mardi 17 mai 2022

Encore une renaissance du treuil

 A la recherche des premiers brins de muguet, j'ai la surprise de découvrir que la jachère où nous sévîmes tant de fois était tondue à ras.

L'année dernière, les graminées géantes qui y poussaient avaient transformé la Kangoo en moissonneuse.

Les kilos de graines récoltées avaient bouché le radiateur et accumulé dans les caissons du parechoc en plastoc un globiboulga où grouillaient les vers de terre dès qu'il fût humecté par une pluie.

Ce qui, avec la gestion autoritaire des pandémies qui régnait à cette époque archaïque, avait mis un terme à la saison de treuil naissante.

Ma première réaction fut donc de m'y organiser une séance de gonflage par vent fort avec appel au cobra et à l’éléphant, (mais c'est une autre histoire) puis de tenter de relancer la saison de treuil.

En même temps qu'une relance aux participants, j'allais réveiller le treuil qui démarra à la première sollicitation.

Il ne restait plus que la moto qu'un sympathisant met obligeamment à notre disposition pour aller chercher le câble.

Comme de bien entendu la charge de la batterie maigrelette n'avait pas passé l'hiver, mais les chargeurs agricoles étaient là pour y suppléer.

 
Et c'est là que s'enchaîna une suite de séquences qui rendraient superstitieux le plus rationaliste des sceptiques.
 
A la première tentative de démarrage, le relais resta collé, ce qui fait que le démarreur tournait même contact coupé.

Le temps de débrancher la batterie, il réussit à asséner le coup de grâce à la batterie déjà peu vaillante.
Après une longue suite de charge/décharge, la batterie parvint d'abord à récupérer sa polarité dans le bon sens puis à assurer suffisamment d'allumage pour le démarrage au kick.

 
A force de persévérance et de travail dans la poussière et l'obscurité, le relais fautif finit par être identifié malgré l'absence de documentation, la perversité du câblage, la duplicité des carénages et les vis rouillées et après démontage il revint spontanément à de meilleures dispositions.

Alimenté par une batterie de 4X4, le démarreur tournait mais le moteur ne démarrait pas; visiblement faute d'essence dans le carbu, il fallut remplir le réservoir à ras bord pour s'apercevoir que c'est la jauge de réserve défaillante qui empêchait la connaissance de son remplissage.
 
Il se posa ensuite le problème de remplir la cuve du carbu avec un réservoir plein dont le robinet n'avait pas de commande manuelle et ne s'ouvrait que quand la dépression de l'admission l'activait (c'est à dire qu'il ne s'ouvrait que quand le moteur tournait déjà ou qu'on aspirait à la bouche dans le tube ad hoc!) 
 
Puis le moteur reprit vie, la joie suprême qui a sûrement conditionné la vocation de multiples mécaniciens.

Les malheurs n'étaient pas finis, car un écrou prisonnier mais baladeur dans le boîtier de poignée d’accélérateur rendait le fonctionnement particulièrement capricieux.

Cependant le nombre de participants avait atteint la valeur fatidique de 2 (nécessaire pour lancer une séance) puis 3 (et même 4 lorsqu'une ancienne participante nous fit la joie de venir nous retrouver).

Malheureusement , le réglage particulièrement délicat ne survit pas aux manipulations collectives de mise en route, et nous dûmes abandonner la moto et sacrifier une voiture pour la gestion du câble.



En arrivant sur le terrain, nous vîmes une participation inhabituelle sur le terrain de modélisme, le champion de lancé main qui nous accompagnait eut vite identifié une compétition de F3K.

L'organisation avait installé sur notre terrain une base de vitesse sur laquelle des bolides radio commandés allaient à près de 200 km/h.

Le cœur serré nous dûmes annuler cette séance si durement préparée (c'est là que le moins superstitieux commence à croire que des forces maléfiques nous sont hostiles).  

La moitié des participants y étant disponibles nous planifions une séance pour le lendemain (la meilleure façon d'être sûr de prendre un train est de rater de peu celui d'avant!)

Le lendemain, (en dépit de la perte de la clé de contact de la Kangoo dans des circonstances abracadabrantes trop longues à narrer ici)  la (très) petite troupe bien rodée nous permet d'être dès 9h 10 sur le terrain désert avec notre moto préférée  enfin ressuscitée  car nous avions même eut le temps de remonter le boîtier d'accélérateur qu'un des pilotes s'était offert de rénover dans l'intervalle, rendant ainsi la moto fonctionnelle.

En fait, l'oubli de la bobine et le retour pour la chercher retardera un peu la séquence.

Sur le terrain, 2 âmes en peine errent en scrutant le sol, nous pensions que c'était des participants de la veille à la recherche de cassons, mais c'était en fait des ornithologues amateurs à la recherche de la nouvelle génération d'alouettes (que nous promettons de préserver).

La distance disponible, compte tenu de la direction du vent n'est pas très grande, surtout en tenant compte de la réserve que nous nous imposons vis à vis du terrain de modélisme (que nous diminuerons au fur et à mesure de la confirmation que les modélistes préfèrent la grasse matinée le dimanche).

Les automatismes revenant nous pouvons enfin renouer avec la grande période historique de pratique de club du treuil fixe.





La courte distance et les conditions aérologiques clémentes auraient permis l'initiation ou la reprise comme les prévisions le laissait espérer, mais là encore le problème n'est pas dans la possibilité objective mais dans la décision d'engagement des bénéficiaires.





Les conditions évoluant jusqu'à permettre au treuilleur de reprendre sa cure d'héliothérapie, le mini dynamique sur la haie d'arbre se transforme en thermo dynamique, comme un faucon (peut-être à la recherche de bébés alouettes) vient nous le démontrer.

C'est peut-être aussi le même qui se livrera plus tard à une attaque dont le treuilleur sortira indemne!


 
Une parapentiste de passage vient égayer la solitude du treuilleur jusqu'à la fin de la séance et contribuer à la noria du câble
 

A la fin de la séance; les conditions aérologiques et un treuillage vigoureux permettent aux pilotes de tenir un peu et de retrouver les automatismes du vol un peu atténués par la longue inaction.




La matinée se termina par un déjeuner convivial pour les derniers participants disponibles comme au bon vieux temps mais en comité plus restreint.

En conclusion: une nouvelle fois la persévérance malgré des conditions jugées hostiles permet d'atteindre le but fixé puisque nous avons réalisé 8 treuillées dans la matinée.
 
Les derniers vols comportaient tous les ingrédients du vol libre: un gonflage et un décollage maîtrisés, une montée optimisée par une trajectoire rationnelle, un largage au meilleur des conditions locales, la gestion du dynamique et des thermiques et enfin un atterrissage correct.
 
Certes il n'y avait pas de quoi affoler les compteurs d'un quelconque challenge mais simplement la fierté d'avoir mené au but un projet malgré les difficultés et le sort contraire (qui ira jusqu'au crash du moniteur du PC pendant la rédaction du blog!). 

Il ne reste plus qu'à finaliser les espérances qu'a fait naître cette première séance réussie.


C.B.
 
 

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