vendredi 21 juin 2019

Distance 3 points au dessus des forteresses médiévales


En parallèle aux exploits des valeureux athlètes qui participent à la phénoménale « X-Alps race », certains parapentistes de la plaine ont réalisés des vols très honorables, au départ de la Marne, des Yvelines ou du Calvados : https://parapente.ffvl.fr/cfd/selectionner-les-vols (critères = du 20 au 23 juin 2019, distance supérieure à 100 km).

L’un d’entre eux, Denis Chouraqui, a réitéré le 20 juin un vol bien sympa entre Clécy et l’IdF (posé près d’Etampes, il a parcouru 211 km), et le 22 juin, il s’est même payé le luxe d’atterrir... sur les Iles Chausey !! Après analyse de sa trace, il a parcouru les 18,4 km qui lui restaient au-dessus de la mer après son dernier thermique en 21 mn 17 s et en perdant 1114 m, ce qui lui donne une finesse sol de 16,5 à 51,9 km/h en moyenne. Compte tenu du vent d’est qui soufflait à 16,4 km/h, cela lui fait une finesse air de 11,3 à 35,5 km/h de moyenne, ce qui est déjà pas mal, mais heureusement, c’est moins qu’un delta. Cela me rassure un peu, bien qu’aller atterrir en delta aux Iles Chausey, ça je ne le ferai pas, ou alors bonjour la récupe... ! Un coup d’oeil aux horaires des transports maritimes nous indique qu’il a dû passer la nuit chez Marin Marie, en admirant le coucher puis le lever du soleil, à moins que des amis l’attendaient sur un voilier... Formidable, n’est-il pas, comme soirée improvisée !

Dans tout ce ballet de joyeux libéristes, il y a même un deltiste qui s’est invité dans leur festival. Et comme pour bien marquer sa différence, il a volé le jour ou aucun parapente n’a volé, en l’occurrence le 21 juin (festoyer en musique ou voler, il faut choisir !).

Décoller en delta à Jeufosse dans un vent de 10 km/h seulement (le samedi 22) n’est pas du tout engageant, car c’est un billet pour un plouf magistral fort probable (en évitant de le faire dans la Seine). Quant à décoller à Clécy dans un vent d’ouest de 18 km/h (le jeudi 20), c’est tout à fait jouable, bien qu’un peu limite pour tenir en l’air en attendant de croiser un thermique. Mais il faut avouer que les prévis pour la Normandie n’étaient pas terribles, donc peu encourageantes pour rouler pendant 4 heures sur 250 km dès l’aurore...

Alors que les prévis du vendredi 21 au-dessus de la Beauce et du Gâtinais étaient parfaites (vent faible 10 km/h secteur NNE, plafond annoncé 1400 m dès 13h, des cumulus partout...). En plus c’était le jour où Michel M prévoyait d’aller voler en ulm à Egry avant de descendre le lendemain au bord de la mer dans le sud de la France... Donc l’invitation par Dame Nature à me joindre à lui coulait juste de source.
 
Tenter un triangle dans le secteur ou une distance sur la campagne vers le sud-ouest en contournant les TMA d'Orléans par le nord ? Je me serai décidé en fonction des conditions réelles rencontrées. Mais la deuxième option était séduisante, pour changer et voir des horizons que je n'ai pas vus depuis longtemps, et aussi parce que les meilleures conditions étaient prévues au-dessus de la Beauce.

Le début du vol fut plutôt mitigé, impossible d'atteindre la base des nuages. Cheminer vers l'ouest alors que le vent, même faible, me pousse vers le sud, cela ralentit passablement la progression, à fortiori si les thermiques ne sont pas très puissants. Point bas à 470 m sol au-dessus de Yèvre-le-Châtel, où j'ai pu admirer la forteresse médiévale d'un peu plus près, mais où j'ai pu aussi croiser et tenir dans un thermique salvateur qui m'a permis d'envisager la suite du vol avec plus de sérénité.

Ce n'est qu'à partir de Pithiviers où j'ai pu enfin caracoler dans les nuages. Vers l'ouest, le ciel était couvert à 5/8e de cumulus. Donc des étalements alternaient avec les bonnes pompes, qui, compte tenu du vent relativement faible, se trouvaient plutôt au soleil des nuages.

Le petit smartphone que Jean m'a prêté, et équipé du logiciel SDVFR, a été salutaire pour éviter de tamponner dans certaines zones réglementées, dont une dans le secteur de Viabon dont j'avais oublié l'existence et que j'ai dû contourner en perdant plus de mille mètres (mais partant de 1850 m QNH, il me restait assez de marge pour retrouver au sud de Voves de quoi remonter, même si ce fut doucement), et une autre vers Tours (les TMA Tours 2 et 4 qu'il faut absolument éviter sous peine d'invalider le vol).

L'arrivée dans le secteur du Gault-Saint-Denis s'est accompagnée d'une pensée pour notre ami Hervé Rousseau, propriétaire de la base ulm d'Aigneville, ainsi que d'une petite pointe de nostalgie au regard de tous les souvenirs de vol libre vécus pendant douze ans au départ de cette base.

De mémoire, la TMA Orléans 7, juste au sud, qui coiffe la CTR de Châteaudun et qui s'étend à perte de vue vers l'ouest, est très souvent inactive le vendredi après-midi.

Las de naviguer en dents de scie, je me suis dit qu'il est temps de profiter un peu plus du vent arrière, et d'augmenter un tantinet ma vitesse de croisière. Donc plus d'hésitation pour aller sous un gros nuage situé justement dans la TMA, et après un petit jeu dans les barbules à plus de 1800 m QNH, cap vers le sud-ouest, notamment vers le Loir-et-Cher, la vallée du Loir, et au-delà, la Sarthe. Les paysages sont toujours aussi beaux.

Un appel du lendemain à la TWR de Bricy m'a confirmé que je ne m'étais pas trompé, la TMA Orléans 7 était bien inactive.

Pour l'heure, le vent s'est légèrement renforcé, ainsi que la puissance des thermiques (jusqu'à 3 m/s intégré), c'est tout bon ! A l'issue d'une trajectoire en flèche (à 70 - 80 km/h) vers l'ouest-nord-ouest, pour éviter la TMA Tours 2 et aussi parce qu'il y avait là un gros nuage isolé qui avait l'air bien alimenté, une bonne surprise m'a été offerte : celle d'enrouler un puissant thermique, qui a commencé à 2 m/s, et qui s'est terminé... à 5 m/s intégré. L'euphorie !!

En quelques minutes, je me suis retrouvé propulsé dans le nuage à plus de 2000 m QNH sans trop savoir dans quelle direction je volais...surtout préoccupé de retrouver la vue vers le sol et de sortir de là rapidement. Juste en dessous, il y avait des bâtiments agricoles qui devait produire une activité fortement exothermique.

Malheureusement, cet épisode fantastique, plutôt rare dans des vols de plaine, sonna aussi le glas de la journée. Les thermiques suivants étaient trop mous ou insuffisants pour me remonter, même au-dessus d'une petite forêt qui n'a rien donné quand je l'ai survolée.

Dans le secteur, les champs valables pour atterrir n'étaient pas légion, et comme les arbres grossissaient de plus en plus, alors tant pis pour la poursuite du vol, l'heure étaient venu de choisir rapidement un champ correct et d'y atterrir.

Le champ sélectionné, d'herbe fraîchement coupée et entouré d'arbres, était finalement assez long pour me poser sans difficulté.

 




Ce fut un vol très chouette sur la campagne entre le Gâtinais et la Sarthe, qui comme toujours s'est terminé trop tôt, et qui a été couronné par un accueil très sympa dans la famille du fermier qui m'a vu atterrir (à Marigné-Laillé) : rafraîchissement, causerie, repas, et même transport jusqu'à la gare d'Ecommoy où le dernier TER du jour m'a conduit au Mans.

Hôtel dodo (la fête de la musique aux oubliettes), TGV tôt le lendemain vers Paris, RER C vers Etampes, bus vers Pithiviers (seulement trois le samedi, il ne faut pas rater l'horaire), jusqu'à Egry en stop direct en deux voitures, et enfin 420 km tranquillement par les petites routes pour récupérer mon aile, saluer mes hôtes, et rentrer au logis.

La trace de mon vol est visible à l'adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20268932 .

J'ai parcouru 180 km en 5h46. Pour la petite histoire, pendant la première partie du vol jusqu'au point de virage après le Gault-Saint-Denis, avec un vent globalement de travers légèrement inférieur à 10 km/h, j'ai parcouru 90,6 km en 3h46, ce qui donne une vitesse de croisière de 24 km/h. Celle-ci a bondi à 44,7 km/h durant la deuxième partie du vol, où j'ai parcouru 89,4 km en deux heures, avec un vent arrière de 14,6 km/h en moyenne.

Ci-dessous quelques photos prises au cours de la récupe du samedi 22 juin.

Le joli château de Combreux, entre Bellegarde et Châteauneuf-sur-Loire.


Un canal dans la forêt d'Orléans.
 

Un lieu insolite, et ombragé pour accueillir une pause dodo, en arrivant à Tresson, entre Saint-Calais et Ecommoy, où le tramway circulait pendant la première moitié du 20e siècle.


Un coin de fraîcheur bienvenue dans l'église du Grand-Lucé

 
Un peu d'histoire, un lieu des templiers qui remonte au 12e siècle, à Arville.
 


Annonce de la fête de la musique à Yèvres, à côté de Brou, dans l'Eure-et-Loir.


Et puis aussi :   
Atterro champêtre à Esmans (77) le 15 juin ; Egry et le Château de Mez Le Maréchal le même soir.



A la base ulm à Saint Benoît sur Loire, le 17 juin ; un champ de coquelicots à l’atterro.


Frédéric

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