samedi 14 juillet 2018

Ne Chaumont pas le 14 juillet pour boucler un circuit

Suite à la belle journée du vendredi 6 juillet à Egry, puis une autre dès le lendemain à Saint Benoît, où j’ai pu rentrer au terrain in extremis au bout de trois heures de vol, avec des plafonds variant entre 1700 m et 2000 m, et agrémentées d’un point bas tendu à 360 m sol au sud-ouest de Châteauneuf-sur-Loire, la fatigue accumulée due à l’énergie dépensée au cours des vols, aux déplacements entre mon domicile et les terrains ulm, et aux nuits de sommeil altérées par la chaleur ambiante, commençaient sérieusement à se faire sentir, et il devenait impératif de faire une pause. Les prévisions météo du samedi pour la semaine suivante n’ayant pas révélées de journée extraordinaire, le dimanche a été consacré à un repos tranquille, sans prendre la peine de vérifier l’évolution des prévis. Le lundi midi, au cours d’une conversation téléphonique avec Martin Morlet, pour échanger des informations à propos du super vol qu’il a réalisé le samedi 7 juillet depuis un site près d’Arcy-sur-Cure jusqu’à Limoges, il m’a confirmé l’absence de cumulus au-dessus de la Sologne vue du sud-est (le ciel bleu au-dessus de cette zone peu hospitalière m’avait incité à la prudence en évitant de m’y aventurer), et il m’a surtout annoncé que ce lundi, les conditions étaient excellentes pour tenter des vols de distance au départ de Jeufosse, que lui-même ne pouvait pas s’y rendre pour des raisons professionnelles, et que, pour ma part, j’ai complètement zappé. Le lendemain, la CFD parapente révélait que les meilleurs pilotes ont parcouru plus de 300 km vers la Vendée en neuf heures de vol… Chapeau !!! Fort de ce coup d’aiguillon, qui m’a rappelé à quel point il faut en permanence rester vigilant pour espérer saisir les belles journées quand elles se présentent, je me suis remis l’affût avec ma panoplie de sites de prévisions.

Une très belle journée se profile à nouveau vers la fin de la seconde semaine de juillet, et la date du jour J est finalement prévue pour le samedi 14 juillet. Comme c’est une journée sans vent, il faut décoller en remorqué. Malheureusement, aucun des trois pilotes remorqueurs entre l’IdF et le Loiret n’est disponible ce jour là ! Pour réussir à voler, je dois donc m’expatrier. Une communication avec Bruno Capelle, qui vole en Haute Marne et qui peut remorquer, m’apprend qu’il est parti voler en Espagne, mais que je peux tenter ma chance auprès de l’un des autres pilotes d’ulm de son club, situé à Laville-aux-Bois, à 5 km au sud-est de Chaumont. Le trésorier, qui se prénomme François, est disponible le 14 juillet et accepte de venir me remorquer. C’est génial ! On se fixe un rendez-vous au terrain vers midi. Branle bas de combat, toutes mes affaires sont prêtes la veille au soir, afin d’assurer un départ du logis vers huit heures (rare !) et une arrivée vers onze heures et 260 km plus loin par l’autoroute. A ce stade, il faut signaler que l’arrangement paysager du terrain est bien agréable, car les nombreux arbres au bout du chemin d’accès permettent de garer la voiture à l’ombre, et le bosquet juste à l’est du hangar permet de monter l’aile également à l’ombre, du moins avant midi. Enfin, une grosse citerne remplie d’eau de pluie permet de se rafraîchir l’épiderme, même si l’eau n’est pas potable. Bien que je fus prêt pour décoller vers midi un quart, un excès de causerie avec mon pilote remorqueur, une touche d’entretien que je voulais finir sur mon aile, une mise en piste avec le chariot plus longue qu’imaginée, et une rupture de la ligne du côté ulm juste au début du roulage, que le pilote a bien dû prendre le temps de réparer, sont à l’origine d’un glissement de l’heure de décollage, qui a lieu finalement peu avant 13 heures. Les premiers cumulus étant apparus entre midi et midi et demi, je ne perds qu’une demi-heure, mais qui m’aurait peut-être permis de rentrer au terrain à la fin de la journée.

François m’emmène au-dessus de la Marne au nord-ouest du terrain, où en général les pompes sont puissantes. Effectivement, vers 300 m sol, je croise un premier pétard que j’aurais pu enrouler direct, mais par prudence, je préfère rester accroché derrière l’ulm. Comme nous avions convenu de monter en cercles au-dessus de la zone, je m’attendais à ce qu’il refasse un tour, ce qui m’aurait permis de me larguer dans le premier thermique à une hauteur plus confortable. Mais non, je vois l’ulm qui met le cap au sud-est vers un gros nuage, qui génère au sol une grande surface dans l’ombre, et qui est tout simplement en train de se désagréger (François, qui vole ulm depuis trois ans, n’a jamais pratiqué le vol libre ou le vol à voile, et ce détail lui a échappé). L’ulm vole vite, autour de 80 km/h, et je suis obligé de mettre les volets au neutre pour adoucir le pilotage et éviter de me faire trop secouer dans les turbulences. Ne pouvant communiquer avec François, je décide de le suivre jusqu’à une hauteur assez importante, du genre 1000 m, afin de me donner de la marge pour revenir vers le premier thermique. Malheureusement, celui-ci vit sa vie, et il ne m’a pas attendu. Une fois en mesure de l’enrouler, il est finalement tout mou. Le nuage au-dessus ayant bien gonflé, toute la zone au sol propice aux contrastes thermiques est dans l’ombre. Ce que je redoute finit par arriver avant longtemps : j’ai pu regagner à peine 300 m que le vario se met déjà à indiquer des valeurs légèrement négatives. J’ai beau tricoter dans tous les sens pour tenter de retrouver une pompouillette, rien, le cycle est vraiment terminé. Ce petit ballet va m’emmener directement au terrain si je reste là. Le moment est venu de jouer à nouveau à quitte ou double, et je ne pensais pas qu’il arriverait si tôt. Près de la Marne, j’aperçois un champ moissonné taillé dans une forêt au sommet d’une colline, elle-même coiffée par un petit nuage. Les quelques minutes pour l’atteindre sont un peu tendues car en prime, je traverse une « dégueulante » et malgré une prise de vitesse pour en sortir rapidement, mon vario indique -3 m/s sur tout le trajet. A 300 m au-dessus du champ, mon vario indique enfin des valeurs positives. Faible au début, la pompe salvatrice se transforme en un bon 2,5 m/s intégrés, pour atteindre même 4,5 m/s intégrés. Bingo ! Néanmoins, je dois bientôt la quitter pour rester en dessous de la TMA Saint Dizier 3, dont le plancher est à 5500 ft QNH (1676,4 m), avec une marge d’une centaine de mètres en hauteur sachant que pour de telles vitesses verticales, ça continue souvent à monter même après être revenu en vol horizontal.

Il est 13h45. L’épisode « galère » a duré une quarantaine de minutes, et en ajoutant la demi-heure initiale avant de décoller, mon retard dans l’évolution de la journée commence à prendre de l’importance. La possibilité de réaliser un grand triangle sur la campagne semble remise en question. Néanmoins, il fait beau, il y a des cumulus partout, alors profitons-en au maximum. Pour atteindre l’espace aérien non limité en altitude, il suffit de voler quelques kilomètres vers le sud, d’après mon nouveau système de navigation que Jean m’a gracieusement prêté. Au sud de Chaumont, un nouveau thermique me propulse à l’altitude très confortable de 1680 m par rapport au terrain (2050 m QNH), et la base des nuages est encore plus haute ! Bon, la journée est excellente, il y a moyen de réaliser un beau circuit. Initialement, j’avais dans l’idée de descendre jusqu’à l’aérodrome de Til-Châtel, que j’avais survolé le 1er août 2016 avant d’atterrir près du village de Fontaine-Française où mes rencontres après le vol avaient été extraordinaires. Ensuite, je m’étais dit que ce serait sympa de suivre, par la voie aérienne, la route touristique en direction de Troyes, afin d’admirer d’en haut les jolis paysages que je n’avais pu voir à l’époque puisque, une fois mon aile récupérée le lendemain soir, il faisait nuit noire. En fixant un second point de virage entre l’aérodrome et la ville de Bar-sur-Seine, avant le retour au terrain vers l’est, cela fait un triangle FAI de 200 km. Soyons fous ! L’objectif de la journée étant fixé, je mets le cap au sud pour essayer d’atteindre mon premier point de virage, distant d’une soixantaine de kilomètres, quitte à écourter ensuite le circuit prévu si les conditions deviennent délicates. Une pensée pour Gérard en survolant la jolie vallée de la Suize, dont c’est le pays natal. Soudain, mon beau système de navigation s’éteint, à cause de la batterie défaillante qui a déjà rendu l’âme en dépit de mes pronostics et que je dois remplacer. Au moins, il m’aura servi à éviter de tamponner dans la TMA de Saint Dizier. Pour la suite du vol, je ferai donc comme d’habitude, c’est-à-dire en fonction de mes connaissances plus ou moins précises de la géographie.

Deux ou trois thermiques plus loin, j’atteins enfin la base du nuage, à 2480 m QNH. C’est formidable ! J’enchaîne direct sur une longue transition d’une quinzaine de kilomètres, au bout de laquelle, 1100 m plus bas, une nouvelle pompe me propulse à 2540 m QNH, à la vitesse moyenne de plus de 2,5 m/s. Pour couronner l’affaire, il se trouve que le gros nuage au-dessus est le premier d’un petit alignement (le vent souffle très légèrement du nord). Pendant plusieurs minutes exaltantes, il m’est ainsi offert de caracoler sous les barbules en volant en ligne droite, avec des pointes à 90 km/h pour sortir de la base d’un nuage, et en ralentissant pour remonter allègrement dans un nouveau courant ascendant, c’est tout simplement magique ! Je quitte ce festival à 2580 m QNH, en laissant sur ma gauche la ville de Langres et son lac plus à l’est. Il y a toutefois un bémol à cette belle mélodie : des bancs de cirrus glissent dans le ciel, et ils sont suffisamment épais pour détruire complètement la convection dans la zone de leur ombre portée, même si c’est temporaire. Le secteur de Til-Châtel est justement recouvert par l’un de ces bancs. Pour atteindre l’aérodrome et surtout pour en repartir, je dois alors gagner le maximum d’altitude au plus près de la zone non convective, puis me lancer dans une longue transition en me rapprochant au mieux de mon point de virage tout en économisant mon altitude pour me permettre de raccrocher pas trop bas. A la fin de la première phase, je quitte la base du nuage à 2480 m QNH, tandis que l’aérodrome est bien en vue (entre 10 km et 15 km). Sept minutes plus tard et 700 m plus bas, un signal d’alarme m’envahit : je ne dois pas aller plus loin, je dois virer maintenant. Tant pis pour le survol de l’aérodrome. Je m’engage immédiatement vers le nord-ouest, notamment vers le cumulus le plus proche et qui n’est pas à côté. Une petite zone de turbulence vient pimenter le moment en forçant la vitesse de chute de mon aile, augmentant dans la foulée mon inquiétude d’un nouveau point bas. J’enroule finalement le thermique recherché à 1060 m QNH. Il n’est pas extraordinaire, mais il est régulier, ce qui me convient amplement. Au total, cette transition a duré plus d’un quart d’heure, consommant plus de 1400 m en altitude, et l’analyse de la trace GPS montrera qu’elle s’est étendue sur près de 18 km. Par rapport au terrain du décollage, qui est toujours la référence de mon altimètre, dont les indications me donnent alors une idée plus précise de ma hauteur au-dessus du sol, même si celle-ci peut varier sensiblement, je suis parti de 2110 m pour raccrocher à 690 m. J’ai donc consommé plus des deux tiers de ma hauteur de départ, pour arriver dans la tranche critique d’altitude où il faut saisir tout ce qu’on trouve pour remonter.

Il est bientôt 15h30, et je me rends compte qu’il s’est écoulé environ 1h45 depuis le moment où j’ai quitté la super pompe au nord-est de Chaumont. En ajoutant les quelques kilomètres après mon point de virage à la longueur de la première branche, j’estime avoir parcouru environ 70 km. Ma vitesse de croisière est donc très honorable (avec toutefois l’aide du vent du nord, même s’il est très faible), et me maintient en confiance pour la suite de la balade aérienne. Celle-ci est d’ailleurs très belle. Au-delà de l’aspect technique, il ne faut pas omettre de rappeler toute la poésie de la journée. Les paysages des collines, des vallées, des forêts, des champs, des villages, des châteaux, des petits cours d’eau serpentant au gré du relief, et parfois quelques buses que je croise en vol, tout cela est magnifique. Mon cheminement vers le nord-ouest va bon train. Au loin, les collines boisées s’interrompent pour laisser la place à une large vallée dorée par les champs, tandis qu’un nouveau banc de cirrus masque l’ensoleillement au sud-est de cette vallée. Impossible de  contourner la zone non convective, à moins de rentrer directement à Chaumont, je vais devoir la traverser. A nouveau, je prends le maximum de hauteur sous le dernier cumulus encore actif dans ma direction, en profitant d’ailleurs d’une petite aspiration dans le nuage en vol horizontal pour atteindre l’altitude maximale de mon circuit, en l’occurrence 2750 m QNH (en plaine, je n’ai jamais vu ça). L’euphorie est rapidement balayée, car la transition sous le banc de cirrus s’accompagne d’un taux de chute important, et malgré une vitesse adaptée pour optimiser la distance que mon aile peut parcourir, je me rends compte que si je vais pouvoir atteindre la partie ensoleillée de l’autre côté, il y a de fortes chances pour que je sois également au sol… Il faut impérativement trouver de quoi me maintenir en l’air. L’idée me vient de m’engager au-dessus de la grande forêt qui s’étend sous mes yeux jusqu’à la plaine dans ma direction. Puisqu’elle est recouverte par les cirrus et puisque la convection par échauffement direct du soleil ne fonctionne plus, il y a des chances pour qu’elle se mette à restituer sa chaleur. Il est bientôt 16h30, c’est trop tôt pour que la restitution s’installe à cette heure sous un ciel normalement dégagé. Toutefois, n’étant plus qu’à 1350 m QNH et en l’absence d’une meilleure option, il faut essayer. Restitution ou non, ça marche. En quelques bulles croisées sur mon chemin, je parviens à remonter à 2300 m QNH tout en sortant de l’ombre des cirrus sur la pointe des plumes. Mais l’affaire n’est pas gagnée car le ciel au dessus de la plaine et au-delà vers le nord-ouest reste bleu, la convection tarde à redémarrer, et les cumulus sont vraiment loin. Une grande agglomération se dessine sous mes yeux, avec un aérodrome au sud. Par méconnaissance de la région, je crois être déjà arrivé à Bar-sur-Seine, bien qu’un doute subsiste. En fait, je survole Châtillon-sur-Seine, la commune imaginée se trouvant encore à 30 km vers le  nord-ouest. Quoiqu’il en soit, je décide qu’il vaut mieux bifurquer à cet endroit en prenant la route du retour vers Chaumont. Si jamais je dois atterrir bientôt, au moins je ne serai pas très loin de la route principale.

En m’éloignant de l’agglomération, je commets l’erreur de quitter un thermique bleu, qui m’a bien remonté de 200 m, pour tenter de rejoindre vers les collines au nord-est un secteur où le contraste des couleurs entre les champs et les forêts me semble favorable à la formation d’une bonne pompe. Il y a d’ailleurs un beau nuage au-dessus qui semble confirmer mon hypothèse. Manque de pot, j’ai dû arriver à la fin du cycle car le thermique est tout mou et je dois tricoter un moment avant de retrouver un thermique honorable. Pendant ce temps, le thermique bleu a gagné en puissance car l’endroit est maintenant chapeauté par un joli cumulus. Mais je m’estime trop bas pour y retourner, et surtout, si je rate la pompe, je n’aurai plus rien pour me rattraper. Tant pis, je préfère continuer à grenouiller là où je suis, car au moins ça monte, même si c’est lent (800 m en 25 mn), et surtout parce que je guette le moment de rejoindre un bon thermique au nord-est de l’autre côté de la vallée, sur le versant bien exposé au soleil. Une fois propulsé par l’ascenseur à plus de 2250 m  QNH, la belle vie reprend son cours, et je décide d’élargir la route du retour en migrant un peu vers le nord, pour profiter encore d’un vol collé sous les gros nuages qui s’enchaînent dans cette direction et qui me tendent leurs bras. Pour le premier, l’euphorie se teinte d’un brin d’inquiétude, car ne souhaitant pas voler trop vite dans les barbules pour éviter de me faire trop secouer dans les turbulences qui se font bien sentir, je me fais aspirer dans le nuage, à tel point de ne plus voir plus le sol. Dans ce cas, il n’y a plus qu’une chose à faire, continuer à voler en ligne droite, en me disant que je vais bien finir par m’extraire rapidement de cette situation délicate. Pour les nuages suivants, un peu plus de marge avant d’atteindre le plafond me donne autant de plaisir tout en évitant les désagréments. Peu à peu, je rejoins la zone familière de Bar-sur-Aube, avec le lac de la forêt d’Orient qui se détache au nord-ouest dans le soleil descendant. Il est environ 18h45. C’est beau de contempler cette région à 2400 m QNH. Personne en vol au-dessus de la crête Sainte Germaine. Il est vrai qu’avec un vent de secteur nord, même très faible, ce n’est pas la peine. Le thermique du nuage que je visais à la hauteur de Lignol-le-Château est introuvable, je suis probablement déjà trop bas. Finalement, un thermique du soir m’enveloppe à 1180 m QNH un peu plus loin au-dessus de la petite crête boisée juste au nord du village de Rouvre-les-Vignes, et me permet de regagner tout doucement 800 m avant de s’évanouir.

Il est vraiment temps de rentrer. En plus, le vent s’est levé, et Dieu merci, il me pousse dans la bonne direction. Au nord-ouest de Chaumont, trône un gros cumulus qui ressemble à un congestus, et je me dis que si je pouvais enrouler la pompe qui l’alimente, ce serait impeccable pour rentrer au terrain (car ce n’est pas tout de viser Chaumont, il faut aussi traverser la vallée de la Marne et voler encore 5 km vers le sud-est). Tandis que je me bagarre dans un thermique trop faible au-dessus d’une forêt en ayant l’illusion de pouvoir remonter sereinement, j’aperçois un gros rideau sous le cumulus en question. Le nuage vient de lâcher toute son eau !! Heureusement que je n’étais pas en dessous. Un bel arc-en-ciel aérien est alors offert aux yeux de passage. Un ultime thermique me remonte à 800 m par rapport au terrain, qui est encore à 14 km d’après mon GPS. C’est trop juste pour espérer rentrer en sécurité. Même pour traverser la vallée de la Marne, je préfère m’abstenir, au cas où je me retrouverais trop bas de l’autre côté à devoir gérer un atterrissage dans un champ inhospitalier ou dangereux. Donc je me laisse glisser vers le dernier champ juste avant le début de l’agglomération, qui est moissonné et qui constitue une aire idéale pour l’atterrissage. Il est environ 19h45. Cette journée exceptionnelle, ce vol magnifique, ne sont que du bonheur !

Le temps de transporter mon aile vers un terrain d’herbe et ombragé de surcroît, de la replier tranquillement, de téléphoner à François qui s’inquiétait de voir mon auto toujours stationnée au terrain à 20h30, et même de téléphoner à Bruno, qui, depuis l’Espagne, voulait savoir ce que ça a donné, il fait presque nuit lorsque je me mets en route pour faire du stop. C’est au premier carrefour de la N19 dans Chaumont juste après la descente qu’un véhicule s’arrête enfin pour me prendre : un gros tracteur, qui transporte vingt tonnes de ballots de paille dans sa remorque, qui roule à 40 km/h compte tenu de son chargement, et qui rentre chez lui 80 km plus loin par la N19. Un détail amusant : comme il ne peut pas emprunter la rocade à cause d’un pont trop bas sous lequel son chargement ne peut pas passer, il est obligé de traverser le centre ville ! On se promène ainsi tranquillement, ce qui nous laisse tout le loisir de causer un peu, jusqu’à ce qu’il me laisse aux abords de Laville-aux-Bois. Encore un peu de marche, et comme mon genou commence à chauffer, un dernier véhicule sollicité dans le village me transporte jusqu’au terrain ulm. Le temps de me débarrasser et de faire un brin de toilette à l’eau de la citerne, je suis fin prêt pour admirer le feu d’artifice qui illumine toute la région. La bière de la journée sera ensuite dégustée dans un bar du centre ville qui, heureusement, ferme tard.

La suite des évènements est moins drôle, je m’y attendais un peu. Avec la courte nuit de la veille, le trajet du matin et l’énergie dépensée en vol puis à nouveau au sol, la fatigue se fait cruellement sentir. Ne souhaitant pas rester à Chaumont, j’ai décidé de rentrer au logis. Une fois mon aile récupérée, le trajet nocturne est alors ponctué de plusieurs pauses dodo interminables. Je suis finalement rendu à mon domicile le lendemain vers neuf heures… La journée du dimanche a été quelque peu léthargique. Bilan aéronautique de la journée : j’ai parcouru un quadrilatère de 192 km en 6h54 (la distance minimale entre deux points au début et à la fin du vol étant inférieure à 3 km, on considère que le circuit est fermé). Mais la CFD comptera un triangle FAI de 176 km inscrit dans le quadrilatère, car cela rapporte plus de points (40 % de la distance retenue en plus) : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20245645 . Curieusement, elle a compté que le triangle a été réalisé en seulement un peu plus de six heures, en enlevant les cinquante premières minutes, probablement pour conserver uniquement les points qui ont contribué réellement au circuit.


La région de la Haute-Marne est une région magnifique et constitue un terrain de jeu immense pour aller voler. Dixit Gérard : « il doit y avoir plus de sangliers que d’être humains... une région sauvage oubliée à redécouvrir, et si c’est en vol, bingo ! »

Frédéric

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