dimanche 6 août 2017

Vols des 6 et 7 Août





Le dimanche 6 août, la chance m’a souri à nouveau, et j’ai pu faire un très beau vol. La journée a été magnifique. Déjà, il y avait de beaux cumulus haut-perchés dans le ciel, alors que les prévis annonçaient des thermiques purs. J’ai décollé pas trop tard à Egry (12h40), et comme la dérive en altitude était faible, j’ai décidé de tenter un triangle, en tenant compte aussi du fait qu’on est au mois d’août et que la convection n’est plus extensible à souhait jusqu’à 20h voire 21h comme au mois de juin. Depuis la base ulm à Egry, je suis descendu vers le sud presque jusqu’à Lorris (dernière agglomération avant la grande forêt d’Orléans), et comme le ciel était tout bleu dans les environs de cette ville, je me suis méfié et j’ai préféré ne pas la survoler (souvenir d’un point bas l’année dernière et des déboires pour remonter). Ensuite j’ai mis le cap vers Pithiviers, au nord-ouest, avec le vent de face. Cela ramait un peu pour avancer, mais avec les plafonds élevés (1700 m au-dessus du sol dans les barbules) et des pompes puissantes, j’avais de la réserve pour faire de longues transitions entre deux nuages sans risquer de me retrouver trop bas et sans perdre trop de temps à remonter. J’ai vu quelques buses voler ensemble en ligne droite, c’était beau. Au-delà de Pithiviers, le ciel est devenu tout bleu, de rares petits cumulus indiquaient de ci de là encore la présence d’un thermique. Quand il n’y a plus de nuage, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de thermique, mais que la masse d’air est trop sèche pour que la vapeur d’eau se condense en nuages. En tout cas, si thermique il y a, le problème est qu’on se sait pas où, car pour déterminer au sol les zones de contrastes thermiques qui peuvent déclencher des pompes alors que tous les champs sont quasiment de la même couleur, c’est compliqué, et en fait c’est très aléatoire, et on peut vite se retrouver au tas. Je souhaitais initialement effectuer mon second point de virage à Méréville, près de la N20 au sud d’Etampes, mais le seul cumulus qui trônait dans le secteur me semblait trop loin à atteindre (sans oublier la possibilité que le cycle du thermique soit terminé une fois arrivé sous le nuage...). J’ai donc préféré en rester à Thignonville, entre Sermaises et Méréville, où une pompe m’a remonté un peu en dessous de la base du petit nuage (je me suis limité à 1800 m sol, soit environ 1910 m par rapport à la mer, en raison de la présence de la TMA Paris 7 en classe A à 6500 ft QNH, soit 1981,2 m QNH). Le ciel était d’une limpidité exceptionnelle. De tout là-haut, on voyait loin partout (sauf face au soleil), et notamment on voyait tout Paris. C’était beau ! Ensuite, j’ai le cap vers l’est où la région de Nemours et de la forêt de Fontainebleau générait davantage de cumulus. Mais pour l’atteindre, il fallait traverser une vaste zone de ciel bleu... Alors j’ai fait confiance, je me suis dit « on y va, et on verra bien ». Il se trouve que j’ai pu croiser un ou deux thermiques, venus de je ne sais où, et qui m’ont permis de reprendre du gaz et de continuer ma route. Il se trouve également que j’ai eu la chance de croiser une ribambelle de planeurs, évoluant certainement dans le cadre du concours de vol à voile de Bailleau. On a eu plusieurs fois l’occasion de spiraler ensemble à peu près au même niveau (et de jouer à celui qui montera le plus vite, et pour ça, mon aile a des atouts), Comme ils volent naturellement bien plus vite que mon aile, et comme ils allaient aussi vers l’est, ils me balisaient tout simplement les pompes dès que je les voyais se mettre à tourner en gagnant de l’altitude. Entre Malesherbes et la région à l’est de Nemours, j’ai eu droit à un festival de planeurs qui se suivaient et avec lesquels je spiralais joyeusement dans les thermiques. Souvenirs de vélivole, c’est quand même beau de voir voler tous ces planeurs. L’un d’entre eux, un biplace, que j’avais perdu de vue dans une pompe parce qu’il était derrière moi, a surgi par en dessous à toute vitesse en passant très près. Surpris durant une seconde, j’ai vite compris que les pilotes voulaient jouer eux aussi, et on se faisait des grands signes pour se saluer ! Au nord-est de la forêt de Nemours, au sud de Moret-sur-Loing, le ciel était à nouveau tout bleu. L’après-midi était déjà bien avancé, la convection commençait à s’estomper et les thermiques se faisaient plus rares. Une ultime tentative vers l’est sous un cumulus dont la pompe était introuvable m’a convaincu qu’il était temps de faire demi-tour et de tenter de rentrer au terrain. Un morceau de chance, une zone de forts contrastes thermiques juste au sud de la forêt de Nemours, chapeautée par un beau cumulus, a généré une bonne pompe qui m’a remonté à 1800 m sol. Après une dernière pompe en franchissant le Loing, vers le sud-ouest, il n’y avait plus rien. Ni nuage, ni planeurs, qui étaient repartis chez eux. Avec le soleil dans les yeux, pas évident de déterminer précisément la route à suivre. Entre la centrale de Gien au sud, et la ville de Pithiviers que j’apercevais à l’ouest, je me suis dit que viser entre les deux devrait faire l’affaire. Après un long vol plané où j’ai dû voler vite pour échapper à des zones de « dégueulantes » et optimiser la finesse déjà pas énorme, j’ai aperçu enfin les bâtiments caractéristiques de la Gare d’Auxy, indiquant que le terrain d’Egry n’est pas loin. Grâce à une dernière pompe providentielle qui m’a remonté à 1000 m sol, j’ai pu rejoindre le terrain. J’ai volé 4h51 et parcouru un triangle FAI de 150 km ( https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20222837 ). Mon pilote remorqueur était toujours là, en train de papoter avec un pilote constructeur d’un autogire, et l’accueil s’est passé avec des sourires jusqu’aux oreilles de joyeux éclats de rire. Raconter la journée, replier mon aile tranquillement sous un beau soleil d’une belle fin de journée d’été (mais pas trop chaude), la vie est belle ! Je suis reparti dans mon auto avec une joie indicible, heureux de vivre de tels moments, c’était bien.
Voici le décollage en remorqué le 6 août


Fort de cet enthousiasme, j’ai appelé mon autre pilote remorqueur à Saint Benoît qui revenait de week end pour lui demander s’il serait disponible pour me remorquer dès le lendemain. Les prévis annonçaient un vent d’est et des plafonds à 2000 m, alors il ne fallait pas rater ça, même si c’étaient des thermiques purs, et même si la fatigue du soir était bien présente. Finalement, le plafond annoncé était loin d’être au RdV. Des cirrus (prévus) ont envahi le ciel, réduisant singulièrement la convection. Un copain deltiste était là, et on a volé chacun deux heures. On a spiralé à deux reprises ensemble dans la même pompe au même niveau, c’était sympa, cela m’a rappelé les planeurs de la veille. Mais surtout, les couleurs de la Loire vue d’en haut, avec les dégradés tout en nuance entre le vert clair ou le vert foncé des algues, et les tons des couleurs du sable ou la terre, ainsi que les courbures locales de l’écoulement du fleuve, étaient magnifiques. Ce vol du lundi ne s’est pas passé comme je l’envisageait, mais il m’a apporté tout ce que je demandais : un vol sympathique pas trop fatigant avec des beaux paysages, et quand même un retour le soir à mon domicile (à force de piquer du nez en conduisant, même lentement, j’ai dû m’arrêter sur la route pour dormir un peu...). Mon vol du dimanche doit être relativisé par rapport à celui d’un parapentiste qui n’a pas eu froid aux yeux en profitant d’un vent fort du ONO la veille pour réaliser une grande distance entre Clécy et un patelin à l’est de Nemours... 256 km en 6h30... Chapeau ! J’avais hésité à aller voler, en raison du vent de travers plutôt fort sur la piste, du danger que cela représente pour l’ulm au sol, et de la couverture nuageuse qui semblait bien dense en milieu de journée mais qui s’était bien dégagée en fin d’après-midi. En IdF, mieux valait se réserver pour le lendemain. Si des grandes distances d’ouest en est ont plusieurs fois été réalisées en parapente au nord de la Loire, à ma connaissance, l’inverse n’a pas encore été fait, et le challenge reste ouvert.

FL

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