images de mes vols du samedi. Suivront sans doute celles de Michet et de Yann.

OP 





et voici la vidéo montée par Yann

Millau 8-9 juillet 2018 from yann lem on Vimeo.

vendredi 6 juillet 2018

Triangle FAI et initiation remorqué à Egry

Ce vendredi 6 juillet, Michel, malgré son départ en vacances imminent, accepte de nous remorquer à Egry, moi, Benoit, débutant fort de mes 6 remorqués de l'année dernière à Saint Benoit sur Loire, et Frédéric, membre du dernier carré de la coupe de distance FFVL en rigide.

J'ai sorti mon Titan de son emballage, de retour de révision. Il se trouve en configuration motorisation auxiliaire, avec son extension de quille, il s'avère que le remettre en configuration "vol libre" avec une quille plus courte peut me prendre beaucoup de temps. Bon cela me servira d'excuse pour mes atterrissages perfectibles


Après les explications d'usages, Michel réalisera les 5 remorqués (4 pour moi, je suis le grand gagnant.. un seul pour Frédéric)

A ce point du récit, il faut donner une explication sur le largueur, une très belle fabrication de "Louis Aviation", il ne servira pratiquement pas. Je suis en effet au top pour faire casser les fusibles sur mes 4 vols, à des altitudes variant entre 40 m et 380 m. Mais mon expertise en la matière me permet de craquer le double fusible du remorqueur, me trouvant ainsi avec la ligne au bout de mon largueur en sortie de décollage. A cette occasion je dois utiliser mon largueur et je rejoins la petite confrérie des pilotes auxquelles cette mésaventure est arrivée (pour moi sans encombre sauf de fouiner autour d'un champ de betteraves pour retrouver la ligne).


Frédéric a décollé et est parti pour effectuer un triangle. Pour meubler l'attente de conditions plus calmes, Michel me propose de faire un tour en ULM et de monter aux nuages. Je raterai la photo du halo créé par le soleil sur le flanc du nuage, en revanche je serai étonné par les pieds nus sur la roue avant du pendulaire alors que la température à 2200 m avoisine les 8°C

Après avoir décollé vers 13h15, Frédéric rentre au terrain vers 18h45, bien content de son périple dont il vous livre le récit ci dessous.

Et il se fait la réflexion que ce sera chouette d'avoir pour une fois une récupération très simplifiée, tout en pensant que la finalisation du triangle est une bonne nouvelle aussi bien pour son équipier que pour lui compte tenu de la localisation de ses clefs de voitures qui elles aussi on fait le triangle.

On fêtera dignement la réussite de la journée à une très sympathique pizzeria sur le chemin du retour, cette journée étant de plus marquée par 2 évènements : la victoire des bleus en demi finale (que nous apprendrons tardivement et avec un détachement très aérien), et l'anniversaire... du président du club


voici la vidéo d'une partie de nos exploits



Et bien sûr le récit de vol de Frédéric se trouve ci-dessous

BdlB + FL

Début juillet 2018. Les belles journées pour aller voler se succèdent régulièrement. Au cours d’une conversation téléphonique avec le président de mon club de vol libre, qui se prénomme Benoît pour les non initiés, il m’annonce qu’il est disponible et motivé pour aller pratiquer à nouveau le décollage en remorqué en delta, et qu’il aimerait cette fois tester l’ulm d’Egry, qui est un peu plus lent que celui de la commune du Saint de son prénom. Sachant que l’initiation de Benoît au décollage en remorqué remonte à une quinzaine de mois auparavant et qu’il ne l’a pas pratiqué depuis, je me réjouis de son initiative, en considérant que l’occasion est presque inespérée et qu’il faut la saisir maintenant vu le nombre de refus à mes diverses propositions au cours de ces quinze derniers mois pour renouveler l’exercice. Deux belles journées sans vent et avec cumulus vers 1500 m se profilent pour le vendredi 6 et le samedi 7 juillet. Notre pilote remorqueur Michel M partant en vacances le samedi, nous convenons du vendredi 6, ce qui oblige Benoît à rentrer une journée plus tôt de sa villégiature normande, mais il le fera avec allégresse, car ce vendredi est aussi son anniversaire et il convient de fêter ses 67 printemps d’une façon originale !.

Pour permettre à notre candidat de reprendre ses marques dans une atmosphère pas trop turbulente, le rendez-vous au terrain est fixé vers 11 heures, ce qui nous évitera de nous lever aux aurores tout en laissant à Benoît le temps de venir à bout, non sans angoisse et énervement, de la circulation très dense entre son domicile à Meudon et le mien à Brétigny. Nous continuons le trajet ensemble dans mon auto avec nos ailes sur le toit, ce qui laisse tout le loisir à mon passager de se remettre de ses émotions. Au terrain, le soleil s’active pour faire naître les premiers cumulus, tandis que nous nous activons pour monter nos ailes. Première difficulté pour Benoît : il s’aperçoit que son aile, qu’il a récupérée de révision sans avoir pris la peine de la monter au moins une fois avant d’aller voler, n’est pas adaptée pour la configuration en libre, mais seulement pour celle avec une motorisation auxiliaire. Un problème d’attache des câbles inférieurs arrière sur la quille, qui serait la conséquence d’une mauvaise communication avec le réparateur. Benoît est donc contraint de monter son aile dans la seconde configuration, avec une extension de quille, et en fixant avec du scotch l’extrémité de la quille dans le manchon de l’extension. Ce montage me paraît original mais aussi quelque peu aventureux. Benoît osera d’ailleurs, en vain, utiliser l’argument de la longueur de la quille devenue excessive pour justifier ses atterrissages rocambolesques ! Pour l’heure, il est enfin prêt à décoller, mais pour ce qui est de bénéficier d’une atmosphère encore relativement calme, c’est raté. Qu’à cela ne tienne, il s’élance derrière l’ulm, mais il tarde à lâcher le chariot, et quand il s’en libère, son aile monte en flèche et le fusible casse immédiatement. Dommage, ce fut bref. Comme il est trop bas pour effectuer une prise de terrain normale, tout en souhaitant revenir au terrain pour s’épargner une marche forcée dans les champs en portant son aile avant de redécoller, il prépare un atterrissage par vent arrière (le vent météo souffle très légèrement du nord), qui se termine par une magnifique chandelle suivie d’un superbe plongeon de Benoît sur le sol comme si une bombe allait exploser ! Les montants de l’aile ont tenu bon, et Benoît aussi. Second essai. Le décollage est bien, Benoît a libéré le chariot plus tôt et il suit l’ulm à la bonne hauteur, c’est tout bon… jusque vers la hauteur de 380 m, où son aile a apparemment croisé un puissant thermique qui l’a propulsée bien au-dessus de l’ulm, entraînant à nouveau la rupture du fusible, et mettant en évidence un problème d’anticipation du contrôle du tangage. Pour y remédier, il lui faudra pratiquer, toujours pratiquer, et encore pratiquer. Pour son atterrissage, face au vent, Benoît a choisi de le faire… sur le gésier ! Tous ces moments burlesques ont été immortalisés dans la vidéo ci-dessus. Plus sérieusement, je suis surpris de constater la facilité avec laquelle le fusible a cassé, alors que, vu du sol, Benoît ne semblait pas tellement au-dessus de la trajectoire « idéale » derrière l’ulm. J’en déduis que son aile doit déjà imposer une traînée relativement importante en remorqué, ce qui diminue la marge de manoeuvre avant la limite de rupture du fusible, ce qui réduit malheureusement d’autant les écarts de trajectoire. En tout cas, Benoît semble devenir expert dans la rupture des fusibles, et comme Michel en a un nombre limité, ce serait idiot de ne plus pouvoir décoller à cause d’une pénurie de bouts de ficelle. En plus, les nuages là-haut deviennent bien attrayants.

Bon, mon tour est venu de prendre l’air. Il est environ 13h10 quand je décolle. Benoît effectuera après deux autres tentatives, qui se solderont à nouveau par deux ruptures de fusible. A ceci près que la dernière a été du côté de l’ulm en sortie de décollage, inaugurant l’entrée de Benoît dans le cercle restreint des pilotes encore en vie qui se sont retrouvés avec la ligne de remorquage qui pend sous la barre de contrôle. Fort heureusement, son largueur a bien fonctionné pour libérer la ligne. La seule encombre de cette mésaventure sera d’aller fouiner dans un champ de betteraves pour la retrouver. Pour donner à Benoît une idée plus étendue du paysage dans la région, Michel l’emmènera faire un tour en ulm. Ils iront jouer avec les nuages, dont la base est à 1800 m sol dans l’après-midi.

Pendant ce temps, je me balade en l’air sur la campagne. Largué vers 850 m sol, la pompe que je croyais très puissante d’après les indications de mon vario est finalement un leurre, qui pourrait s’expliquer par un vol en mode « cerf volant » de mon aile tirée par l’ulm dans un environnement assez turbulent. Je récupère un vrai thermique 150 m plus bas sous un gros nuage un peu plus vers le sud. La pompe n’est pas extraordinaire mais elle est régulière. Je la quitte néanmoins quand elle devient stagnante pour en trouver une autre encore plus loin vers le sud. Peu à peu, j’atteins la base des nuages à 1500 m au sud-est de Beaune-la-Rolande. Que faire ensuite ? Rester en local ou tenter un circuit ? Avec Benoît, nous n’avons rien convenu. Il peut m’attendre au terrain comme il pourrait repartir avec Michel, me laissant son aile à ramener (ce que je comprendrais fort bien). Devant tous ces cumulus qui me tendent les bras, les questions et les incertitudes sont vite balayées. Priorité au vol ! Sachant que la masse d’air est assez homogène pour la journée, avec toutefois des conditions meilleures vers l’ouest au-dessus de la Beauce et moins bonnes vers la Seine-et-Marne, je décide d’essayer d’agrandir le triangle que j’ai réalisé plusieurs fois : un premier point de virage au sud vers Lorris, un second au nord-ouest de Pithiviers, et le troisième à l’est de Nemours. Voilà l’objectif de la journée ! C’est parti pour une première série de transitions-cumulus vers la forêt d’Orléans au sud. Comme d’habitude, l’aérologie au-dessus de Lorris est médiocre. Je passe un bon quart d’heure à tricoter entre 900 m et 1050 m au sud de l’agglomération pour essayer de remonter. A la faveur d’un nouveau cycle, je réussis à atteindre 1200 m sol. Tant pis si je n’atteins pas le plafond, il faut quitter le secteur si je ne veux pas y moisir tout l’après midi. Peu à peu, j’avance vers le nord-ouest en longeant les abords de la forêt, dont les paysages sont au demeurant fort jolis, sans réussir à dépasser 1300 m sol. La vitesse de croisière n’est pas bien élevée, et l’objectif de la journée commence à me paraître un tantinet ambitieux.

A l’ouest de Bellegarde, le thermique que je visais sous un beau nuage est introuvable. C’est le moment de jouer à quitte ou double, en l’occurrence sacrifier une partie de mon altitude pour atteindre un peu plus loin une zone ensoleillée qui n’est pas dans l’ombre des nuages, avec une petite forêt au sud et des champs moissonnés au nord, en espérant que les contrastes thermiques seront à l’œuvre pour créer la pompe salvatrice qui me sortira de ce mauvais pas. Si ça rate, j’ai de quoi atterrir juste en dessous, et mon vol sera terminé pour la journée. Après un point bas à 450 m sol, j’enroule un petit zéro positif, qui se transforme en un bon 1,5 m/s intégrés, pour finir en 2 m/s jusqu’à la base du nuage. Bingo !

Ma route vers Pithiviers reprend alors son cours. Arrivé au-dessus de la Beauce, je constate avec ravissement que les conditions aérologiques sont encore meilleures : les thermiques vont jusqu’à 3 m/s intégrés, et les plafonds s’élèvent à 1800 m sol. C’est l’euphorie ! Somme toute, les conditions sont conformes à celles annoncées sur le site topmétéo. Ma vitesse de croisière reprend à nouveau des valeurs acceptables pour tenter un grand triangle. Au nord-ouest de Pithiviers, je décide de l’élargir un peu plus vers l’ouest, en allant virer carrément au-dessus d’Angerville. L’enchaînement des thermiques généreux et des longues transitions est tout simplement royal. Les plafonds ont dû monter encore, mais je me limite à un peu plus de 1800 m sol pour éviter de pénétrer dans la TMA Paris 7 à 6500 ft QNH (c’est-à-dire jusqu’à 1800 m dans le thermique plus la sortie sous le nuage où ça continue encore à monter même en ligne droite). Vers l’est, les nuages se font plus rares. Après une remontée au plafond au sud-est de Sermaises, on voit que le nuage suivant dans la direction de Nemours est quand même loin, entre Malherbes et Puiseaux, et que je dois me lancer dans une transition encore plus longue (14 km d’après la trace GPS) pour atteindre la zone où des thermiques sont à l’œuvre. Mais il faut l’atteindre rapidement, sous peine d’arriver en fin de cycle, donc je vole à 80 km/h en moyenne, en consommant environ 1100 m jusqu’à la prochaine station service. Une fois à l’est de la rivière, qui n’est autre que l’Essonne, j’enroule à 700 m sol une pompouillette qui semble avoir pris sa source au sud d’une zone de champs et de bosquets carrés. Le vent du nord s’est un peu renforcé dans le secteur et la dérive est sensible. La remontée est lente, entre 20 mn et 25 mn pour dépasser les 1800 m sol. Après quelques minutes d’hésitation en transition vers Nemours, je me rends compte qu’il n’est pas raisonnable de chercher à survoler la ville en ligne directe, car il n’y a tout simplement plus de nuage au-dessus de l’agglomération, le ciel est bleu, même au dessus de la grande forêt au sud-est. C’est quand même singulier.

En attendant de mieux comprendre ce qui se passe du point de vue aérologique, je bifurque vers le nord où un thermique me rehausse dans le secteur de Larchant. Mais ce devait être la fin du cycle car j’ai beau tricoter pendant dix minutes sous le nuage, impossible de dépasser 1600 m sol. Néanmoins, ce délai m’a permis d’observer ce qui se passe à l’est du Loing, et ce n’est pas réjouissant. Le seul cumulus que je pourrais tenter d’atteindre est un nuage au-dessus de la forêt au sud-est de la ville qui fait le yoyo en se formant et en se désagrégeant aussitôt, bizarre ! Le cumulus suivant, le seul qui soit décent en allant vers l’est, est vraiment loin. D’une part, je ne suis pas certain de pouvoir l’atteindre, et si je tente, il est clair que je ne pourrai pas rentrer au terrain, car les cumulus deviennent rares entre Nemours et la forêt d’Orléans, et la finesse de mon aile n’est pas celle d’un planeur. Il est 18 heures passé, et je pense à Benoît. Est-ce qu’il m’attend au terrain ou est-il reparti avec Michel ? Dans le premier cas, ce serait quand même plus sympa pour lui si je reviens au terrain, ou si je me pose pas très loin. Car il faut préciser un détail qui n’a finalement pas eu de conséquence fâcheuse : après avoir garé ma voiture à côté du hangar, j’actionne toujours la fermeture centralisée, et je garde toujours la clé avec moi. C’est un  réflexe, sachant que lorsque je récupère mon auto le soir ou le lendemain, en général, il n’y a plus personne dans les parages. Le hic est que je ne l’ai pas dit à Benoît avant de décoller, et dans le feu de nos activités sur la piste, cela m’a échappé. Donc si j’atterris loin du terrain, il ne peut pas venir me chercher, car il n’a pas la clé du véhicule. De toute façon, la fin de la journée est proche, il est donc plus sage de renoncer à m’aventurer à l’est du Loing, et de me rapprocher du terrain au maximum. Ce n’est pas gagné, car dans mes hésitations, une fois prise la décision de rentrer, je ne suis plus qu’à 1400 m sol alors qu’il me reste 23 km à parcourir d’après mon GPS, et que le ciel est bleu vers le sud-sud-ouest. Un ultime thermique du soir enroulé à mi chemin non loin des éoliennes me remonte joyeusement à 1400 m sol et me permet de survoler Egry à une hauteur très confortable. Le tour est joué !

Comme je m’y attendais, les environs sont déserts, ce qui me laisse fort à penser que Benoît est bien reparti avec Michel, sauf que je ne vois pas son aile sur le toit de ma voiture. Et puis j’aperçois un petit point orange qui s’agite au milieu de la piste… c’est bien Benoît, qui m’a attendu tout l’après-midi tranquillement allongé dans l’herbe ! Dernier acte du vol, l’atterrissage, et comprenant que je suis dans la ligne de mire de la caméra de Benoît, je me dis que j’ai intérêt à fignoler mon retour sur le plancher des vaches, ne serait-ce que pour faire honneur aux membres du club, dont certains sont très curieux de voir comment je m’y prends. Pas un brin de vent, mon aile en finale avance vite par rapport au sol, et je vais devoir pédaler. Naturellement, au moment du poussé final, une petite bouffe vient déstabiliser mon aile par la droite, mais je la récupère en pédalant sur quelques pas supplémentaires.

Et voilà ! J’ai volé 5h22 et parcouru un triangle FAI de 154 km (Egry – Lorris, 3 km au sud – Angerville – Larchant – Egry) et la trace de mon vol est visible à l’adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20244660


Après un accueil chaleureux, Benoît me fait bien comprendre qu’il aurait bien aimé disposer de la clé de mon auto, ne serait-ce que pour accéder à son repas qui est resté dedans. Je la lui donne volontiers, mais en le voyant revenir à pied, il me dit qu’il n’a pas réussi à démarrer le moteur ! Comme quoi, mon auto n’obéit qu’à son maître ! En attendant de voir mon aile repliée, et cela prend du temps compte tenu de la fatigue et de la chaleur ambiante qui n’arrange rien, Benoît s’installe à nouveau confortablement dans l’herbe, tout heureux de pouvoir enfin planter ses crocs dans son casse-croûte du midi ! Pour terminer en beauté cette belle journée, nous nous arrêtons le soir dans un kiosque à pizza à la sortie sud de Pithiviers, où nous dégustons une bonne bière fraîche et une bonne pizza au grand air, en célébrant pêle-mêle nos vols et nos anniversaires !

Frédéric