vendredi 13 mai 2016

merci Robert

       Cet après-midi, c’est Robert qui nous réunis, qui nous invite, une dernière fois, à partager un moment avec lui.
       En votre nom à tous, mais particulièrement au nom des membres du Delta Para Club de Neuilly-Plaisance que Robert avait crée, je voudrais lui rendre hommage pour ce qu’il a été, lui dire merci, aussi, pour ce qu’il nous a donné.
       Robert avait une forte personnalité que nous connaissions bien. Il avait le sens du commandement et de la décision. Il aimait la vie, la vie partagée avec les copains. Il était un homme actif toujours prêt à se lancer dans de nouvelles œuvres. Il était toujours prêt, également, à inviter les copains ou à donner un coup de main, cachant sous un air bourru un grand cœur. Et malgré ses affirmations convaincues, il y avait en lui doute et interrogations sur le sens de la vie, sur «  l’après de la vie », comme il disait.
       Dans sa jeunesse, pendant la guerre, il avait été  marqué par ses années de pensionnat, avec son frère, à Fontenay-s-bois, chez les Franciscains, puis au Puy-en-Velay, à la Manécanterie. Ces années avaient été pénibles, matériellement (on ne mangeait pas toujours à sa faim) et affectivement (loin de ses parents). Mais il gardait une vraie reconnaissance à ses éducateurs  et un fond chrétien en face duquel, toute sa vie, il s’est interrogé.
       Et puis, il a fait des études de métreur qui lui ont permis de  monter une entreprise de couverture-zinguerie-plomberie qui comptait parmi les P.M.E. de Neuilly-Plaisance et qui comptait aussi, sur le marché parisien, parmi les entreprises bien spécialisées  de couverture-zinguerie.
       Entre temps, une autre période de sa vie a eu beaucoup d’importance : son servie militaire, dans les Paras, après la 2° guerre mondiale : il a pris alors le virus du grand ciel bleu, le besoin de se retrouver libre dans l’air, et aussi, peut-être, celui de foncer sans s’occuper des obstacles.
       Ces deux virus l’ont amené, d’abord  à se lancer dans le pilotage des U.L.M., ces petites machines volantes qui ressemblent aux premiers avions, puis à fonder un club « d’hommes volants ».Il fut un pionnier dans ces deux domaines et, ces dernières années, sa fierté mêlée d’étonnement, c’était  de voir que son club, pris en mains par d’autres, existait  toujours.
       Ce serait trop long de vous raconter tous les bons moments que nous avons passés ensemble au cours de nos sorties. Pour le pilotage d’U.L.M., il faut l’avouer, Robert a eu quelques déboires, dont un accident sérieux. Pour en garder le souvenir, il avait accroché l’hélice cassée sur le mur de son bureau et, malgré son envie de voler, il avait, également et définitivement,  raccroché. Pour le Delta, il a été sage de comprendre que, vu son âge  et sa difficulté à être un élève docile, il valait mieux qu’il arrête. Mais cela ne l’a pas empêché de continuer à participer aux sorties du club au cours desquelles il remplissait très gentiment le rôle ingrat de chauffeur  pour faire la liaison entre le décollage et l’atterrissage. Et le soir, son plaisir c’était le repas, bien arrosé et  agrémenté de cigarillos où il aimait la discussion, « refaire le monde » comme il disait, surtout quand lui, le patron dans la vie , il pouvait s’accrocher avec les membres du club, ouvriers syndicalistes dans la vie. La discussion était vive mais toujours amicale et le petit sourire qu’il gardait au coin des lèvres relativisait, bien sûr, la véhémence de ses propos.
       Voilà ce que nous avons vécu avec Robert et ce pourquoi nous voulons lui dire merci.
       Mais, si vous n’êtes pas trop fatigués de m’écouter, il faut que je vous dise un mot de ses autres  initiatives. Il y en a eu beaucoup. J’en retiens deux :
      La construction d’une église au monastère de la Bouenza, au Congo Brazza. Vers 1988, à l’appel d’une association d’architectes demandant un technicien pour diriger la pose d’une couverture en panneaux spéciaux, Robert s’est porté volontaire et est parti plusieurs mois là-bas pour réaliser cette couverture, emmenant avec lui  un ouvrier de son entreprise et il ajoutait avec malice : un algérien musulman…pour construire une église catholique. Malheureusement, quelques années plus tard, la guerre civile a détruit son ouvrage et Robert en est resté » meurtri.
      Et puis, il y a eu l’expédition  mémorable qu’il a organisée avec quelques amis de Neuilly-Plaisance  et d’ailleurs, pour traverser en voiture le Sahara, bien avant que le « Dakar » soit crée. Il est retourné dans le Hoggar, mais cette fois pour marcher, plusieurs fois.
      Robert avait besoin de faire, de faire quel que chose de nouveau. A une certaine période, chaque fois que je le rencontrais, il m’apprenait qu’il s’était lancé dans une nouvelle activité : une fois, la kermesse de la paroisse, une autre le tri de médicaments pour l’Ordre de Malte ; je crois même me souvenir qu’il s’était lancé, un moment, dans la distribution de prospectus dans les boites aux lettres…mais ça n’a pas duré. Il y a eu aussi la période du labo photo et celle de la sculpture…et les timbres et surtout, quand il était jeune marié, la période des Castors, cette association au sein de laquelle il a construit sa maison.
      C’était Robert, débordant d’énergie, de dynamisme, ayant toujours envie de faire quelque chose de nouveau, sans jamais s’étendre sur ses problèmes de santé, toujours prêt à inviter les amis. Il y a moins d’un mois, je lui téléphone pour lui faire une petite visite : il a tenu à m’inviter à déjeuner, m’a fait la cuisine et m’a demandé quand les  anciens du club viendraient le voir.
       De lui, nous gardons cette image, une image que la maladie de ces derniers mois n’a pas altérée. Merci, Robert, pour cette image que tu nous laisses.
       A Vous, sa famille, son épouse, ses enfants, en vous exprimant  toute notre sympathie, nous disons simplement: que cette image de Robert soit un soulagement à votre peine, qu’elle reste en  vous comme un beau souvenir.
       Robert, souvent,  tu aurais aimé te retrouver  avec nous dans le grand ciel mais tu te contentais de nous dire au moment du décollage : « Bon vol ». Maintenant, c’est à nous de te dire: « Bon vol », dans ce nouveau ciel où tu es désormais. « Robert, Bon vol »

Y.A.






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