mercredi 24 août 2022

Calcul caissonnaire

Certains pensent, à l'inverse de Danton, qu'on emmène toujours sa patrie à la semelle de ses souliers, voici comment j'ai emmené une partie du Fenouillèdes à la pointe de mes rémiges.

Après avoir trouvé un alignement des planètes entre les obligations familiales et la météo capricieuse, je me dirige plein d'une mâle assurance vers le déco d'un petit site secret proche de la maison.

 

La situation se présentait bien, il avait juste fallu outrepasser les velléités hégémoniques des bobos qui ont de plus en plus tendance à vouloir privatiser les voies ouvertes à la circulation publique (financées par la collectivité) lorsqu'elles passent près des superbes propriétés qu'ils se sont fait bâtir dans les zones désertiques où ils cherchent une solitude hautaine loin de la plèbe.

Compte tenu du contexte, j'ai pris un peu de retard en multipliant les précautions et le vent en a profité pour commencer à forcir; ce qui est normal en ce lieu à cette époque.

Cette bonne Atlas est montée docilement et j'ai commencé un vol que j'ai trouvé un peu nerveux pour une reprise mais très intéressant et esthétique.


 
 

Quand j'ai eu ma dose, j'ai chaussé l'accélérateur pour rejoindre l'atterro.

Après une prise de terrain très minutieuse, car le terrain est en pente descendante et il fallait s'attendre à des déclenchements thermiques, j'ai réussi à me poser de façon à peu près satisfaisante (en ayant une petite pensée pour Alex!).

Certes, pour des morts-de-faim de la perf', ce n'aurait pas énorme mais, de même que la bonne longueur des jambes, c'est quand elles touchent le sol; pour moi la bonne longueur d'un vol, c'est quand on n'a pas à se forcer pour le prolonger.

Sur ces fortes pensées,  je me dirigeais vers une petite pinède proche pour plier à l'ombre, quand un Catalan est venu discuter (ce qui est aussi un agrément du vol libre)


En repliant soigneusement la voile, j'ai eu la surprise de sentir dans un caisson ce que j'ai d'abord pris pour une grosse pomme de pin qui s'est avérée finalement être une pierre de plus d'un kilo.

Bizarrement, elle ne m'a pas gêné, ni au gonflage, ni en vol, même si le pilotage a été constamment très réactif donc pas très fin.


 

 

J'ai alors reconstitué le scénario le plus probable, car il n'y avait aucune pierre dans la pinède de l'atterro et l'analyse des photos de Lou (qui m'a obligeamment servi de reporter) montre bien le caisson où elle devait être.

Le déco est constitué d'une banquette qui est la piste (publique) par où on arrive, et la pente par le cône d'éboulis de cette piste qui est relativement instable mais suffisant pour courir quand on est sustenté, quoique mal adapté à un contrôle face voile d'école.

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J'avais donc d'abord mis la voile bien à plat sur la piste (où elle n'a pu avaler de pierre), mais comme la longueur du suspentage me gênait à cause de l'endroit dont il déterminait ma position dans la pente, j'ai décidé de reculer la voile au bord de la piste, ce qui m'a permis de l'appuyer sur le talus, ce qui compense un peu le déventement de la rupture de pente et que je fais le plus souvent possible en paramoteur.


Mais ce talus étant aussi instable que la pente de l'autre côté, c'est forcément là que la pierre à dû dévaler puis être avalée par un caisson affamé de l'Atlas.

Je me suis souvenu qu'à l'époque héroïque du delta, certain compétiteur avait réglé une aile un peu tordue en attachant une pierre en bout d'aile (et la mienne n'était pas vraiment au bout).

La conclusion de cette minuscule anecdote, c'est qu'un excès de précautions peut nuire (un peu) et qu'il peut être combattu soit par des précautions encore plus extrêmes (respecter les interdictions scélérates, contrôler visuellement en transparence lors de la tempo du face voile) soit par une action adéquate, même si apparemment elle a l'air moins sécurisée (mettre la voile en boule sur le chemin et se fier à son équilibre pour le retournement dans la pente)

CB








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