jeudi 6 avril 2017

Départ du site de Jeufosse


Ce Jeudi d'avril est choisi pour  valider le décollage en delta depuis le site de Jeufosse, les prévisions météo indiquant une force et une direction du vent appropriées.

Le décollage de Jeufosse demande un peu de portage depuis le parking. Là avec une aile de près de 50 kg, il s'agit plutôt de traction :

Traction grandement facilitée par 2 belles roues

Le site surplombe les 2 bras de la Seine et l'atterrissage de secours :  l'île dont on ne revient en barque que si on a résolu le problème du transport du chou, de la chèvre et du loup. Le second bras de la Seine ne se voit qu'en se penchant au bout du site.

L'objectif de tout pilote décollant de ce site  est bien entendu de sortir du bocal et de faire de la distance. Ici le poste de pilotage d'un des 4 pilotes de parapente vu ce même jour sur le site

 Le vent manque de constance, une rafale de vent soulève allègrement un parapentiste, juste après le gonflage de la voile face voile
  

La préparation de l'aile, un Atos, ne prendra qu'une petite heure

Voilà l'aile montée, exhibant ses 13 mètres d'envergure

Prêt à décoller avec un seul assistant tenant la plume gauche

On réquisitionnera un second assistant, en charge aussi de la prise de vue, pour stabiliser l'aile dont les longues plumes sont difficiles à discipliner dans les rafales de vent

C'est parti, avec un survol à une hauteur largement suffisante au dessus des arbres en contre-bas du décollage. Frédéric récolte les résultats des efforts de débroussaillage du site lors de la journée de mars, journée à laquelle il a participé
 
 Et l'Atos s'élève rapidement au dessus du décollage


La vidéo du décollage est là
Pour la suite, c'eut été super de pouvoir accompagner en vol Frédéric pour continuer les prises de vue, mais très au delà de mes capacités de deltiste, donc je vous livre son récit ci-dessous.

BdlB et Frédéric

Entre la "bousculade" du retour au logis jeudi soir, celle du boulot aujourd'hui toute la journée, et celle d'aller
quand même récupérer mon auto à Jeufosse ensuite, je n'ai pu découvrir les vidéos du décollage que ce soir (avec un grand plaisir). Elles me permettent notamment de voir qu'avec le vent qu'il y avait (15 km/h en moyenne, rafales à 20 km/h),ça décolle tout seul et que je passe largement au-dessus de la végétation en contrebas (et de surcroît sans les rouleaux qui avaient été créés par les arbres non encore coupés en juin 2014 et qui m'avaient fichu à l'époque une belle frayeurau décollage). A d'autres occasions, je pourrai donc décoller avec un vent plus faible (2 ou 3 km/h en moins), sans oublier que le bon rendement de la crête n'est aussi valable que si elle alimentée avec un minimum de vent, et vu le temps que j'ai passé à tricoter avant d'enrouler une pompe décente, il ne faut pas non plus décoller avec un vent un tantinet trop faible (si les parapentes peuvent raser les arbres, mieux vaut éviter ce petit jeu pour les deltas).

Cela dit, petite forme en effet, et la présence de deux solide gaillards (dont Benoît) pour tenir mon aile,
qui ne demandait qu'à gigoter comme une anguille au gré des turbulences, a été tout simplement salutaire.
Un grand merci à eux ! En petite forme également pour résister au froid là-haut qui n'en finissait pas de m'engourdir, malgré des gants plus épais. Mais les prévis météo indiquaient un ciel bouché avec des plafonds à 1000 m, alors je le suis dit que mon vol ne durerait pas longtemps, juste pour montrer faisabilité du décollage en delta,et c'est tou t naturellement que j'ai laissé mon damart thermolactyl à la maison !

Bon, je vous accorde que la volonté de profiter de cette belle journée en priorité à été plus forte que les inconvénients. Il n'empêche que les thermiques étaient un tantinet hachés, et que j'ai passé beaucoup de temps à tourner et tourner comme un manège tandis que le vent travaillait pour moi. Plafonds moyens pas très hauts, entre 1200 m et 1400 m QNH (une fois à 1600 m après Dreux, car avant, il y avait aussi la TMA Paris je-ne-sais-plus-combien, limitée à 4500 ft QNH). Pour  couronner l'affaire, les nuages avaient quasiment disparu au sud-ouest de Dreux et à l'ouest de Chartres. Il fallait donc viser les champs de couleur claire, en tenant compte de la dérive avant d'enrouler quoi que ce soit. Et parfois (et même souvent), j'enroulais un thermique en me demandant d'où il venait, mais peu importe, il était là, pour quelques tours avant de le perdre, et d'en enrouler un autre un peu à côté ou un peu avant ou un peu après, jusqu'à ce que le gain d'altitude soit suffisant pour ne pas passer plus de temps à tenter de grappiller quelques mètres.
Deux points bas, moins de 300 m sol, à me convaincre que le vol était fini, et puis c'était reparti,
au-dessus ou sous le vent d'un champ de couleur claire, avec parfois un cumulus qui se formait et qui disparaissait avant même d'avoir atteint les barbules (et parfois avec les odeurs de fumier au-dessus des fermes).La campagne des vallées de la Seine et de l'Eure, de la Beauce, de la vallée du Loir, et de la Touraine ont ainsi défilé sous mes yeux, en voyant nettement l'évolution des paysages. En fin de journée, ciel tout bleu, j'apercevais Tours au loin vers le sud-est, thermiques faibles et hachés par un vent qui lui ne faiblissait pas, la restitution des forêts ne donnait rien tandis que leur taille grossissaient singulièrement vers le sud, alors je me suis dit qu'il était temps de trouver une prairie pour atterrir.

Et, ça tombait bien, un champs d'herbe immense coincé entre eux forêts et exempt d'animaux me tendait les bras. Une fois au sol, il y a eu quelques minutes un peu sportives où mon aile a failli être emportée tandis que je la portais vers la grande lisière des arbres au vent, afin de pouvoir la replier dans un endroit protégé. Il était environ 18 heures quand j'ai appelé Benoît pour le soulager d'une attente angoissée qu'il masquait tant bien que mal en essayant de finir le montage des films ! (sourire).  Moins de deux heures plus tard, mon aile était dissimulée dans un fossé, mais toujours dans le champ, et je me suis alors rendu compte que les vaches avaient réinvesti les lieux bien plus tôt que je ne le pensais. Bigre. Dans l'ignorance de leurs réactions possibles sachant que mon vêtement était rouge, j'ai pris soin de faire le grand tour du champ avant d'en trouver l'entrée et d'aller à la rencontre des habitants de la maison juste à côté.

L'homme, propriétaire de chevaux, mais non des vaches, m'a accueilli avec beaucoup de sympathie, et m'a expliqué que si les vaches tombent sur mon aile dans le fossé, elles ne se priveront pas de jouer au bulldozer avec, et qu'il valait donc mieux la mettre à l'abri. Ancien deltiste à Annecy (c'est insolite), le courant est tout de suite bien passé entre nous, et il m'a carrément proposé de chercher mon aile à pied à travers champ (environ 300 m) et de la ramener dans son jardin, où elle serait bien protégée. Un brin de causerie, il m'a expliqué qu'on est à une quinzaine de kilomètres au nord de la Loire et à une trentaine à l'ouest de Tours (d'après le gps, j'ai parcouru un peu moins de 200 bornes), puis il m'a emmené jusqu'au village voisin.

En quatre véhicules sans attente entre deux,  je fus rapidement rendu sur les bords de la Loire à Tours.
Le dernier TGV du jour vers Paris (à 22h14) m'a permis de regagner mon logis à Brétigny pour y dormir une nuit relativement courte, d'autant plus courte que je devais me lever assez tôt pour un RdV au boulot le matin,que j'ai pu honorer sans faillir. Pour regagner Jeufosse à pied et en transport, c'est facile, il suffit d'arriver à Saint Lazare aux heures de pointes où un train direct s'arrête à Bonnières, et de faire un peu de stop juste à la sortie de la gare où une âme bienveillante, enthousiasmée par un brin de causerie, me conduit directement jusqu'à mon auto, dans l'environnement paisible du soleil couchant et du gazouillis des oiseaux.
Demain samedi, voyage en Touraine, pour récupérer le matériel chez mon hôte.

Alors je crois que dimanche, je vais me reposer un peu, histoire de regonfler la petite forme !

FL

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