mercredi 7 août 2019

Deux vols de distance depuis Clécy

La possibilité de voler à Clécy ne m'avait pas effleuré pour ce mercredi, le vent prévu allait chercher dans les 25-40 kmh aux heures habituelles de vol.

Lorsque Frédéric m'a sollicité pour demander de l'assistance au décollage pour voler en Atos, j'ai accepté volontiers mais en catégorisant la journée en évolution deltiste exclusif  (Pas de chance, mon delta est prisonnier derrière une montagne de choses à ranger dans le garage et je n'ai pas sur place mon harnais delta).

Mais j'accepte volontiers d'aller assister Frédéric au décollage, cela me permet une pause agréable dans mes chantiers d'été. Frédéric me signale qu'il ne tient qu'à moi de me lever tôt et de profiter des conditions plus calmes au petit matin. Les prévisions m'indiquent des conditions encore décollables à 8 h et franchement un peu forte vers midi.

Arrivé à 8h30 sur le site, je vois un groupe d'élèves de Plaine Altitude tranquillement briffés par leur moniteur avant les préparatifs au décollage sud.
Le vent est léger avec une petite composante Est. Au début les décollages sont doux. Je m'abstiens de décoller trop tôt et effectue quelques gonflages dans la partie arrière du décollage. Le vent forcit doucement et pour les derniers élèves, vers 9h30, le décollage dos voile est un peu rock and roll,  mais les moniteurs assistent efficacement la manœuvre.

Juste après le dernier élève, je décolle et prends de l'altitude sans difficulté. Mon vol m'amènera plusieurs fois en chemin vers la base des nuages qui ne savent pas trop à quelle direction s'en remettre, venant aussi bien du sud est que du sud ouest. Je tente plusieurs fois de progresser vers l'avant du site, pour rallier le nuage suivant mais sans beaucoup de succès.



Après une heure de vol, l'agitation en l'air a progressé et après une tentative d'atterrissage au sommet au Sud peu convaincante, je décide d'aller me poser prudemment à l’atterrissage de secours Est. Ce terrain, à environ 1 km du décollage et en contrebas, nous avait été indiqué par un pilote local lors de notre sortie de juin. Mais cette fois ci les pilotes locaux sont affirmatifs, ce décollage n'a rien d'officiel.

Lorsque Frédéric arrive vers midi, l'ennuagement du ciel est satisfaisant :



Le montage de l'Atos se fait au calme au décollage Ouest

Patrice rejoint l'air de dépliage et se prépare à tester une aile Littlespeed dont il a réparé les outrages du temps (deux deltas sur le site, c'est un rassemblement géant...).

Frédéric installe son magnifique smartphone dédié à l'application de cartographie aérienne SDVFR.

Quelques parapentistes ont délaissé le décollage Sud pour venir à l'Ouest et donnent une indication de la force et des variations du vent au décollage

La vidéo montre les décollages de Frédéric et de Patrice. Patrice se contentera de se poser près de chez lui vers Falaise, Frédéric nous livre son récit ci dessous de son vol Calvados - Seine et Marne.
Benoît




Mercredi 07 août 2019. Un beau ciel de traîne s’étend de la Normandie jusqu’en Bourgogne, après le passage d’une perturbation qui s’évacue plus à l’est. Curieusement, en dépit de l’homogénéité du ciel en cumulus dans toute cette région, visible sur le site topmétéo, les distances annoncées potentiellement réalisables en delta sont dérisoires, du genre pas plus de 70 km. Je me dis que c’est probablement à cause du vent, qui est plutôt soutenu (ouest 15 à 20 km/h en moyenne, 35 km/h max), et qui, pour ce site, constitue un facteur dégradant s’il est trop fort. Pourtant, pour parcourir de grandes distances en vol libre, le vent a toujours joué un rôle important. Ma petite voix me dit de ne pas me fier à cette information, et que la journée sera excellente pour tenter à nouveau ma chance.

Compte tenu de l’orientation du vent, deux sites sont possibles pour décoller : Egry, décollage en remorqué, mais avec un vent de travers soutenu (pas terrible), et avec une distance potentielle réduite puisque la Bourgogne devrait toujours être recouverte par la fin de la perturbation, ou Saint Omer en Normandie, vent de face au décollage, ciel ouvert vers l’est et pavé en cumulus à perte de vue, mais le site est à environ 250 km de mon domicile et il me faut 3h30 pour y arriver.

Je choisis la seconde option, qui me semble la plus prometteuse pour le vol libre. De surcroît, déjà rôdé par une expérience insolite quelques jours plus tôt dans le secteur de Clécy, il me semble tout à fait opportun de poursuivre sur ma lancée et de continuer à battre le fer tant qu’il est encore chaud !

Dans l’ignorance de la possible fréquentation du site de Saint Omer par les parapentistes locaux lorsque le vent est plutôt fort pour eux, je bats le rappel de mes amis deltistes dans la région, en l’occurrence Benoît, El Presidente du DPCNP, qui aménage une piscine dans son domaine de Cambremer, et Patrice, seul deltiste restant dans le Calvados, ancien instructeur et accessoirement pilote remorqueur à Clécy, pour me prêter assistance au décollage si nécessaire. Comme le vent est prévu faible le matin, Benoît vient avec son parapente et sera présent sur le site dès 8h30 heures pour savourer une heure de vol dans la matinée. Quant à Patrice, il me dit de ne pas m’inquiéter, il y aura des parapentistes, et lui-même viendra dans le milieu de la journée pour voler en delta.

Départ du logis vers 8h30, arrivée sur le site vers midi. Les cumulus me semblent encore bas mais le plafond va monter. Le temps de dire bonjour de ci de là, de monter mon aile, de préparer mon matériel sous l’œil intrigué de quelques parapentistes, le temps de rater le cycle qui se terminait avant la rafale (un thermique sous un gros nuage) qui arrivait juste au moment où je me suis présenté au déco, assisté par Benoît et par Patrice, qui ne s’est alors pas privé de me lancer « il va falloir que tu revoies tes fondamentaux pour décoller à pied en delta sur un site naturel ! », finalement, je décolle à 14 heures. C’est un peu tard pour la journée, mais bon, c’est ainsi. Benoît a eu la bonne idée d’emporter sa caméra sport fixée à son casque de vol libre, ce qui lui a permis de filmer une partie de son vol ainsi que mon décollage, tout en ayant les mains libres soit pour piloter sa voile, soit pour tenir l’extrémité de mon aile.

Une fois en l’air, finis les « conseils » sarcastiques. Je vole seul et mes ressources me suffisent pour tirer mon épingle du jeu. Le vent n’est plus de l’ouest mais carrément du sud-ouest, 18 à 20 km/h en moyenne d’après la balise FFVL. Sur la campagne, il va falloir « craber » vers le sud pour éviter de tamponner dans les TMA de Paris. Pour l’instant, j’en suis encore à tricoter au-dessus du déco pour croiser un thermique. Après une tentative infructueuse qui m’a néanmoins permis de gagner 450 m en altitude, vingt minutes après mon décollage, j’enroule enfin la pompe qui m’emmène à la base du nuage, voire même un peu dedans, à 1200 m par rapport au déco, soit 1420 m QNH. C’est parti !

La suite du vol a été fantastique. Ma balade aérienne a démarré au pays de Guillaume le Conquérant, pour finir... en Seine-et-Marne !! Un premier point bas se produit à 500 m au-dessus de la plaine de Falaise, et le puissant thermique qui me remonte s’appuie justement sur l’une des collines à l’est de la plaine, celle qu’on aperçoit au nord de Trun. Ensuite, les cumulus s’enchaînent les uns après les autres, et j’ai l’immense plaisir de redécouvrir la beauté de la Normandie vue du ciel. Tous ces bocages, c’est magnifique ! Certes, il y a une quinzaine d’années, il m’était arrivé d’aller me poser, au départ de Saint Omer, près de Vimoutiers ou du Haras-du-Pin, voire une fois au-delà de Lisieux. Aujourd’hui, c’est autre chose, je remonte par la voie aérienne la route que je connais depuis des années pour aller voler à Clécy : Falaise, Chambois, Gacé, Saint Evroult Notre Dame du Bois, L’Aigle, Verneuil sur Avre… L’émerveillement est l’émotion qui revient le plus souvent, entre deux phases de concentration pour enrouler un thermique.

Par ailleurs, après Falaise, le plafond s’est élevé à 1850 m QNH, ce qui ne gâte rien. Mon GPS indique que j’ai atteint le kilomètre 100 au bout de 2h20 de vol. En enlevant les vingt premières minutes au-dessus du déco, cela fait une très bonne vitesse moyenne. Une fois le plein d’altitude achevé au sud de Verneuil, l’idée me vient qu’il vaut mieux jouer la prudence en ne poursuivant pas vers Dreux, car le vent me pousse en plein milieu des TMA parisiennes, mais en prenant un cap vers le sud-est, c’est-à-dire vers Chartres, ce qui me permettra d’anticiper le contournement des TMA en visant une route passant à l’ouest de Chartres. Et la route au sol est justement toute tracée, il suffit de la suivre. La ville grossit à vue d’œil tandis que je retrouve une région familière, la Beauce, en pensant que la poursuite du vol sera du gâteau puisque les cumulus sont partout et que les conditions au-dessus de cette région par une belle journée ensoleillée comme aujourd’hui sont généralement très bonnes. Mon œil ! Que nenni ! La suite des évènements va vite me faire déchanter.

Après avoir refait le plafond au nord  de l’ancien aérodrome de Senonches, dont la moitié du terrain est recouverte par des panneaux solaires photovoltaïques (vu d’en haut, c’est joli à voir), je vise vers le sud-est plusieurs gros nuages qui coiffent une agglomération entourée au nord et à l’ouest par une forêt. Le temps d’y arriver, je me retrouve quand même à 640 m sol. Mais le cycle est terminé, la pompe est molle tandis que les nuages au-dessus semblent se désagréger. Pas de chance. Pour couronner l’affaire, je me retrouve pris dans une grosse « dégeulante » à -3,5 m/s… Tout le secteur est dans l’ombre d’autres nuages qui sont plus à l’ouest. Mon vol semble sur le point de finir prématurément. En ultime recours, je me dirige vers le seul champ qui est encore éclairé par le soleil… et c’était là où il fallait aller, car, à 280 m sol, j’ai pu enrouler un gentil thermique, que je ne lâche pas, et qui se renforce même au cours de la montée.

La masse d’air semble avoir changé, car, au sommet de cette lente remontée, mon altitude dépasse à peine les 1400 m sol (1620 m QNH), c’est singulier. La base du nuage est certes plus élevée, mais le thermique s’est envolé avant d’avoir pu l’atteindre. Peut-être les effets du vent qui « hache » les pompes. La dérive inhérente à cette opération de sauvetage m’a par ailleurs bien rapproché des TMA. Il est bientôt 17h30, les nuages tendent à s’espacer davantage, et retrouver ma route par l’ouest de Chartres m’obligera à voler avec une composante de vent de face, ce qui risque d’être fatal. Si je vais plein sud, je vais survoler la ville, et là ce n’est pas mieux non plus car je suis encore loin de l’agglomération et en cas de nouveau point bas, la mauvaise posture risque d’être catastrophique. Il ne me reste donc plus qu’à trouver un chemin par l’est de Chartres, dans l’espace aérien dédié aux planeurs de Bailleau, dont le plafond est à 4500 ft QNH (1371,6 m, soit 1147 m environ par rapport au déco de Saint Omer).

Pendant une heure que dure ce passage délicat, je suis passablement tendu. La zone commence à être dans l’ombre des nuages à l’ouest, les thermiques sont difficiles à trouver, je ne parviens pas toujours à les tenir, et quand j’en tiens un qui monte régulièrement sans s’évanouir, je dois le quitter avant l’altitude maximale pour ne pas tamponner la TMA au-dessus. C’est épuisant nerveusement. Ma trajectoire est en dents de scie : vers l’est dans les thermiques, et vers le sud entre deux pour tenter de quitter cette zone de malheur au plus vite. Plusieurs fois, je crois que le vol est bientôt fini, par exemple en allant atterrir sur l’aérodrome de Bailleau. Et puis dans les basses couches, il se trouve toujours un thermique parti de je sais où, qui vient envelopper mon aile et qui me permet de regagner de l’altitude. Merci à la Providence ! L’appli de navigation SDVFR, installée dans le smartphone que Jean m’a prêté, m’est naturellement très précieuse,  notamment pour surveiller le rapprochement de la fin de la zone plafonnée. Curieusement, l’appareil s’éteint juste à la sortie, quand le ciel est enfin libre. En général, il s’éteint au bout de 5h30 de vol, mais là, cela s’est produit une heure plus tôt. Ce n’est pas grave, car étant maintenant en territoire connu, je peux m’en passer.

Ayant reconnu le village de Ouarville, pour être souvent passé par là en allant à Aigneville depuis Brétigny, je sais que si je conserve une route qui ne dépasse pas vers le nord une ligne est-ouest passant par ce village, je n’ai plus à m’inquiéter de pénétrer dans une TMA au plancher bas. Celui de la TMA Paris 7 qui coiffe toute la région est à 6500 ft QNH (1981,2 m). Le plafond maximal du jour étant inférieur à cette altitude, la voie est à nouveau libre, je peux à nouveau enchaîner les thermiques dans le sens du vent. La A10, la N20, la vallée de la Juine, Méréville se dessinent puis s’effacent de mon champ de vision. La masse d’air au dessus de la Beauce a vraiment changé, car d’une part, je ne parviens pas à atteindre la base des nuages, mon altitude maximale restant cantonnée à 1600 m QNH, et d’autre part, les cumulus ont une allure bizarre, comme s’ils étaient formés puis déchirés en permanence. Mais bon, il est 19 heures passées, ce n’est plus l’heure d’attendre un miracle. Après un dernier thermique enroulé au nord-est de Sermaises, je file droit sur la grande forêt au nord-est de Malesherbes coiffée par un cumulus isolé, en espérant profiter un peu de la restitution… sans succès. Même résultat en survolant une autre forêt quelques kilomètres plus loin. Etant maintenant vraiment bas, il faut trouver un champ pour atterrir. Avec toutes les moissons qui ont eu lieu dans la région, je n’ai que l’embarras du choix. Posé entre la forêt des Trois Pignons et celle au nord-ouest de Nemours, non loin du dernier espace boisé survolé afin de pouvoir replier mon aile à l’abri du vent tout en la portant au sol sur une courte distance. Il est presque 19h40. Fatigué, mais heureux ! Quel vol !!

La récupe, même si elle aussi a été éprouvante, s’est mieux organisée. Elle est donc moins exotique et moins truculente que celle du  13-14 juillet.

Une fois mon aile repliée et rangée discrètement dans un fourré, ayant l’impression d’être plus prêt de Malesherbes que de Nemours, je me suis mis à marcher vers l’ouest à travers la forêt, traversant ainsi le village de Boissy-aux-Cailles, puis vers le sud-ouest pour rejoindre la route vers Malesherbes, en espérant attraper le dernier RER vers Paris. Le stop ne fonctionne pas, et en arrivant sur la route principale dans le village suivant, il fait déjà nuit. Le stop fonctionne encore moins. En dernier recours, ayant vu de la lumière par les fenêtres d’une maison, je sonne au portail. Un homme bienveillant est arrivé, et après un échange cordial, je lui demande gentiment s’il veut bien m’emmener à Malesherbes pour attraper le dernier train. Comme ce n’est pas loin (6 km), il accepte volontiers, sort sa voiture, et me dépose à la gare. Super ! Manque de pot, l’employée de la SNCF qui travaille la nuit (la ville est le terminus de la ligne), m’apprend que le dernier train est parti à 19h48, qu’ici, on est dans le Loiret, le soir, il n’y a rien, c’est désert, et que j’aurais mieux fait d’aller à Nemours où des RER circulent tard dans la soirée. Tout au mieux, il y a l’hôtel de la gare en face. Bon, sentant qu’une tentative nocturne de stop vers Nemours ou Etampes serait compliquée et ne serait pas nécessairement une réussite, j’ai trouvé plus sage de tenter ma chance à l’hôtel. Bien m’en a pris, car ayant pu contacter le propriétaire juste avant qu’il n’aille se coucher, il m’informe qu’il a une chambre libre, et pour un prix modique. Je suis ainsi aux premières loges pour monter dans le premier RER du matin à 5h20, ce qui me permet de voyager dans le train Paris Caen qui arrive à destination à 10h30. Puis, un bon copain de longue date, qui est rentré de congé la veille au soir et qui a justement une course à faire dans Caen ce matin là, me récupère au vol à la sortie de la gare et m’emmène directement à Saint Omer. Retour paisible, ponctué de quelques pauses dodo, sur 268 km dans la chaleur du jeudi 8 août pour récupérer mon aile, le retour au logis (60 km) étant ensuite plus rapide et moins fatigant.

Nous avons quand même pris la peine d’informer de bon matin l’école locale de vol libre qu’un deltiste, parti la veille en vol sur la campagne, vient récupérer son véhicule laissé en stationnement. Cela évite de refaire le coup bien involontaire d’il y a quinze ans, où un instructeur, inquiet de voir le véhicule d’un deltiste sans nouvelles toujours au même endroit le lendemain matin, avait appelé la police qui s’était déplacée et qui était sur le point d’envoyer un hélicoptère à la recherche d’une aile dans la direction supposée du vol. J’étais arrivé à ce moment la fleur aux dents, bien surpris de la tournure des évènements !

Mon vol a duré 5h37 et j’ai parcouru 239 km sur la campagne entre Saint Omer et La Chapelle-La-Reine via Ouarville. La trace du vol est disponible à l’adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20274133.



Ce fut un vol magnifique, mon premier vol de ce type depuis la Normandie, enrichi par de très beaux paysages. Le jeudi 8 août, le ciel était à nouveau pavé de cumulus haut perchés, avec un vent du sud plutôt costaud. Mais pour ma part, outre l’occupation de la récupe pour toute la journée, impossible d’en profiter, j’étais cuit, ce sont les contingences d’une récupe delta autonome suite à un beau vol de la veille !

Epilogue. Je pensais détenir la primeur du jour pour ce vol sur la campagne. Mais non, un parapentiste m’a coiffé au poteau, et de loin ! Ce parapentiste normand, un excellent pilote, a parcouru 308 km le même jour au départ de Saint Omer. La trace de son vol : https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20273846 . Il a décollé vers 10h40 (on peut dire que c’est optimal par rapport à 14 heures !), il a volé environ 9h40, sa vitesse moyenne de croisière retenue sur la CFD est de 33,4 km/h (44 km/h pour la mienne), et il s’est posé dans l’Aube près du village de La Louptière-Thénard. Bravo !!

Frédéric

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