vendredi 6 mai 2022

Triangle FAI de 193 km en Swift

 Bonjour à tous


Pour faire rêver Gérard, qui me l’a suggéré au cours d’un échange privé suite à l’annonce de son problème de santé qui le contraint temporairement à rester sur le plancher des vaches, et plus généralement pour faire rêver tous les handicapés que nous sommes ou devenons avec l’âge et les excès ou les ignorances en tout genre (j’en fais aussi partie, de la troupe des déglingués de la charpente : problème d’arthrose à un genou depuis quatre ans, qui est certes bien résorbé, mais qui m’a encore valu en mars dernier de risquer de brouter la terre et de finir aux arbres en décollant à Bar sur Aube avec mon Atos - heureusement que le vent de face était assez fort pour sustenter mon aile alors que ma course avait été réduite à une peau de chagrin), voici quelques éléments encore chauds de mon premier vol de la saison en Swift sur la campagne.

La trace est disponible à l’adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20320234

C’était vendredi 6 mai, après la perturbation de la veille.

Après avoir rendu visite deux ou trois fois à des aérodromes voisins (Mondreville et Montargis), dont les clubs ont eu la gentillesse de m’accueillir pour me laisser peaufiner mes décollages et atterrissages en Swift sur une piste large, y compris avec un peu de vent de travers, je me suis enfin décidé à décoller, et à atterrir, en Swift depuis la piste d’Egry (20 m de large, plutôt étroite pour mon aile à dièdre négatif). Non sans avoir pris la peine de passer deux ou trois heures, le samedi précédent, à défricher la piste (coupe ou déterrement des grosses touffes d’herbe, avec un sécateur ou une grosse binette), sur une bande de 100 m par 10 m afin de me garantir une aire de roulage la plus saine possible pour décoller et atterrir sans encombre. Avec l’accord de Michel, le propriétaire (fort sympathique), j’ai aussi défriché les premiers plots de la piste pour pouvoir les déplacer temporairement et m’assurer une largeur maximale à l’atterrissage.

Le jour J, les prévis indiquaient une bonne instabilité, avec toutefois un vent de secteur nord de 15 km/h au sol, et les émagrammes étaient quand même alléchants. Arrivée tardive au terrain, encore des affaires que je voulais encore régler au plus vite. Déjà, vers midi, il y avait des cumulus partout !!!

Décollage à 13h20, sous les yeux de Michel Moussier, après avoir pris le temps de monter mon matériel tranquillement, avec soin et concentration. Impeccable ! Arrêt du moteur (mais non du système électrique) dans une pompe que j’ai enroulée à 260 m sol (utilisation minimale du moteur afin de limiter l’échauffement et d’économiser la batterie en cas de problème de retour au terrain). Arrêt du système électrique à une altitude plus élevée, genre 600 m.

Curieusement, le plafond était plutôt bas (vers 1100 m sol), et la circonstance de n’avoir pas pu être prêt à temps pour décoller une heure plus tôt ne m’est finalement plus apparu si regrettable. Comme la masse d’air était homogène, avec des jolis cumulus vraiment partout, c’était l’occasion de tenter une nouvelle grande balade aérienne sur la campagne. Alors j’ai ressorti le triangle FAI que je connais par coeur (Lorris vers le sud, Angerville vers le nord-ouest, Nemours et au-delà à l’est, et retour home), en tentant de l’élargir à chaque nouveau circuit. A ceci près qu’en Atos, c’était toujours en été, par vent calme et avec des plafonds d’au moins 1500 m à 13 heures. Aujourd’hui, le plafond était beaucoup plus bas et le vent du nord soufflait plus fort. Mais j’avais confiance dans les performances de mon appareil, qui vole beaucoup plus vite qu’un Atos et avec une meilleure finesse, et surtout la présence du moteur que je peux démarrer à tout instant me procurait une sérénité inébranlable, également très précieuse pour être bien à l’écoute des réactions de mon aile en la travaillant dans les thermiques.

Le plafond s’est élevé très doucement au cours de la journée (max 1840 m par rapport au terrain vers 17h30, dans le secteur de Malesherbes). Premier point de virage à 4,5 km au SSE de Lorris. Au prochain triangle, j’essaierai de pousser plus au sud, jusqu’à Sully. Second point de virage à 2,5 km au NO de Baudreville, tout près de la A11 en direction de Chartres. Si la météo parapente indiquait en théorie une convection jusque vers 20 heures, dans la réalité, dès 18 heures, les cumulus devenaient bien clairsemés, beaucoup avaient déjà tiré leur révérence, et je n’avais pas encore atteint Nemours. Les forêts et les bosquets ne restituaient pas énormément, j’ai un peu grenouillé entre Nemours et le terrain de Moret-Episy, et quand j’avais retrouvé péniblement l’altitude de 1200 m sol, je me suis dit qu’aller virer à Pont sur Yonne serait pour un autre jour et qu’il fallait vraiment rentrer maintenant pour avoir encore une chance de le faire sans le moteur. Enfin bon, à plus de 30 km du terrain, c’était loin d’être gagné.

A 19 heures, il n’y avait quasiment plus rien. Deux ou trois nuages trônaient au-dessus des bosquets au sud ouest de Nemours, mais les thermiques qui les alimentaient s’étaient évaporés, ou bien je les avais perdus, ou encore ils étaient trop faibles pour pouvoir me rehausser. Alors tant pis, cap vers Mondreville, et si nécessaire, je rentrerai au moteur. Je me suis ensuite rendu compte que si la chaleur restituée par les champs et les rares bosquets n’était pas suffisante pour me permettre de regagner de l’altitude, elle avait néanmoins le grand avantage de réduire le taux de chute, notamment en survolant les champs de colza. Alors au lieu de voler à la vitesse de finesse max, je me suis mis à voler à la vitesse de chute mini, ou entre les deux, de façon à minimiser le taux de chute... tandis que le vent contribuait à me ramener vers Egry. C’est ainsi que j’ai vu sur mon Compeo la finesse sol augmenter à 30 voire 40 points, tandis que je me rapprochais lentement mais sûrement vers mon objectif. Passage à côté de Mondreville à 460 m sol, je continue ! Une pompouillette croisée en chemin au-dessus d’un champ de colza m’a rehaussé de 30 m, mais le vent aussi participait. Survol d’Auxy à moins de 200 m sol. Toujours à deux doigts de rallumer le moteur, abaissant de plus en plus l’altitude minimale critique, je me suis finalement retrouvé en local du terrain d’Egry à une hauteur suffisante (90 m ?) pour effectuer tranquillement mon approche et me poser court, comme prévu, à nouveau sous les yeux de Michel Moussier qui avait fait plusieurs vols en ulm, dont un à 2000 m au-dessus des nuages. C’était gagné ! Circuit bouclé sans me servir du moteur pour rentrer ! Merci à la restitution des champs. La composante arrière du vent dans la dernière branche a également été salutaire.

Mon vol a duré 5h54 et j’ai parcouru 206 km en DL5, et 193 km en triangle FAI. Encore une belle journée, bien qu’il me soit aussi arrivé de grelotter dans l’habitacle malgré mes vêtements, notamment lorsque je volais dos au soleil (il y a toujours des petits courants d’air dans un Swift). Le soir, au cours du repliage de mon matériel dans sa remorque, la rosée qui est tombée soudainement est venue finalement à point nommée pour me permettre de nettoyer sans effort les bords d’attaque et d’enlever facilement tous les moucherons qui s’y étaient collés en l’air.

Pour tous les handicapés que nous sommes ou devenons, je ne peux à nouveau, avant que vous n’ayez plus que les modèles réduits pour voler (sourire), et avant que votre âme ne s’envole d’elle-même définitivement, que vous encourager sans limite à vous lancer dans l’aventure du vol libre en Swift, notamment motorisé électrique ! C’est trop chouette, c’est trop génial, c’est grandiosement magnifique, c’est superbement formidable !! Je vous souhaite de beaux rêves, et d’en réaliser encore quelques-uns, comme disait un chanteur bien connu !

A bientôt !

Frédéric



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