vendredi 6 juillet 2018

Triangle FAI et initiation remorqué à Egry

Ce vendredi 6 juillet, Michel, malgré son départ en vacances imminent, accepte de nous remorquer à Egry, moi, Benoit, débutant fort de mes 6 remorqués de l'année dernière à Saint Benoit sur Loire, et Frédéric, membre du dernier carré de la coupe de distance FFVL en rigide.

J'ai sorti mon Titan de son emballage, de retour de révision. Il se trouve en configuration motorisation auxiliaire, avec son extension de quille, il s'avère que le remettre en configuration "vol libre" avec une quille plus courte peut me prendre beaucoup de temps. Bon cela me servira d'excuse pour mes atterrissages perfectibles


Après les explications d'usages, Michel réalisera les 5 remorqués (4 pour moi, je suis le grand gagnant.. un seul pour Frédéric)

A ce point du récit, il faut donner une explication sur le largueur, une très belle fabrication de "Louis Aviation", il ne servira pratiquement pas. Je suis en effet au top pour faire casser les fusibles sur mes 4 vols, à des altitudes variant entre 40 m et 380 m. Mais mon expertise en la matière me permet de craquer le double fusible du remorqueur, me trouvant ainsi avec la ligne au bout de mon largueur en sortie de décollage. A cette occasion je dois utiliser mon largueur et je rejoins la petite confrérie des pilotes auxquelles cette mésaventure est arrivée (pour moi sans encombre sauf de fouiner autour d'un champ de betteraves pour retrouver la ligne).


Frédéric a décollé et est parti pour effectuer un triangle. Pour meubler l'attente de conditions plus calmes, Michel me propose de faire un tour en ULM et de monter aux nuages. Je raterai la photo du halo créé par le soleil sur le flanc du nuage, en revanche je serai étonné par les pieds nus sur la roue avant du pendulaire alors que la température à 2200 m avoisine les 8°C

Après avoir décollé vers 13h15, Frédéric rentre au terrain vers 18h45, bien content de son périple dont il vous livre le récit ci dessous.

Et il se fait la réflexion que ce sera chouette d'avoir pour une fois une récupération très simplifiée, tout en pensant que la finalisation du triangle est une bonne nouvelle aussi bien pour son équipier que pour lui compte tenu de la localisation de ses clefs de voitures qui elles aussi on fait le triangle.

On fêtera dignement la réussite de la journée à une très sympathique pizzeria sur le chemin du retour, cette journée étant de plus marquée par 2 évènements : la victoire des bleus en demi finale (que nous apprendrons tardivement et avec un détachement très aérien), et l'anniversaire... du président du club


voici la vidéo d'une partie de nos exploits



Et bien sûr le récit de vol de Frédéric se trouve ci-dessous

BdlB + FL

Début juillet 2018. Les belles journées pour aller voler se succèdent régulièrement. Au cours d’une conversation téléphonique avec le président de mon club de vol libre, qui se prénomme Benoît pour les non initiés, il m’annonce qu’il est disponible et motivé pour aller pratiquer à nouveau le décollage en remorqué en delta, et qu’il aimerait cette fois tester l’ulm d’Egry, qui est un peu plus lent que celui de la commune du Saint de son prénom. Sachant que l’initiation de Benoît au décollage en remorqué remonte à une quinzaine de mois auparavant et qu’il ne l’a pas pratiqué depuis, je me réjouis de son initiative, en considérant que l’occasion est presque inespérée et qu’il faut la saisir maintenant vu le nombre de refus à mes diverses propositions au cours de ces quinze derniers mois pour renouveler l’exercice. Deux belles journées sans vent et avec cumulus vers 1500 m se profilent pour le vendredi 6 et le samedi 7 juillet. Notre pilote remorqueur Michel M partant en vacances le samedi, nous convenons du vendredi 6, ce qui oblige Benoît à rentrer une journée plus tôt de sa villégiature normande, mais il le fera avec allégresse, car ce vendredi est aussi son anniversaire et il convient de fêter ses 67 printemps d’une façon originale !.

Pour permettre à notre candidat de reprendre ses marques dans une atmosphère pas trop turbulente, le rendez-vous au terrain est fixé vers 11 heures, ce qui nous évitera de nous lever aux aurores tout en laissant à Benoît le temps de venir à bout, non sans angoisse et énervement, de la circulation très dense entre son domicile à Meudon et le mien à Brétigny. Nous continuons le trajet ensemble dans mon auto avec nos ailes sur le toit, ce qui laisse tout le loisir à mon passager de se remettre de ses émotions. Au terrain, le soleil s’active pour faire naître les premiers cumulus, tandis que nous nous activons pour monter nos ailes. Première difficulté pour Benoît : il s’aperçoit que son aile, qu’il a récupérée de révision sans avoir pris la peine de la monter au moins une fois avant d’aller voler, n’est pas adaptée pour la configuration en libre, mais seulement pour celle avec une motorisation auxiliaire. Un problème d’attache des câbles inférieurs arrière sur la quille, qui serait la conséquence d’une mauvaise communication avec le réparateur. Benoît est donc contraint de monter son aile dans la seconde configuration, avec une extension de quille, et en fixant avec du scotch l’extrémité de la quille dans le manchon de l’extension. Ce montage me paraît original mais aussi quelque peu aventureux. Benoît osera d’ailleurs, en vain, utiliser l’argument de la longueur de la quille devenue excessive pour justifier ses atterrissages rocambolesques ! Pour l’heure, il est enfin prêt à décoller, mais pour ce qui est de bénéficier d’une atmosphère encore relativement calme, c’est raté. Qu’à cela ne tienne, il s’élance derrière l’ulm, mais il tarde à lâcher le chariot, et quand il s’en libère, son aile monte en flèche et le fusible casse immédiatement. Dommage, ce fut bref. Comme il est trop bas pour effectuer une prise de terrain normale, tout en souhaitant revenir au terrain pour s’épargner une marche forcée dans les champs en portant son aile avant de redécoller, il prépare un atterrissage par vent arrière (le vent météo souffle très légèrement du nord), qui se termine par une magnifique chandelle suivie d’un superbe plongeon de Benoît sur le sol comme si une bombe allait exploser ! Les montants de l’aile ont tenu bon, et Benoît aussi. Second essai. Le décollage est bien, Benoît a libéré le chariot plus tôt et il suit l’ulm à la bonne hauteur, c’est tout bon… jusque vers la hauteur de 380 m, où son aile a apparemment croisé un puissant thermique qui l’a propulsée bien au-dessus de l’ulm, entraînant à nouveau la rupture du fusible, et mettant en évidence un problème d’anticipation du contrôle du tangage. Pour y remédier, il lui faudra pratiquer, toujours pratiquer, et encore pratiquer. Pour son atterrissage, face au vent, Benoît a choisi de le faire… sur le gésier ! Tous ces moments burlesques ont été immortalisés dans la vidéo ci-dessus. Plus sérieusement, je suis surpris de constater la facilité avec laquelle le fusible a cassé, alors que, vu du sol, Benoît ne semblait pas tellement au-dessus de la trajectoire « idéale » derrière l’ulm. J’en déduis que son aile doit déjà imposer une traînée relativement importante en remorqué, ce qui diminue la marge de manoeuvre avant la limite de rupture du fusible, ce qui réduit malheureusement d’autant les écarts de trajectoire. En tout cas, Benoît semble devenir expert dans la rupture des fusibles, et comme Michel en a un nombre limité, ce serait idiot de ne plus pouvoir décoller à cause d’une pénurie de bouts de ficelle. En plus, les nuages là-haut deviennent bien attrayants.

Bon, mon tour est venu de prendre l’air. Il est environ 13h10 quand je décolle. Benoît effectuera après deux autres tentatives, qui se solderont à nouveau par deux ruptures de fusible. A ceci près que la dernière a été du côté de l’ulm en sortie de décollage, inaugurant l’entrée de Benoît dans le cercle restreint des pilotes encore en vie qui se sont retrouvés avec la ligne de remorquage qui pend sous la barre de contrôle. Fort heureusement, son largueur a bien fonctionné pour libérer la ligne. La seule encombre de cette mésaventure sera d’aller fouiner dans un champ de betteraves pour la retrouver. Pour donner à Benoît une idée plus étendue du paysage dans la région, Michel l’emmènera faire un tour en ulm. Ils iront jouer avec les nuages, dont la base est à 1800 m sol dans l’après-midi.

Pendant ce temps, je me balade en l’air sur la campagne. Largué vers 850 m sol, la pompe que je croyais très puissante d’après les indications de mon vario est finalement un leurre, qui pourrait s’expliquer par un vol en mode « cerf volant » de mon aile tirée par l’ulm dans un environnement assez turbulent. Je récupère un vrai thermique 150 m plus bas sous un gros nuage un peu plus vers le sud. La pompe n’est pas extraordinaire mais elle est régulière. Je la quitte néanmoins quand elle devient stagnante pour en trouver une autre encore plus loin vers le sud. Peu à peu, j’atteins la base des nuages à 1500 m au sud-est de Beaune-la-Rolande. Que faire ensuite ? Rester en local ou tenter un circuit ? Avec Benoît, nous n’avons rien convenu. Il peut m’attendre au terrain comme il pourrait repartir avec Michel, me laissant son aile à ramener (ce que je comprendrais fort bien). Devant tous ces cumulus qui me tendent les bras, les questions et les incertitudes sont vite balayées. Priorité au vol ! Sachant que la masse d’air est assez homogène pour la journée, avec toutefois des conditions meilleures vers l’ouest au-dessus de la Beauce et moins bonnes vers la Seine-et-Marne, je décide d’essayer d’agrandir le triangle que j’ai réalisé plusieurs fois : un premier point de virage au sud vers Lorris, un second au nord-ouest de Pithiviers, et le troisième à l’est de Nemours. Voilà l’objectif de la journée ! C’est parti pour une première série de transitions-cumulus vers la forêt d’Orléans au sud. Comme d’habitude, l’aérologie au-dessus de Lorris est médiocre. Je passe un bon quart d’heure à tricoter entre 900 m et 1050 m au sud de l’agglomération pour essayer de remonter. A la faveur d’un nouveau cycle, je réussis à atteindre 1200 m sol. Tant pis si je n’atteins pas le plafond, il faut quitter le secteur si je ne veux pas y moisir tout l’après midi. Peu à peu, j’avance vers le nord-ouest en longeant les abords de la forêt, dont les paysages sont au demeurant fort jolis, sans réussir à dépasser 1300 m sol. La vitesse de croisière n’est pas bien élevée, et l’objectif de la journée commence à me paraître un tantinet ambitieux.

A l’ouest de Bellegarde, le thermique que je visais sous un beau nuage est introuvable. C’est le moment de jouer à quitte ou double, en l’occurrence sacrifier une partie de mon altitude pour atteindre un peu plus loin une zone ensoleillée qui n’est pas dans l’ombre des nuages, avec une petite forêt au sud et des champs moissonnés au nord, en espérant que les contrastes thermiques seront à l’œuvre pour créer la pompe salvatrice qui me sortira de ce mauvais pas. Si ça rate, j’ai de quoi atterrir juste en dessous, et mon vol sera terminé pour la journée. Après un point bas à 450 m sol, j’enroule un petit zéro positif, qui se transforme en un bon 1,5 m/s intégrés, pour finir en 2 m/s jusqu’à la base du nuage. Bingo !

Ma route vers Pithiviers reprend alors son cours. Arrivé au-dessus de la Beauce, je constate avec ravissement que les conditions aérologiques sont encore meilleures : les thermiques vont jusqu’à 3 m/s intégrés, et les plafonds s’élèvent à 1800 m sol. C’est l’euphorie ! Somme toute, les conditions sont conformes à celles annoncées sur le site topmétéo. Ma vitesse de croisière reprend à nouveau des valeurs acceptables pour tenter un grand triangle. Au nord-ouest de Pithiviers, je décide de l’élargir un peu plus vers l’ouest, en allant virer carrément au-dessus d’Angerville. L’enchaînement des thermiques généreux et des longues transitions est tout simplement royal. Les plafonds ont dû monter encore, mais je me limite à un peu plus de 1800 m sol pour éviter de pénétrer dans la TMA Paris 7 à 6500 ft QNH (c’est-à-dire jusqu’à 1800 m dans le thermique plus la sortie sous le nuage où ça continue encore à monter même en ligne droite). Vers l’est, les nuages se font plus rares. Après une remontée au plafond au sud-est de Sermaises, on voit que le nuage suivant dans la direction de Nemours est quand même loin, entre Malherbes et Puiseaux, et que je dois me lancer dans une transition encore plus longue (14 km d’après la trace GPS) pour atteindre la zone où des thermiques sont à l’œuvre. Mais il faut l’atteindre rapidement, sous peine d’arriver en fin de cycle, donc je vole à 80 km/h en moyenne, en consommant environ 1100 m jusqu’à la prochaine station service. Une fois à l’est de la rivière, qui n’est autre que l’Essonne, j’enroule à 700 m sol une pompouillette qui semble avoir pris sa source au sud d’une zone de champs et de bosquets carrés. Le vent du nord s’est un peu renforcé dans le secteur et la dérive est sensible. La remontée est lente, entre 20 mn et 25 mn pour dépasser les 1800 m sol. Après quelques minutes d’hésitation en transition vers Nemours, je me rends compte qu’il n’est pas raisonnable de chercher à survoler la ville en ligne directe, car il n’y a tout simplement plus de nuage au-dessus de l’agglomération, le ciel est bleu, même au dessus de la grande forêt au sud-est. C’est quand même singulier.

En attendant de mieux comprendre ce qui se passe du point de vue aérologique, je bifurque vers le nord où un thermique me rehausse dans le secteur de Larchant. Mais ce devait être la fin du cycle car j’ai beau tricoter pendant dix minutes sous le nuage, impossible de dépasser 1600 m sol. Néanmoins, ce délai m’a permis d’observer ce qui se passe à l’est du Loing, et ce n’est pas réjouissant. Le seul cumulus que je pourrais tenter d’atteindre est un nuage au-dessus de la forêt au sud-est de la ville qui fait le yoyo en se formant et en se désagrégeant aussitôt, bizarre ! Le cumulus suivant, le seul qui soit décent en allant vers l’est, est vraiment loin. D’une part, je ne suis pas certain de pouvoir l’atteindre, et si je tente, il est clair que je ne pourrai pas rentrer au terrain, car les cumulus deviennent rares entre Nemours et la forêt d’Orléans, et la finesse de mon aile n’est pas celle d’un planeur. Il est 18 heures passé, et je pense à Benoît. Est-ce qu’il m’attend au terrain ou est-il reparti avec Michel ? Dans le premier cas, ce serait quand même plus sympa pour lui si je reviens au terrain, ou si je me pose pas très loin. Car il faut préciser un détail qui n’a finalement pas eu de conséquence fâcheuse : après avoir garé ma voiture à côté du hangar, j’actionne toujours la fermeture centralisée, et je garde toujours la clé avec moi. C’est un  réflexe, sachant que lorsque je récupère mon auto le soir ou le lendemain, en général, il n’y a plus personne dans les parages. Le hic est que je ne l’ai pas dit à Benoît avant de décoller, et dans le feu de nos activités sur la piste, cela m’a échappé. Donc si j’atterris loin du terrain, il ne peut pas venir me chercher, car il n’a pas la clé du véhicule. De toute façon, la fin de la journée est proche, il est donc plus sage de renoncer à m’aventurer à l’est du Loing, et de me rapprocher du terrain au maximum. Ce n’est pas gagné, car dans mes hésitations, une fois prise la décision de rentrer, je ne suis plus qu’à 1400 m sol alors qu’il me reste 23 km à parcourir d’après mon GPS, et que le ciel est bleu vers le sud-sud-ouest. Un ultime thermique du soir enroulé à mi chemin non loin des éoliennes me remonte joyeusement à 1400 m sol et me permet de survoler Egry à une hauteur très confortable. Le tour est joué !

Comme je m’y attendais, les environs sont déserts, ce qui me laisse fort à penser que Benoît est bien reparti avec Michel, sauf que je ne vois pas son aile sur le toit de ma voiture. Et puis j’aperçois un petit point orange qui s’agite au milieu de la piste… c’est bien Benoît, qui m’a attendu tout l’après-midi tranquillement allongé dans l’herbe ! Dernier acte du vol, l’atterrissage, et comprenant que je suis dans la ligne de mire de la caméra de Benoît, je me dis que j’ai intérêt à fignoler mon retour sur le plancher des vaches, ne serait-ce que pour faire honneur aux membres du club, dont certains sont très curieux de voir comment je m’y prends. Pas un brin de vent, mon aile en finale avance vite par rapport au sol, et je vais devoir pédaler. Naturellement, au moment du poussé final, une petite bouffe vient déstabiliser mon aile par la droite, mais je la récupère en pédalant sur quelques pas supplémentaires.

Et voilà ! J’ai volé 5h22 et parcouru un triangle FAI de 154 km (Egry – Lorris, 3 km au sud – Angerville – Larchant – Egry) et la trace de mon vol est visible à l’adresse : https://delta.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20244660


Après un accueil chaleureux, Benoît me fait bien comprendre qu’il aurait bien aimé disposer de la clé de mon auto, ne serait-ce que pour accéder à son repas qui est resté dedans. Je la lui donne volontiers, mais en le voyant revenir à pied, il me dit qu’il n’a pas réussi à démarrer le moteur ! Comme quoi, mon auto n’obéit qu’à son maître ! En attendant de voir mon aile repliée, et cela prend du temps compte tenu de la fatigue et de la chaleur ambiante qui n’arrange rien, Benoît s’installe à nouveau confortablement dans l’herbe, tout heureux de pouvoir enfin planter ses crocs dans son casse-croûte du midi ! Pour terminer en beauté cette belle journée, nous nous arrêtons le soir dans un kiosque à pizza à la sortie sud de Pithiviers, où nous dégustons une bonne bière fraîche et une bonne pizza au grand air, en célébrant pêle-mêle nos vols et nos anniversaires !

Frédéric

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